Trois congés pédagogiques ajoutés qui ne font pas le bonheur de tous

À la suite de l’annonce du gouvernement du Québec concernant l’ajout de trois journées de formation et de planification pour l’année scolaire 2020-2021, le Syndicat du soutien scolaire des Bois-Francs a voulu dénoncer cette charge supplémentaire de travail sur les épaules d’employés déjà surtaxés.

Dans la région, ces trois journées impacteront près de 150 personnes qui œuvrent dans les écoles. «En pédagogique, avec la distanciation sociale et les bulles classes, gérer près de 200 élèves pendant près de dix heures, c’est quand même quelque chose», a noté d’entrée de jeu Karine Bolduc, présidente du Syndicat du soutien scolaire des Bois-Francs.

Le syndicat déplore notamment le manque de reconnaissance de la part des instances gouvernementales à leur égard, et ce, depuis les premiers jours de la pandémie. «Depuis le début de la pandémie, le gouvernement exigeait que les services de garde soient ouverts pour les personnes qui travaillaient dans les services essentiels. Notre personnel de soutien n’a eu aucune reconnaissance. Nous avons été au front comme les services de santé, à différents niveaux bien sûr. Le gouvernement n’a aucune reconnaissance envers nous.»

Rappelons qu’avec cette modification au Régime pédagogique, l’objectif annoncé est l’enrichissement professionnel des équipes-écoles et le perfectionnement des nouveaux modes d’enseignement.

Un personnel de soutien à bout de ressources

Lors de ces trois journées, le service de garde sera offert gratuitement aux enfants d’âge préscolaire et primaire qui sont habituellement inscrits. Pour les autres, le tarif habituel devrait s’appliquer. Cela amène cependant des répercussions chez le service de garde qui n’avait pas prévu l’ajout de ces trois journées pédagogiques supplémentaires lors de l’élaboration de son calendrier. «Le service de garde est comme une petite entreprise dans les écoles. Ils sont indépendants. Ils gèrent leur propre budget. Les élèves qui n’auront pas à payer, ça va demander un surplus de personnel à cause des groupes-classes. Ce n’est pas prévu dans les horaires des gens. […] Nous sommes en pénurie de personnel depuis plusieurs années et là, nous devons essayer de trouver des personnes pour venir travailler, mais qui n’ont pas la formation de base. Nous n’avons pas les moyens de les former sur place avec la surcharge de travail qui est déjà là. C’est un casse-tête très lourd», a soutenu Josée Morin, vice-présidente du syndicat.

Selon mesdames Bolduc et Morin, le public comprend difficilement tous les efforts déployés par le personnel de soutien dans les commissions scolaires. «Je sais que tout le monde doit s’adapter, mais le gouvernement en rajoute chaque semaine. Il y a toujours des changements. Nous sommes professionnels et nous faisons ce que nous avons à faire, mais nous sommes en pénurie de main-d’œuvre. Nous ne pouvons pas avoir une école sans concierge, car il faut qu’il y ait une désinfection chaque jour. C’est la même chose pour le service de garde. Ça devient ingérable, car les mesures sanitaires sont élevées», a soutenu Mme Bolduc.

Respect des conventions

Dans un courriel envoyé aux membres de la presse, la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), qui compte 30 000 membres, a demandé à ses membres de respecter les conventions collectives à la lettre. En théorie, l’idée est empreinte de logique, mais en pratique, c’est une autre histoire assure la présidente du syndicat des Bois-Francs. «Nous disons à nos membres de prendre leur pause, de prendre soin d’eux, mais dans le quotidien, c’est pratiquement impossible. Avec les classes-bulles, ça demande plus de surveillance.»

Par ailleurs, les syndiqués devront bientôt renouveller leur convention collective. Les syndiqués tenteront d’amener des solutions afin de diminuer la surcharge de travail. Les négociations entourant ce renouvellement sont cependant au point mort. «Ça fait plusieurs années que nous préparons le renouvellement de notre convention collective. Nous avons proposé à l’employeur des solutions pour nos surcharges de travail. Avec la pandémie, nous avions demandé au gouvernement de mettre ça sur la glace pour nous concentrer sur ça, mais le gouvernement nous a forcés à négocier pour juin. Ça ne s’est finalement pas concrétisé. Nous sommes cependant au point mort dans les négociations en ce moment. Le personnel de soutien ne se fait pas entendre.»