Les Mères au front invitent les élus à faire preuve de «courage politique»

À Victoriaville, cinq mères et grands-mères du mouvement pancanadien Mères au front, accompagnées d’une enfant, ont tenu, mercredi, une «vigile pour la suite du monde», devant le bureau du député de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes, sur la rue de la Gare. Ces mères réclament des gestes concrets pour lutter contre la crise climatique et écologique.

Cette action, et ce n’est pas le fruit du hasard, survient un an jour pour jour après la réélection du premier ministre Justin Trudeau.

Mais ces mères ont aussi interpellé les conservateurs. «On demande aux députés conservateurs de sortir de toute partisanerie quand il est question d’environnement afin d’assurer une relance juste et verte. Tout le monde doit aller dans la même direction», a confié la Plessisvilloise Johanne Saucier, instigatrice du mouvement dans la région des Bois-Francs et de L’Érable.

En l’absence du député Rayes retenu à Ottawa, une carte a été remise au responsable du bureau de circonscription, Alexandre Mailhot. «C’est une carte d’anniversaire en lien avec la réélection de Justin. On leur souhaite d’avoir le courage politique pour réaliser plus d’actions concrètes. On leur fait part d’idées concrètes pour sortir des énergies fossiles et pour qu’on puisse passer à l’action dès maintenant», a indiqué Mme Saucier.

Au bureau d’Alain Rayes, l’attaché de presse Benoît Plamondon a rappelé que le député, qui se montre très réceptif à ce mouvement, avait rencontré les mères au mois d’août.

Le premier ministre interpellé

Une «vigile pour la suite du monde», devant le bureau victoriavillois du député Alain Rayes (Photo www.lanouvelle.net)

«Ici, devant le bureau d’Alain Rayes, nous sommes rassemblées quelques mères et grands-mères, alliées au front, en vigile pour la suite du monde. Nous sommes ici pour dire que l’avenir de nos enfants est un deuil qu’on ne veut pas faire», ont lancé, d’entrée de jeu, ces Mères au front, Rosemary Gagné d’Inverness avec la toute jeune Zéphir Gagné, 7 ans, Jacinte Pouliot de Saint-Adrien, Johanne Saucier de Plessisville, Julie-Ève Proulx de Victoriaville et Hélène Gagnon de Ham-Sud.

Ces femmes avaient un message pour Justin Trudeau au pouvoir depuis cinq ans. «En cinq ans, qu’avez-vous fait, M. Trudeau, pour protéger l’avenir de nos enfants?», ont-elles questionné.

Certes, elles reconnaissent que le gouvernement a notamment taxé le carbone, investi dans le transport en commun et dans certaines infrastructures vertes, en plus d’une révision de certains processus d’évaluation environnementale, d’avoir fait une plus grande place aux scientifiques, d’avoir planté une partie des arbres promis et d’avoir interdit certains plastiques à usage unique.

Mais il y a beaucoup plus à faire, ont-elles plaidé. Les actions mises en place ne suffisent pas. «C’est insuffisant pour protéger la vie sur Terre telle qu’on la connaît, insuffisant pour protéger l’avenir de nos enfants. Il faut des gestes forts, beaucoup plus forts. C’est le premier devoir d’un gouvernement de protéger la santé et la sécurité de sa population contre une menace dont il connaît la gravité. C’est le cas des changements climatiques», ont exprimé les Mères au front.

«Les priorités doivent changer», ont-elles lancé pour faire face à la menace très sérieuse. «La biodiversité s’érode au point de nous faire entrer dans la sixième crise d’extinction des espèces… En détruisant les bases de la vie sur Terre, nous détruisons notre avenir», ont-elles fait valoir.

La situation exige que «tous nos choix passent le crible de leurs impacts sur notre santé humaine et celles des écosystèmes».

Le courage politique qu’elles réclament passe notamment, selon elles, par la réduction des gaz à effet de serre, la fin des énergies fossiles, l’arrêt immédiat du projet d’oléoduc Trans Mountain.

Les Mères au Front, pour relancer l’économie, invitent à investir dans «une transition écologique équitable», prônant l’adoption de mesures permettant de répondre aux besoins humains dans le respect des écosystèmes. «Donnons-nous les moyens de réduire la taille de notre empreinte écologique et de créer une richesse sociale. Les plus grandes richesses naturelles du Canada ne sont pas son pétrole, son gaz, ni son charbon, ont-elles soutenu. Ce sont nos compétences, nos connaissances extraordinaires et surtout notre capacité à innover et à coopérer solidairement comme peu de pays dans le monde. Ce sont là nos forces. M. Trudeau, mettons-les au service du bien commun et utilisons-les pour protéger l’avenir des enfants sur Terre.»

Les Mères au front estiment enfin que l’actuelle pandémie devrait susciter une prise de conscience. «Comme bien des crises, celle-ci est une occasion de se réinventer, de revoir nos priorités et de réfléchir à ce qui compte vraiment», ont-elles dit, invitant le premier ministre à «protéger la suite du monde pendant que le climat est encore vivable sur notre petite planète bleue».

«Pendant que la vie foisonne encore en nous et autour de nous, nous vous demandons d’avoir le courage d’imposer ce qui doit l’être. Il faut que la vie gagne. Ensemble, pour la suite du monde», ont-elles conclu à l’unisson.

En après-midi, les Mères au front allaient tenir leur vigile à Plessisville au bureau du député Luc Berthold.