Une carrière chamboulée par la pandémie

Il est encore difficile de mesurer les impacts exacts que la pandémie de la COVID-19 aura sur le monde du hockey. Ce qui est sur cependant, c’est que des carrières en seront bouleversées. À ce chapitre, on retrouve le nom de l’ancien attaquant des Tigres de Victoriaville Philippe Hudon, lui qui a pris la décision de mettre un terme à son aventure professionnelle. 

Lors de la dernière campagne, le natif de Hudson avait notamment partagé son temps entre les Everblades de la Floride, les Admirals de Norfolk et les Cyclones de Cincinnati dans la Ligue de la Côte-Est. L’année précédente, après avoir terminé son parcours universitaire, il s’était joint à ces mêmes Everblades, ce qui lui avait permis d’obtenir un essai avec le Rocket de Laval, club-école du Canadien de Montréal. Au terme de cette saison, il n’avait toutefois pas été en mesure de décrocher un contrat dans la Ligue américaine de hockey (LAH), ce qui l’a forcé à retourner au sein de la Ligue de la Côte-Est en 2019-2020.

Le hockeyeur de 27 ans, sachant qu’il prenait de l’âge pour un joueur de hockey, avait cependant commencé à penser à son après-carrière avant même que l’actuelle pandémie soit quelque chose de concret. Plongé dans l’incertitude face à la suite de sa carrière et sachant qu’il y a une vie après le hockey, Hudon confie avoir été ramené sur terre. «Ça a été lourd sur le moral. Je voyais ce que c’était dans ces ligues. C’est plus ou moins la LAH. Tu es pratiquement un pion dans la Ligue de la Côte Est. Ça n’a pas été facile. J’ai gardé une certaine résilience. […] Quand la pandémie est venue brouiller les cartes, j’étais rendu à Cincinnati, une superbe ville dans un environnement où je voulais jouer. En revenant à la maison, ça m’a permis de mettre les choses en perspective», a expliqué l’ailier droit de 6’01’’ et 205 livres.

Avec l’idée de cette après-carrière qui prenait forme, les trois changements de ville et la pandémie qui est venue frapper en fin de saison, Hudon s’est rendu à l’évidence que le monde du hockey professionnel n’était plus pour lui. Il nourrit cependant quelques regrets par rapport à la façon dont ce chapitre s’est terminé. «Oui, je suis encore en santé. Oui, je n’ai pas eu la chance de terminer ma carrière professionnelle comme je l’aurais souhaité, soit en gagnant. Ce qui me fait mal au cœur, c’est que je n’ai pas eu la chance de faire mon deuil, de profiter pleinement de ces derniers matchs comme je l’aurais voulu.»

Hudon sait qu’il aurait pu continuer de rouler sa bosse dans la Ligue de la Côte Est, mais la perspective de commencer le second volet de sa vie dans un domaine qui l’intéresse était devenue le choix logique. «Je peux confortablement commencer ma vie.  L’an dernier, je me sentais toujours dans cette zone grise où je me demandais ce qui allait se passer. Il y avait un aspect d’instabilité que je n’aimais pas nécessairement. La pandémie m’a donc permis de prendre un pas de recul pour mesurer le pour et le contre afin de poursuivre ou non une telle carrière.»

Heureux d’avoir fait ses études

Après un bref passage dans la Ligue de la Côte Est à sa sortie des rangs juniors, Hudon s’est dirigé vers l’Université Concordia afin de s’aligner avec les Stingers et d’amorcer ses études en commerce (finance et management). Après un parcours de quatre ans là-bas, il est en voie de compléter son baccalauréat cette année, ce qui lui permet d’occuper son emploi chez Canderel dans le secteur de l’immobilier commercial. Avec ce qu’il sait aujourd’hui, il se félicite d’avoir opté pour la route du hockey universitaire, ce qui lui permet de facilement faire la transition entre le hockey professionnel et sa seconde carrière. «C’est un peu comme changer mes patins pour un ordinateur. Je suis très heureux d’avoir pris la décision d’aller jouer dans les rangs universitaires, mais aussi d’avoir continué de bûcher pour voir si je pouvais atteindre quelque chose chez les professionnels. Je m’estime chanceux d’avoir pris cette décision. Il n’y a pas beaucoup de joueurs de hockey qui peuvent dire qu’ils ont un baccalauréat qui va leur permettre de commencer une carrière ailleurs. Nous savons pourtant que de jouer au hockey n’est pas pour le reste de nos jours.»

Fier de sa carrière

Choix de 5e tour des Red Wings de Détroit en 2011, l’ancien attaquant des Tigres, lorsqu’amené à poser un regard sur ce qu’il a vécu dans le monde du hockey, ne peut s’empêcher d’être fier de ce qu’il a accompli. «Oui, j’ai toujours voulu être un champion et je n’ai pas pu terminer comme je le voulais. En rétrospective par contre, je regarde ça et je vois que j’ai représenté le Canada au Défi mondial des moins de 17 ans, j’ai été repêché par Détroit, j’ai joué junior majeur puis quatre ans au niveau universitaire et j’ai tenté ma chance chez les professionnels. Je suis quand même fier de ce que j’ai fait. J’ai tellement vécu de choses que je vais pouvoir raconter à mes futurs enfants.»

Bien qu’il ait mis une croix sur le monde des professionnels, Hudon concède qu’il trouve difficile de ne pas pouvoir jouer au hockey en ce temps de pandémie. Pour combler ce besoin, il lorgne vers la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH), si la saison peut reprendre, où ses droits appartiennent au Cool FM de Saint-Georges. Il leur a déjà signifié son intérêt. «Je veux profiter du fait d’avoir une telle ligue au Québec afin de pouvoir continuer de jouer au hockey sans que ce soit ma carrière. Je veux continuer de jouer au hockey tant que je serai en santé. Je veux cependant me concentrer sur ce qui va créer de la valeur pour les années à venir. Le fait de jouer au hockey m’apportera toujours quelque chose de spécial cependant. J’envisage donc de continuer à jouer.»