Labo clandestin : la prison pour les deux accusés

Arrêtés au début de novembre 2017 relativement au démantèlement d’un laboratoire de drogue de synthèse dans le 10e rang de Saint-Valère, Éric Lemire et André Remy ont réglé leurs dossiers, vendredi midi, et devront purger deux ans moins un jour de prison.

Les deux accusés ont chacun reconnu leur culpabilité aux trois mêmes chefs d’accusation : possession de méthamphétamine en vue de trafic, possession d’amphétamine (MDMA) à des fins de trafic et recel d’argent de plus de 5000 $ (possession d’une somme d’argent sachant qu’elle provenait directement ou indirectement de la perpétration d’un acte criminel au Canada).

Éric Lemire (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

En début d’audience, la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Ann Marie Prince, a exposé brièvement les faits qui remontent au 2 novembre 2017.

Tout a commencé par l’exécution d’un mandat de perquisition qui visait une serre de cannabis. Or, une surprise attendait les policiers ce jour-là. «Ils ont plutôt découvert un laboratoire de drogue de synthèse aménagé dans une ancienne porcherie. Éric Lemire s’y trouvait lorsque les policiers sont arrivés», a relaté Me Prince.

Ce bâtiment et la résidence appartiennent à André Remy. Le laboratoire contenait notamment des réacteurs, des brûleurs et de nombreux produits chimiques. «Pas moins de 256 échantillons ont été analysés», a fait savoir la représentante du ministère public.

Comme produits finis, les policiers ont saisi 3,5 kg d’amphétamine et près de 5,5 kg de méthamphétamine en poudre.

Les policiers avaient également saisi un montant de 13 545 $ à Éric Lemire et 35 808 $ à André Remy.

Ce dossier fort complexe, a fait valoir la procureure, a mené à de nombreuses discussions avec les avocats des accusés. «L’enquête préliminaire a permis de constater des faiblesses et des forces», a confié Me Prince, de sorte que le ministère public a abandonné les chefs d’accusation de production de stupéfiants.

Les échanges entre les procureurs ont ainsi mené aux plaidoyers de culpabilité, ce qui permet d’éviter un long procès devant jury. «Vu la complexité du dossier et les aspects très techniques en raison de la nature des produits, ça aurait été un procès de longue durée», a-t-elle fait valoir.

Une suggestion commune

En tenant compte de tous les aspects du dossier, les parties ont présenté au juge Bruno Langelier de la Cour du Québec une suggestion commune, à savoir une période d’emprisonnement de 30 mois à laquelle on retranche une détention provisoire équivalente à 6 mois et 1 jour. «Les accusés ont purgé 45 jours de détention provisoire, mais ils ont été astreints à des conditions de remise en liberté très contraignantes, devant toujours être surveillés électroniquement par le port d’un bracelet à une cheville», a souligné Me Ann Marie Prince.

André Remy (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

À cela, Me Michel Lebrun, représentant Éric Lemire, a expliqué qu’il s’agissait d’une expérience peu banale qui finit par blesser ou causer de l’irritation. «C’est un lourd fardeau à porter», a-t-il noté.

La suggestion proposée comprend aussi une période de probation de trois ans au cours de laquelle les deux hommes ne pourront communiquer entre eux, ainsi que des dons à des organismes.

Ainsi, Éric Lemire est condamné à verser, dans un délai de 24 mois, un montant de 3000 $ réparti à parts égales entre Homme alternative, Répit Jeunesse et Action toxicomanie Bois-Francs.

André Remy, pour sa part, devra faire don de 1000 $ à la Maison de thérapie Victoriaville-Arthabaska.

Il leur sera interdit, par ailleurs, de posséder des armes pour une période de 10 ans.

Ils pourront récupérer aussi la moitié des sommes saisies par les policiers, l’autre moitié étant confisquée au profit du Procureur général du Québec.

Le juge Bruno Langelier n’a pas hésité à entériner la suggestion des parties, la qualifiant de raisonnable et de justifiée. «Les accusés ont démontré un respect des conditions. Leur réhabilitation apparaît convaincante. Mais il y a un dû envers la société. Le trafic de drogue de synthèse cause un tort considérable, c’est un mal très sérieux pour la société qui nécessite, enseignent les tribunaux supérieurs, des peines favorisant la dénonciation et la dissuasion», a conclu le magistrat.