Une nouvelle pause au Carré 150

Puisque Victoriaville bascule en zone rouge vendredi, le Carré 150 se doit d’interrompre la programmation des deux prochaines semaines.

La directrice générale et artistique de l’endroit, Roxanne Genest, a expliqué qu’il ne fallait pas prendre cette interruption personnellement, même si ça peut être déconcertant. «On ne pensait jamais qu’on vivrait ça», a-t-elle débuté.

Mais depuis les derniers mois, l’industrie du spectacle est malmenée par la pandémie et doit constamment annuler ou reporter les représentations, en plus d’avoir instauré des normes sanitaires. Cette fois encore, il faut complètement cesser les opérations alors que le Carré 150 était sur une belle lancée. «Mais on garde le cap sur le 28 octobre pour la reprise», ajoute Roxanne.

En effet, quelques spectacles et le Ciné-Club sont suspendus jusqu’à la fin du mois. Tout avait déjà été modifié et prévu pour respecter la distanciation physique et les normes sanitaires. «On avait retravaillé la programmation jusqu’au 31 décembre afin d’être viable financièrement», a-t-elle ajouté. Mais pour les deux prochaines semaines, au moins, il faut tout arrêter.

Dommage puisque pour certains spectacles, tous les billets disponibles avaient trouvé preneurs. «Et le cinéma performe bien. Nous accueillons environ 150 personnes à chaque représentation», dit encore Roxanne. Ces chiffres sont presque meilleurs qu’en temps normal ce qui fait dire à la directrice générale qu’en plus d’avoir une excellente programmation, les gens ont vraiment envie de sortir. Et puisque plusieurs reviennent semaine après semaine, cela laisse croire que les spectateurs se sentent en sécurité au Carré 150. «Il y a cela de positif», note-t-elle encore.

Dans l’ensemble, la réponse du public aux spectacles présentés au mois de septembre est très satisfaisante (dont deux salles combles pour Guylaine Tanguay). Et pour novembre, la programmation est encore plus imposante et variée. La directrice artistique espère donc que les gens pourront revenir. «Notre mission première, c’est d’offrir une diversité culturelle dans différentes disciplines», rappelle-t-elle.

Et pour ce qui est de cette pause obligée d’au moins deux semaines, Roxanne indique que sa plus grande inquiétude, en ces temps incertains, c’est l’équipe du Carré 150. Déjà, il y a la subvention salariale qui vient donner un coup de main, mais si la situation perdure, elle craint de perdre des gens de qualité et compétents, notamment du côté de la technique. C’est pourquoi, pour la pause de deux semaines, elle prévoit des travaux d’entretien des équipements et de l’inventaire, question de garder le plus de gens en place.

Elle craint aussi que le public perde l’habitude des événements culturels si ceux-ci cessent trop longtemps. Qu’il soit nécessaire de sensibiliser de nouveau le public à l’importance des arts. «Dans le milieu culturel, il nous a fallu du temps pour se bâtir une crédibilité», remarque-t-elle.

Cette nouvelle fermeture est différente de celle du mois de mars alors que tous sont repartis à la maison et fait du télétravail. Aujourd’hui, une structure, un plan de confinement, a été élaborée et Roxanne espère garder en emploi le plus de gens possible. Et le 28 octobre, selon la situation, l’équipe se réajustera. «Toute notre façon de faire est différente depuis la pandémie, même la façon de programmer. Les gens achètent maintenant les billets à la dernière minute», a-t-elle remarqué.

Au cours des prochaines semaines donc, au Carré 150, on tentera de réduire le temps de présence sur les lieux, notamment en restreignant les heures d’ouverture de la billetterie.

Les finances

Du côté financier, elle explique que l’année financière, qui s’est terminée le 30 juin, n’a pas engendré de déficit, ni un gros surplus on comprendra. «Nous avons eu une subvention du CALQ qui permet de continuer la diffusion de spectacles et aide à supporter nos pertes», dit-elle aussi. De même, une nouvelle aide financière a été annoncée le 2 octobre, mais la directrice ne connaît pas encore les paramètres qu’il faudra respecter pour y accéder.

Parce que malgré une saine gestion, il faut continuer d’entretenir l’imposant bâtiment, même s’il n’y a pas de spectacles prévus pour les prochains jours.

Malgré tout, la directrice générale fait preuve d’une grande résilience dans les circonstances. L’équipe s’affaire actuellement à la gestion des représentations annulées ou reportées et garde en place les spectacles prévus pour novembre et décembre. «On est une équipe tissée serrée et on s’encourage l’un et l’autre. C’est dommage que ce soit la culture qui écope dans la situation actuelle puisqu’elle offre du bonheur au quotidien. C’est un baume pour l’âme», termine-t-elle.