Marie-Soleil Blais roule vers l’inconnu

Personne ne sera surpris en apprenant que la saison de la cycliste Marie-Soleil Blais a été passablement chamboulée par la crise sanitaire actuelle. En tout, elle a pris part à six épreuves, pour un total d’une douzaine de jours de course, dont le Championnat du monde de cyclisme sur route. Ce calendrier 2020 se termine avec une touche aigre-douce et il débouche vers un brin d’incertitude en vue de 2021. 

En plus d’avoir pris part au Championnat du monde pour défendre les couleurs du Canada, la native de Saint-Rosaire a participé au Giro dell’Emilia (53e), à La Course by Le Tour, au Tour de l’Ardèche (79e), à la Flèche Brabançonne (60e) et à Gan-Wevelgem (84e). «Il y a eu très peu de courses cette année, car ça a été très compliqué en logistique. Il y a eu beaucoup de déplacements pour se plier aux restrictions. C’est dommage, car il y en a quelques-unes qui ne se sont pas bien déroulées, mais ça s’est au moins bien terminé en Belgique. J’aurais aimé rester, mais il y avait beaucoup de filles sur l’alignement qui devaient également courir», a soutenu Blais.

Sélectionnée une deuxième fois pour prendre part au Championnat du monde, Blais a malheureusement été victime d’une chute dès le premier kilomètre de l’épreuve, ce qui a provoqué le bris de son dérailleur. N’ayant pas de monture de rechange, elle a été forcée d’abandonner. Si l’abandon lui a fait mal au cœur, le simple fait d’être sur la ligne de départ de cette prestigieuse course l’a rendue fière. «Pour moi qui viens du monde du hockey, je n’ai pas nécessairement grandi en rêvant aux classiques belges. Donc, pour moi, le Championnat du monde, c’est ce qui représente le plus. C’est l’accomplissement qui me rend la plus fière […] L’équipe canadienne a également super bien pris soin de nous.»

De cette manière, en considérant le peu de jours de course qu’elle a pu faire, juger son niveau de forme pour 2020 s’avère un exercice quelque peu futile. «C’est difficile de juger ma forme. Toutes les courses étaient différentes. Quand je me suis présentée en Belgique pour les classiques, j’étais quelque peu démoralisée par les quatre courses qui s’étaient mal déroulées pour différentes raisons. Tout a bien été en Belgique, ce qui m’a permis de me rappeler que c’était des courses qui me convenaient mieux. C’était plaisant. J’avais donc été un peu dure sur mes performances alors qu’en réalité, ce n’était pas si pire.»

Incertitude pour la suite de sa carrière

Son contrat avec Cogeas Mettler Pro Cycling étant maintenant terminé, Marie-Soleil Blais est à la recherche d’une nouvelle entente afin de poursuivre sa carrière. «L’année 2021, c’est un point d’interrogation. Je ne sais pas où ça s’en va. Mon contrat était d’un an avec Cogeas. Ça n’a pas été une superbe année. Avec la situation, les équipes signent à nouveau leurs coureuses, mais je n’ai pas eu de résultats. C’est difficile dans ce contexte de trouver une nouvelle équipe.»

Cette année, par exemple, elle a dû dormir sur le canapé de son ami en Belgique, afin de pouvoir prendre part aux courses là-bas. Il s’agit là d’un contexte peu optimal pour donner un rendement à la hauteur des attentes et profiter de cet univers par la même occasion. «Je me demande si je veux revivre le casse-tête que j’ai vécu. C’était plutôt du voyagement en sac à dos que du cyclisme professionnel à certains moments. Si je retourne, ce serait dans de meilleures conditions. Je ne sais toutefois pas si c’est possible. Je ne sais pas les options qui s’offrent à moi. Je les évalue en ce moment.»

À bientôt 32 ans, elle a encore le goût de poursuivre cette carrière qui l’amène un peu partout dans les plus beaux coins d’Europe. Cela dit, le faire à n’importe quel prix ne l’intéresse plus vraiment. «À mon âge, les filles qui sont dans le cyclisme sont bien arrangées. Dormir par terre, tu fais ça à 20 ans. Je suis rendue à un âge où ce n’est pas ce que je recherche. J’ai accompli plusieurs objectifs. Oui, j’aimerais continuer d’être une athlète, mais je ne suis pas prête à refaire tous les sacrifices que ça implique au niveau où je suis grâce à mon talent. Ce ne sont pas toutes les filles dans le cyclisme qui ont à faire tout ce que j’ai fait.»

Cela dit, Blais se dit hautement chanceuse d’avoir visité l’Europe grâce à son parcours de deux saisons là-bas. «Je me suis baignée trois fois dans la mer Méditerranéenne à trois endroits différents. J’ai traversé tellement de frontières et j’ai vu tellement de choses. Je suis très heureuse de mon parcours. Est-ce que ça vaut la peine de le refaire à l’infini? Il faut mettre ses limites, je crois, mais j’aimerais continuer. Si l’occasion se présente, je vais la prendre.»

Faisant quelques contrats de marketing ici et là pour arrondir ses fins de mois, Blais fait valoir que si elle prend la difficile décision de renoncer au monde du cyclisme professionnel, elle pourrait se tourner vers un autre domaine.