L’industrie touristique vit encore une pénurie de main-d’oeuvre

Avec la COVID-19, l’industrie touristique se retrouve dans une drôle de situation. Après avoir tourné au ralenti pendant quelques mois, les différents employeurs du milieu se retrouveront face à une pénurie de main-d’œuvre, une situation qui était déjà bien présente avant le début de cette crise sanitaire.  

«Avant la COVID-19, on avait un problème d’employabilité. L’industrie cherchait beaucoup. Dans le tourisme, ce sont beaucoup de petits producteurs. Quand tout était arrêté, on s’est dit qu’il n’y avait plus de problème d’emploi, car il y aurait des entreprises qui tomberaient. Cela ferait en sorte que des gens seraient réorientés. En fin de compte, ce n’est pas le cas. Ce que l’on constate, c’est que plusieurs entreprises ont repris rapidement au niveau où elles étaient. Elles sont donc encore en manque d’employabilité», explique le coordonnateur tourisme de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR), Steeve Gagné.

Ce dernier cite notamment l’exemple de la ferme brassicole La Grande Pardue à Ham-Nord pour bien illustrer ce manque de main-d’œuvre dans le secteur touristique et agroalimentaire. «Ils sont en train de mourir à force de travailler parce qu’ils manquent de ressources. Ils pourraient être ouverts plus longtemps que ça et avoir une plus grande production, mais il n’y a pas assez de monde pour travailler. Les ressources ne sont pas faciles à trouver à certains endroits.»

M. Gagné fait notamment valoir que les différentes entreprises ne misent pas sur beaucoup de profondeur en termes d’employés de qualité. Ça ne prend donc pas grand-chose pour déséquilibrer cet aspect. «Nous allons voir comment le jello de la COVID-19 va finir de brasser, mais si nous sommes chanceux et que nous évitons une trop forte seconde vague, nous devrons recommencer les missions pour trouver du monde pour accueillir les gens.»

Les emplois étudiants, en raison de la mise sur pied de la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants (PCUE), ont également été moins populaires qu’à l’habitude. Cela a donc rendu les choses très difficiles afin de trouver de la jeune main-d’œuvre durant l’été. «C’est un effet pervers de la PCUE. […] Si tu offrais le salaire minimum, ce qui était l’équivalent de ce que la PCUE donnait, il fallait vraiment que tu veuilles aller travailler quelques jours par semaine. Sinon, c’est un peu difficile de convaincre quelqu’un de venir travailler. Il était mieux chez lui, qu’il ait 17 ans ou 60 ans.»

Des effets intéressants à court et moyen termes

Nécessairement, avec la frontière américaine toujours fermée et les risques liés au voyagement outre-mer en temps de pandémie, l’industrie touristique québécoise a pu tirer profit, à certains égards, de cette pandémie. «On ne se le cachera pas, nous avons connu du pire et du meilleur. Il y a des effets intéressants à cause de la pandémie.»

En mettant de l’avant l’achat local et le fait de voyager au Québec, les différentes entreprises de ce secteur ont reçu un appui de taille. «Pour plusieurs, c’est l’année de tous les rêves. Ça ne fournit plus pratiquement. Pour les restaurants, qui recevaient des groupes plus importants, c’est plus complexe. C’est reparti difficilement. Ici, à Victoriaville, avec le centre-ville et les terrasses aménagées comme elles le sont présentement, ça a beaucoup aidé. Il y a cependant des entreprises pour qui ce sera très difficile.»

Le coordonnateur tourisme de la CDEVR croit d’ailleurs que l’habitude de voyager au Québec pourrait s’installer plus durablement. «Nous avons du temps pour conserver les bonnes habitudes, car je crois personnellement que les frontières ne rouvriront pas rapidement. […] J’ose espérer que les gens ont découvert que nous avons des lieux intéressants. Oui, nous avons un coût d’achat un peu cher, mais je suis convaincu que l’importance de l’achat local va demeurer.»

Plus problématique pour les événements et les hébergements

Dans l’industrie touristique, c’est probablement les organisateurs d’événements qui sont les plus touchés puisque la majorité d’entre eux ont dû procéder à une annulation. «Nous n’avons pas d’événement en grand péril même si ça n’a pas eu lieu. La majorité des partenaires ont conservé leur financement pour cette année, mais ils ont dit que c’était leur financement pour l’année prochaine. Il n’en demeure pas moins que les organisations ont des frais fixes. L’an prochain risque donc d’être plus problématique.»

Dans le même bateau, on retrouve également les hôtels, car le taux d’occupation demeure très bas en ce moment. «Au mois de juillet, ici à Victoriaville, ce n’est pas le mois le plus fort. Nous sommes plus à l’automne et nous sommes également un marché de proximité. Nous allons voir ce qui va se passer à l’automne avec la Balade gourmande ainsi que Victoriaville et ses oies. Le volet réunions et congrès est très difficile, car tout a été annulé ou reporté. Ça va être un redémarrage très lent. C’est un secteur qui sera plus touché que la restauration. Tu peux difficilement te réinventer.»

Dans le monde de l’hébergement, les campings et les chalets sont moins durement touchés par toute cette crise.