COVID-19 : des répercussions majeures sur le marché de l’emploi

Nancy Capistran est consultante en ressources humaines. Propriétaire de son entreprise dans ce domaine depuis cinq ans, elle explique quelles sont les conséquences ou répercussions de la COVID-19 sur l’emploi.

Son expérience de plus de 25 années dans le domaine lui fait confirmer que la pandémie a eu un impact important sur le marché de l’emploi. De son côté, dès que les écoles et les garderies ont fermé leurs portes, le téléphone a subitement cessé de sonner. «C’était un moment d’anxiété pour tout le monde et mes clients étaient dans la même situation», commence-t-elle en ajoutant que, dès ce moment, la consultation et le recrutement ont été interrompus pour elle. Cela lui a même fait décider, avant que ce ne soit obligatoire, de suspendre ses services temporairement.

Une situation qui a donné le vertige à plusieurs, dont l’entrepreneure qu’elle est, ne sachant pas trop ce qui allait arriver. «Et nous n’avions pas de réponses. De mon côté, 2020, c’était l’année de développement de mon organisation», a-t-elle confié.

Nancy Capistran a aussi mentionné le fait que les gouvernements ont agi rapidement dans la situation, notamment avec l’aide financière du fédéral. «Sans cela, plusieurs ne seraient pas passés à travers», estime-t-elle. Cela a également permis à plusieurs de prendre soin de leurs proches et, pour certains, de revoir leur parcours d’emploi et redéfinir leurs priorités. «On a beau critiquer, mais c’était essentiel. L’économie du Québec repose sur les PME, notre région aussi. Si tu n’aides pas les PME, c’est la catastrophe au niveau économique pour l’ensemble du Québec.»

Des opportunités dans l’adversité

Ainsi, lorsque son entreprise a repris ses activités, le 1er juin, après la vague, les appels ont été nombreux. «Il y avait plusieurs postes à combler, c’est donc le recrutement qui a été le premier besoin», a-t-elle fait savoir en entrevue en précisant qu’elle s’occupe davantage d’emplois au niveau de la coordination, l’administration et de la direction, où il y avait des besoins à régler rapidement.

La consultante a également remarqué que des gens ont choisi de quitter Montréal (important épicentre pendant plusieurs mois) pour revenir vivre en région. «J’ai reçu plusieurs candidatures que je n’aurais pas eues sans le contexte actuel», a-t-elle découvert.

Un exemple de ce retour dans un milieu de vie moins dense est l’arrivée du nouveau directeur général de la SDC Victoriaville, Alain Bergeron, qui a voulu revenir dans la région il y a quelques semaines. «Il y a eu des remises en question, notamment dans des postes de direction», dit-elle encore. Un mouvement positif en ce qui la concerne.

D’un autre côté, la PCU (Prestation canadienne d’urgence) a eu des effets négatifs sur l’emploi. «Bien qu’elle était nécessaire, elle a fait en sorte, dans certains cas, que les gens se sont assis sur leurs lauriers. Cela a eu des impacts pour aller chercher de la main-d’œuvre comme des manœuvres, des journaliers», remarque-t-elle. Souvent, il s’agissait de postes au salaire minimum où il était aussi payant, sinon plus, de ne pas travailler. «Il y a plusieurs points qui encouragent ou non à revenir au travail», nuance-t-elle, faisant référence, par exemple, au niveau d’anxiété que peut causer cette pandémie sur certaines personnes. L’état de santé peut avoir joué en faveur de la PCU, tout comme les conditions de vie, etc. «On ne peut pas généraliser. Pour certains, maintenir sa famille en santé était plus prioritaire que de retourner travailler. Je crois que le gouvernement a bien fait son travail, d’un côté comme de l’autre, même au municipal où on a fait des efforts pour alléger les taxes», développe-t-elle.

Mais l’insécurité demeure quant à ce que l’automne peut amener. Du côté de l’entrepreneure, avec l’habitude du télétravail, elle se demande ce qu’il adviendra de ses espaces de travail collaboratifs. Ceux-ci peuvent être moins attractifs pour certains alors que d’autres les rechercheront afin de sortir de chez eux un peu. «Il y a une solitude aussi dans le télétravail. Ce n’est pas toujours intéressant de travailler chez soi, tout seul. Le côté social lié au travail, l’interaction, on en a besoin aussi», fait-elle savoir.

Mais cette nouvelle façon de faire a permis à plusieurs de continuer les opérations à distance. Ça a aussi été l’occasion d’établir une relation de confiance et d’autonomie. «Mais pour le télétravail, il faut des gens structurés et disciplinés afin de livrer la marchandise», comme elle le précise en ajoutant qu’il a amené une nouvelle façon de faire qui demande de l’ajustement pour tout le monde.

«Mais à long terme, le télétravail, ce n’est pas pour moi. Les entrevues par Zoom, ce n’est pas pareil qu’en personne. J’aime avoir mon équipe autour de moi», mentionne-t-elle.

Du bon aussi

Le confinement, aux dires de Nancy Capistran, aura permis de valoriser certains métiers comme ceux dans l’enseignement ou dans les centres de la petite enfance.

Elle souhaite donc que les choses reprennent un cours normal. Que ses clients fassent un affichage de tous les postes à combler dans les prochaines semaines. «Il y en a des besoins au niveau du recrutement et de la sélection du personnel. Il faut prendre le temps de trouver ces gens-là.»

La fin de la PCU pourrait bien amener un «boost» dans le personnel disponible pour différents postes. «Je le souhaite parce que plusieurs recherchent des employés», dit-elle.

La mise en place également des nouveaux postes de préposés aux bénéficiaires aura aussi un impact sur le marché de l’emploi alors que plusieurs prendront cette fonction en exemple pour obtenir de meilleures conditions de travail. «Cela pourrait créer une pression sur le marché au niveau des salaires, sur tout ce qui est négociation au niveau de la santé. D’autres vont avoir des attentes plus élevées que ce que le marché est capable de payer. On va voir à moyen terme», estime-t-elle.

Il y a des opportunités de travail actuellement. Nancy espère que les gens qui bénéficient de la PCU sortent de ce confort et fassent partie de la relance économique. «La solidarité entre les gens d’affaires, les instances gouvernementales, le milieu communautaire, tous doivent travailler ensemble pour qu’on puisse s’en sortir», espère-t-elle.

Finalement, pour ce qui est de ce retour à la normale avec un plein emploi, la consultante en ressources humaines l’envisage pour le printemps 2021. Selon elle, le marché de l’emploi ne devrait alors plus être en ralentissement. «Ça me fait du bien de penser qu’on ne sera pas toujours dans cette situation-là. Ça donne de l’espoir», termine-t-elle.