Fillette happée mortellement par un camion : le coroner recommande des miroirs antéviseurs

Quand il a happé mortellement la petite Anna-May Lizotte, 7 ans, vers 8 h 25 le 8 juillet 2019 au coin des rues Monfette et Saint-Paul à Victoriaville, le camionneur ne pouvait apercevoir l’enfant, note le coroner Me Pierre Bélisle dans son rapport daté du 11 août.

Le coroner précise que le technicien en reconstitution de scène et l’enquêteur responsable ont procédé à certains tests pour connaître les contraintes du champ de vision du conducteur, en tenant compte de l’immobilisation du camion à l’arrêt obligatoire et de la grandeur de la fillette qui mesurait 1 m 30. «L’expérience a démontré qu’en raison de la position en hauteur de l’habitacle et celle des rétroviseurs, le conducteur ne pouvait en aucun moment apercevoir l’enfant, dès qu’elle apparaît sur le trottoir près d’une résidence située à l’intersection et sur toute la distance à parcourir devant le camion pour franchir la rue Monfette», écrit le coroner Bélisle estimant probable que l’enfant a traversé alors qu’elle n’était plus dans le champ de vision du camionneur lorsque celui-ci, croyant la voie libre, a remis son véhicule en marche.

Le coroner souligne l’existence d’une solution pour améliorer la sécurité des piétons, évoquant une étude réalisée en 2019 par la Société de l’assurance automobile du Québec conjointement avec le ministère des Transports du Québec.

L’étude fait mention de miroirs antéviseurs convenant à tous les types de véhicules lourds, des miroirs non obligatoires, mais suggérés pour les propriétaires de véhicules lourds. «La présence de miroirs antéviseurs ou convexes sur les ailes avant du véhicule aurait pu combler le manque de visibilité devant le camion et permettre au conducteur d’apercevoir l’enfant qui traversait devant lui», avance Me Pierre Bélisle.

L’imposition d’une telle mesure non coûteuse est souhaitable, soutient-il, tout en notant la difficulté pour les autorités québécoises de le faire en raison des transporteurs étrangers qui circulent sur le territoire et qui sont assujettis à d’autres autorités gouvernementales.

«Nous croyons toutefois que les autorités provinciales pourraient tout de même en faire la promotion auprès des entreprises de camionnage. Afin de mieux protéger la vie humaine, il y a lieu, soutient-il, de formuler une recommandation.»

Ainsi, le coroner Me Pierre Bélisle recommande aux intervenants de la SAAQ «de poursuivre leurs efforts afin d’inciter les propriétaires de camions-remorques de munir leur véhicule de miroirs antéviseurs couvrant les angles morts devant leur véhicule, sachant qu’ils se sont avérés une mesure efficace pour accroître la sécurité des piétons et réduire le risque de collision.»

La petite fille se rendait à son camp de jour au moment du funeste accident. Le conducteur du camion, bien familier avec le secteur en raison de ses livraisons quasi quotidiennes, empruntait habituellement la rue Notre-Dame Ouest, mais des travaux d’infrastructures l’ont contraint à emprunter une rue parallèle, la rue Monfette.

Concluant à un décès accidentel, le coroner souligne qu’au moment de l’événement, le secteur était très achalandé et que plusieurs témoins ont été rencontrés par les policiers.

Des éléments comme la température, la visibilité et l’état de la chaussée n’ont aucunement contribué à l’accident. Pas plus que le tracteur et la remorque qui ont fait l’objet d’une vérification mécanique. Ils étaient conformes et ne démontraient aucune défectuosité.

La signalisation informant de la vitesse, des arrêts obligatoires et des traverses piétonnières était aussi bien présente.