Des réactions au plan d’action du MSSS pour une deuxième vague

À peine déposé par Christian Dubé, le plan d’action pour une deuxième vague du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec suscite des réactions.

Ordre des infirmières et infirmiers du Québec

Dans un premier temps l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) salue la volonté d’accroître le recrutement de préposés aux bénéficiaires (PAB) et de nommer un gestionnaire responsable par centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Toutefois, l’OIIQ rappelle que ce sont les infirmières qui déterminent les orientations cliniques et qui les communiquent à l’ensemble de l’équipe de soins. «Ainsi, nous devons veiller aussi au recrutement et à la rétention de ces professionnels de la santé et à la reconnaissance de leurs compétences, entre autres en matière d’évaluation et de prévention et contrôle des infections», affirme Luc Mathieu, président de l’OIIQ.

Par ailleurs, un autre facteur de succès qui vise à interdire la mobilité de la main-d’œuvre pour limiter la propagation du virus de la COVID-19 ne devrait pas s’appliquer qu’aux PAB, mais également à tous les professionnels de la santé selon l’OIIQ. Cette mobilité a été un vecteur important de propagation lors de la première vague. «C’est une triste conséquence dont nous devons tirer des leçons et qui ne doit pas se répéter, si nous voulons leur laisser jouer pleinement leur rôle», ajoute le président.

Réseau de coopération des entreprises d’économie sociale en aide à domicile

De son côté, à la suite des lenteurs administratives rendant impossible, encore à ce jour, la réclamation des sommes annoncées pour le soutien à domicile, le Réseau de coopération des entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EÉSAD) demeure perplexe face à l’annonce faite par le gouvernement du Québec ce 18 août.

Plus de quatre mois après l’annonce de l’octroi de primes d’exposition clinique de 8 % pour les préposées d’aide à domicile en contexte de la COVID-19, les entreprises d’économie sociale en aide à domicile sont toujours sans réponse sur la façon dont elles pourront réclamer les sommes promises par Québec.

Le Réseau de coopération des EÉSAD constate cependant que le gouvernement du Québec parle de soutien à domicile comme d’une solution tangible afin d’assurer la santé et la sécurité des personnes en perte d’autonomie ou ayant des limitations fonctionnelles dans ce contexte de pandémie. «Après avoir travaillé de façon proactive et après avoir sensibilisé les autorités gouvernementales à l’importance du soutien à domicile au Québec depuis des mois, le gouvernement du Québec entend finalement raison et affirme que les ressources nécessaires seront disponibles pour la population du Québec lors d’une deuxième vague», indique M. J. Benoit Caron, le directeur général du Réseau de coopération des EÉSAD, qui, du même souffle, met en doute que ces promesses se concrétisent réellement.

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) prend acte du plan d’action dévoilé par Christian Dubé. Si plusieurs mesures méritent d’être saluées, d’importantes mises en garde doivent être apportées pour cette association.

L’APTS s’inquiète en effet de la pression exercée sur des laboratoires médicaux et des plateaux techniques déjà surchargés. Avec la reprise des activités régulières dans le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS), l’organisation syndicale sonne l’alarme sur les limites de leur capacité face à la deuxième vague de la pandémie.

«Accordera-t-on enfin la reconnaissance tant attendue au personnel de laboratoire, sur qui repose le processus de dépistage de la COVID-19, et aux technologues en imagerie médicale, qui effectuent des examens auprès des usager·ère·s? La prime de risque de 8 % leur est toujours refusée alors qu’on souhaite accélérer les délais de traitement. Le gouvernement doit faire preuve de respect pour ces salarié·e·s qui se relaient jour et nuit, depuis plusieurs mois», fait valoir Véronic Lapalme, deuxième vice-présidente de l’APTS tout saluant l’engagement du gouvernement à limiter la mobilité de la main-d’œuvre entre les établissements, à faire respecter les règles de prévention et de contrôle des infections, ainsi qu’à approvisionner le réseau en équipement de protection individuelle.

Réseau FADOQ

Bien qu’il reconnaisse l’importance de rendre imputables les titulaires de postes névralgiques dans le réseau de la santé, notamment dans les CHSLD, le Réseau FADOQ soutient que les gouvernements devront également rendre des comptes dans l’optimisation du système de soins de santé.

Si des mesures positives se retrouvent dans le plan du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, pour préparer le système de santé québécois à une éventuelle 2e vague de COVID-19, la plus grande organisation d’aînés au pays tient toutefois à rappeler que la crise sociosanitaire a exacerbé les conséquences néfastes du sous-financement chronique des soins de longue durée.

«Depuis plus de dix ans, la classe politique est directement responsable du sous-financement des soins de longue durée et de la vétusté des infrastructures sanitaires. Elle doit assumer ses responsabilités pour éviter de reproduire les erreurs du passé», insiste la présidente du Réseau FADOQ, Gisèle Tassé-Goodman.