De retour en Europe, par amour pour le cyclisme

Revenue en catastrophe au Canada au plus fort de la crise de la COVID-19 en Europe, la cycliste de Saint-Rosaire Marie-Soleil Blais a récemment repris la direction de l’Europe afin d’y poursuivre cette saison 2020, par amour pour le vélo.

Comme avant la pandémie, c’est en Espagne où Blais a décidé de retourner s’installer pour la reprise des activités. Les procédures n’ont pas été trop compliquées pour entrer en sol espagnol. «Les frontières sont ouvertes depuis le 6 juillet. Il fallait remplir un formulaire et notre température devait être testée. Le port du masque est obligatoire partout. Les gens respectent vraiment les mesures. Je n’ai pas eu à faire un isolement de 14 jours, car chaque pays a ses propres mesures», a expliqué Blais.

Le retour à la compétition, avec toutes les mesures imposées à gauche et à droite par les différentes instances, est cependant un peu plus complexe. Tout d’abord, les coureurs doivent respecter un énorme document de protocoles qui a été produit par l’Union cycliste internationale (UCI) afin de permettre le retour à la compétition. De ce fait, chaque membre de l’équipe doit être testé deux fois avant une course, soit six et trois jours avant l’épreuve. Des tests sont ensuite effectués à chaque période de dix jours. Les équipes doivent également débourser pour que les tests soient faits. Par exemple, un test en Espagne coûte 118 €. Au rythme auquel les membres des équipes sont dépistés, les frais s’accumulent très rapidement.

«Au début, les mesures n’étaient pas tout à fait claires. Pour une course, il y a 26 équipes qui se sont présentées, mais il y en a 11 qui n’ont pu prendre le départ, car elles n’avaient pas effectué les tests. Il faut dire que c’était notamment les plus petites équipes, qui n’avaient pas nécessairement les moyens de faire tous ces tests, qui ont été touchées.»

Les mesures sanitaires diffèrent également d’un pays à l’autre, ce qui fait en sorte qu’il est difficile de prévoir un horaire et de s’y tenir.

Pour ajouter à ces difficultés, le vélo de course de Blais est bloqué à Madrid pour le moment. Avec sa première course qui est prévue mardi en Italie, cela a de quoi ajouter un stress sur la cycliste des Bois-Francs. «Les délais sont plus longs que prévu. J’ai mon vélo d’entraînement, mais je ne crois pas que j’aurai mon vélo de course à temps. C’est un peu compliqué.»

Malgré la complexité de ce retour à la compétition, Blais se montre plus qu’heureuse de pouvoir sillonner les routes européennes sur son vélo tout en permettant au sport cycliste de reprendre un semblant de normalité. «Il y a beaucoup de gens qui ont besoin du vélo, qui ont investi énormément d’argent. Pour la continuité et pour garder le sport en vie, je crois que c’est important de se présenter quand on peut. C’est bon qu’il puisse y avoir un Tour de France cette année.»

Elle prend d’ailleurs le temps de s’émerveiller de la beauté des routes que lui proposent les paysages espagnols. «On s’habitue avec ce que nous avons. J’étais bien à Saint-Rosaire dans le confinement. […] Là, maintenant que je suis de retour ici, je vois la différence. C’est tellement facile de rouler ici. C’est vraiment stimulant. Je suis contente de retrouver ce plaisir de rouler. Ça me rassure de voir que c’est pour ça que nous faisons tous ces efforts. C’est pour continuer de faire ce sport, même si ça ne vaut pas grand-chose dans le monde quand on pense à ça. Je fais ça pour le plaisir.»

Un calendrier compliqué et incertain

Évidemment, avec un congé forcé pour tout le monde, des compétitions ont dû être annulées et d’autres reportées. Cela fait donc en sorte qu’avec quelques mois restants à cette saison 2020, il risque d’y avoir bousculade aux portillons des épreuves. Dans le cas de Blais, sa reprise est prévue mardi pour une course en Italie. Elle devait ensuite prendre la route de la Suisse, là où est basée son équipe Cogeas Mettler Pro Cycling. Ce scénario ne sera toutefois pas possible, car les nouvelles mesures suisses font en sorte que les personnes ayant visité l’Espagne dans les 14 derniers jours ne peuvent entrer sur leur territoire.

«Mon équipe et moi sommes donc à faire un nouveau plan pour que j’aille directement en France et que je me trouve un logement là-bas, car je dois faire La Course by Le Tour (épreuve féminine disputée en marge du Tour de France). Ma seule possibilité pour faire cette course est donc de ne pas mettre les pieds en Suisse, car une fois là-bas, tu dois respecter un isolement de 14 jours.»

Blais devrait également prendre part au Grand-Prix de Plouay, au Tour cycliste féminin de l’Ardèche ou au Giro féminin, aux Championnats du monde et à la majorité des classiques belges. Il y a cependant des interrogations quant aux deux derniers éléments de son calendrier. Les mondiaux devaient se dérouler en Suisse, mais l’organisation de l’événement a décidé de se retirer. L’UCI tente donc de se trouver un nouvel endroit pour y tenir l’événement. Les classiques belges sont également en suspens. «On y va un jour à la fois. C’est difficile la charge sur les équipes, toute cette organisation.»

La dernière course de Blais remonte à septembre 2019 (Championnats mondiaux). Elle n’avait pas été en mesure de prendre part à la première course de sa saison 2020 avant que tout soit reporté.