Shawn Element veut soulever la coupe

Shawn Element l’avait dit l’an dernier. Il voulait démontrer son savoir-faire en zone offensive. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a répondu à l’appel, inscrivant 38 buts et 62 points en 61 rencontres. À l’aube de sa saison de 20 ans, le Victoriavillois espère que cet élan se poursuivra jusqu’au bout des séries cette fois.

«Nous n’avons pas eu de séries l’an dernier, donc je n’ai pas pu finir le travail amorcé. Pourquoi ne pas poursuivre cet envol dès le premier match de la saison alors? Si je n’ai pas la coupe au bout des bras à la fin de la saison, je vais vraiment être déçu», a lancé d’emblée le robuste attaquant des Eagles du Cap-Breton.

Finaliste pour le trophée Guy-Carbonneau, récompense remise annuellement au meilleur attaquant défensif de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Element n’avait pas non plus perdu ses vieilles habitudes de travailler fort en zone défensive et de s’impliquer sur le plan physique. Pour arriver à bien marier les deux aspects du jeu, le patineur de 6 pieds et 187 livres s’est tout simplement dit qu’il n’avait rien à perdre. «Je ne me cassais pas la tête. Si je fais ça, c’est là que ça ne fonctionne pas. Je me suis dit que j’allais avoir du plaisir. C’est plate à dire, mais en arrivant à Bathurst, je me suis retrouvé dans la moins bonne équipe de la Ligue canadienne. Ce n’était peut-être pas la meilleure équipe, mais Mario Durocher m’a fait confiance. J’ai pu démontrer ce que je pouvais faire. Si je faisais des revirements, j’en faisais, c’est tout. Ça arrive à tout le monde. Finalement, j’ai pris confiance en gardant la rondelle, ce qui m’a permis de faire de meilleurs jeux. Défensivement, j’ai peaufiné mon jeu lorsque j’étais avec le Drakkar de Baie-Comeau, ce qui n’a pas changé à mon arrivée chez le Titan. Je voulais simplement ajouter des cordes à mon arc. Ça a bien fonctionné.»

Avec le Titan, Element a obtenu 34 points en 32 parties. Il a par la suite été échangé au Cap-Breton lors de la période des Fêtes, finissant la saison avec 28 points en 29 rencontres.

Entre excitation et nostalgie

Il n’y a pas si longtemps, un jeune Shawn Element de 16 ans amorçait sa carrière dans la LHJMQ avec le Drakkar de Baie-Comeau. Quatre années plus tard, avec déjà 243 matchs de saison régulière derrière la cravate, il est sur le point d’amorcer sa dernière campagne dans le junior majeur québécois. «J’ai de la misère à expliquer comment je me sens par rapport à ça. Je trouve ça vraiment plate de finir ma carrière junior, mais dans un sens, ça doit se faire un jour. Je suis excité de jouer une cinquième année, mais je vais être nostalgique tout au long de la saison. […] Lors de tous les camps d’entraînement que j’ai faits, les 20 ans le disent d’en profiter, car ça passe vite. C’est exactement ça. En un claquement de doigts, j’en suis à ma cinquième saison dans le junior.»

Pour ce dernier tour de piste, l’ancien des Estacades de Trois-Rivières s’attend d’ailleurs à ce que les Eagles, malgré les départs de plusieurs vétérans, soient en mesure de demeurer compétitifs. «Étant donné que c’est censé être 60 parties qui seront disputées dans la division, je crois que nous pourrons surprendre. Nous avons encore un bon noyau avec les vétérans de l’an passé. Nous avons aussi des jeunes qui vont monter. La compétition interne sera bonne. Nous ferons face à de bons clubs comme les Mooseheads de Halifax malgré le fait qu’ils sont en reconstruction. Les Islanders de Charlottetown vont causer des surprises également. La plus grosse menace dans notre coin, ça va être les Sea Dogs de Saint John. Malgré ça, nous pouvons être dans le sommet de la division.»

Element mettra le cap vers la Nouvelle-Écosse dès le 11 août. Il passera ensuite 14 jours en isolement à l’hôtel afin d’être prêt pour le début du camp d’entraînement, prévu le 26 août.

Et les pros…

L’an dernier, Element devait se retrouver au camp des recrues des Blackhawks de Chicago, mais une bête erreur administrative de la formation de l’Illinois l’a privé de cette chance. Cette année, après une excellente dernière saison, Element mérite au moins une invitation au camp d’entraînement d’une équipe de la Ligue nationale de hockey (LNH), mais la pandémie de la COVID-19 rend cette perspective bien moins certaine. «Je ne stresse pas beaucoup avec ça. Je laisse les choses aller. Il y a quelques équipes qui m’ont approché dernièrement. J’ai confiance envers une certaine formation. Je pense que si tu veux vraiment me voir à ton camp, il faudra que mon nom sorte au repêchage.»

En sachant l’intérêt qu’il a suscité l’an dernier, le robuste patineur croit en ses chances d’être repêché en octobre, mais il préfère demeurer prudent afin de ne pas être trop déçu. «Oui, il y a déjà eu des joueurs de 19 ans comme Félix Bibeau et Rafaël Harvey-Pinard qui ont été repêchés, mais eux, ils sont allés jusqu’à la coupe Memorial. Je pense en avoir montré suffisamment l’an dernier pour mériter d’entendre mon nom. Si ça n’arrive pas, je ne m’en ferai pas. Je vais encore aller travailler pour montrer que ma place est chez les professionnels. J’ai un travail à faire et il n’est pas terminé.»