Les interventions à la hausse au Centre de prévention suicide

Depuis le mois de mars, les intervenants du Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable ont davantage de travail. En effet, le nombre d’appels, bien qu’actuellement stabilisé, a connu une hausse marquée lors du début du confinement.

C’est ce qu’a expliqué la directrice générale de l’organisme, Catherine Coutel. «La période la plus intense se retrouve dans les six premières semaines du confinement», fait-elle savoir. En effet, à l’annonce du relâchement du confinement, il y a quelques semaines, le nombre d’appels entrants a commencé à se normaliser. «Ce qui est plus important est au niveau du temps demandé pour chaque appel», ajoute-t-elle. Il semble que le temps requis dans l’intervention téléphonique est d’une durée beaucoup plus longue afin d’arriver à abaisser la détresse psychologique de l’appelant et d’établir le filet de sécurité requis.

Du côté des relances (soutien plus intensif), l’organisme note une augmentation de 62% comparativement à la même période l’an dernier. «Les demandes restent très élevées depuis le début du confinement, les gens sont fragilisés», note-t-elle encore. Et comme pour les appels de détresse, ceux de relance nécessitent aussi davantage de temps qu’habituellement.

La directrice générale fait également remarquer que les appels regroupent des gens de tous les âges, dont plusieurs concernent des jeunes enfants (entre 9 et 11 ans surtout). «Ce sont des enfants qui démontrent une détresse inquiétante et profonde», note-t-elle.

En effet, si au début du confinement, tous ont mis l’accent sur l’occasion de passer du temps en famille, les enfants vivant une détresse ne pouvaient plus s’évader à l’extérieur et verbaliser avec d’autres enfants. «Il y a des impacts au niveau social, familial et économique», souligne Mme Coutel.

Il y a également les personnes âgées qui ont été davantage confinées que les autres qui ont fait appel aux services du centre. «Des gens seuls étaient encore plus seuls. On a eu des appels de personnes aînés qui craignaient la maladie», relate-t-elle. Tout cela a fait en sorte qu’il a fallu, au Centre de prévention suicide, augmenter les heures de travail du personnel pour répondre à la demande et offrir le soutien en télétravail dès le confinement. Les suivis pour les personnes endeuillées ont également continué d’être offerts. «On ne peut les laisser sans support», soutient-elle. L’organisme a donc rapidement adapté ses services et, pour cela, Mme Coutel tient à remercier toute l’équipe. «Nous allons passer à travers. Ce qui nous tient dans tout ça, c’est que nous sommes essentiels», dit-elle.

La suite

Les pertes d’emplois pourraient bien avoir des impacts sur la détresse des gens, bientôt. «Les allocations gouvernementales (PCU) ont tamponné la situation pour le moment», constate-t-elle. Cette aide financière arrive à sa fin, ce qui pourrait causer des situations précaires pour certains.

D’ailleurs, l’après-COVID-19 pourrait aussi entraîner une demande plus intensive du côté du Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable. «Les gens ont été confinés, puis déconfinés. Plein de choses ont changé et le paysage ne reprendra pas son schème normal. Et on annonce une deuxième vague, ce qui signifie que tout ce qui t’a déstabilisé va revenir. Tout cela créé de l’anxiété», estime Mme Coutel.

Les organismes de première ligne, comme le centre, ont subi des périodes assez intensives et les équipes sont déjà fatiguées, comme le note la directrice générale. On craint la deuxième vague et encourage les gens à respecter les mesures pour se protéger.

Catherine Coutel tient à rappeler à la population : «Restez à l’écoute de vos proches. Ça va vite la détresse. Il ne faut pas hésiter à appeler».

Pour la MRC d’Arthabaska, on communique au 819 751-2205 et pour celle de L’Érable, on compose le 819 362-8581 pour joindre les intervenants du Centre de prévention suicide. Il y a également le numéro provincial : 1 866 Appelle.