Buanderie Beaudoin : de jeunes entrepreneurs traversent la crise

La pandémie a frappé fort, mais les jeunes dirigeants de l’entreprise Buanderie Beaudoin de Victoriaville n’allaient pas abdiquer. Les frères Jonathan, Thiery et Nicolas Poudrier, à la tête de l’entreprise depuis environ six ans, ont pris des décisions pour faire face à la crise et demeurent confiants, ayant toujours en tête certains projets.

Fondée en 1984, Buanderie Beaudoin, d’abord installée coin Perreault et Saint-Jean-Bapiste à l’emplacement actuel d’Autospa, loge depuis de nombreuses années maintenant dans de vastes locaux sur le boulevard de la Bonaventure dans le parc industriel. Au fil des ans, des agrandissements ont été réalisés.

L’entreprise se spécialise dans le nettoyage commercial et industriel et dessert ainsi une clientèle des domaines de l’hôtellerie, de la restauration, de la transformation alimentaire et de l’industrie. Buanderie Beaudoin propose aussi un service de location d’uniformes et de tapis.

En plus des installations victoriavilloises, l’entreprise possède un plan à Sherbrooke et un bureau à Québec, de sorte qu’elle dessert, chaque semaine, quelque 2000 clients, dont près de 80 hôtels, dans tout le territoire entre Montréal et la Vieille Capitale.

La pandémie de la COVID-19 a durement touché notamment les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, une clientèle importante pour Buanderie Beaudoin. «Nous avons été contraints de mettre à pied temporairement près de 75% de l’équipe. En 24 heures, à l’annonce du gouvernement de mettre le Québec sur pause, on a perdu près de 90% de notre chiffre d’affaires», indique Thiery Poudrier, vice-président ventes et marketing.

L’installation de Sherbrooke, vouée exclusivement à l’hôtellerie, a même dû cesser temporairement ses activités. Les opérations ont repris depuis quelques semaines.

Au début de la crise,  reconnaît Thiery Poudrier, les dirigeants se sont même demandé s’ils devaient fermer. «Mais on s’est vite rendu compte que plusieurs de nos clients figuraient parmi les services essentiels. On ne pouvait fermer», relate-t-il.

L’entreprise a donc continué, mais à un rythme moins soutenu. «Nous sommes trois frères, trois jeunes entrepreneurs. On a de l’énergie, mais la crise, c’est quelque chose. Ça a été intense. Quand tout ferme du jour au lendemain, tu dois tout réaligner», exprime-t-il, tout en imageant la chose. «Ce n’est pas évident. On part d’un paquebot pour en faire une chaloupe.»

Durant la crise, Buanderie Beaudoin a répondu présent à un appel du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ). «Leur buanderie était débordée. On leur a donné un coup de main. On ne l’a pas fait nécessairement pour l’argent, mais bien pour s’impliquer, pour faire notre part, pour aider. Nous l’avons fait pendant deux mois», note le vice-président ventes et marketing.

La reprise

Il fallait que la réouverture de l’économie se fasse graduellement, observe Thiery Poudrier. «Parce qu’avec le programme de la PCU (prestation canadienne d’urgence), il devient difficile de trouver de la main-d’œuvre.»

Ce que confirme aussi Nicolas Poudrier, vice-président aux opérations. «C’est un programme qui est bien, mais il faut que ça arrête, car c’est toutes les entreprises qui écopent. On ne pourra collectivement redémarrer l’économie si les programmes demeurent. Ça nous prend de la main-d’œuvre. Il faut que les gens veuillent travailler», expose-t-il.

Avant la pandémie, Buanderie Beaudoin comptait près d’une centaine d’employés et enregistrait une bonne courbe de croissance d’environ 10 à 15% par année du chiffre d’affaires. «On a fait de bons investissements. Mais la pandémie a fait mal. Elle nous a ralentis, mais je pense qu’à long terme, nous serons gagnants. On revoit la lumière. Lentement, on remonte. On continue à réembaucher nos gens de façon progressive», souligne Thiery Poudrier, tout en levant son chapeau à l’équipe, aux employés qui ont su se montrer compréhensifs et coopératifs.

«La situation n’est peut-être pas encore facile, renchérit Nicolas Poudrier, mais je pense qu’avec les décisions prises, on s’en est bien sorti. C’est une situation que personne n’a vécue. C’est un gros défi pour tous les entrepreneurs.»

Juste avant la pandémie, l’entreprise du boulevard de la Bonaventure venait d’acquérir une toute nouvelle ligne de production réservée au domaine de l’hôtellerie pour «des clients qu’on avait ciblés», note Thiery Poudrier. «Un investissement pour accroître notre service dans ce domaine puisque nous recevons beaucoup de demandes.»

Buanderie Beaudoin entend, comme elle l’a toujours fait, travailler à une croissance progressive. «On tient à y aller à notre rythme. Nous sommes une entreprise de services. Nous sommes reconnus pour en offrir un bon et nous avons un haut taux de rétention. On ne veut surtout pas perdre cela avec un trop grand nombre de clients. On y va au compte-goutte», explique-t-il.

La fierté habite toujours les trois frères, et leur papa jamais bien loin. «Nous sommes issus d’une famille d’entrepreneurs. En embarquant dans ce projet, on est parti petit, avec une vingtaine d’employés. Les gens, qui nous connaissent moins, restent surpris de constater la taille de l’entreprise. Et on a encore de nombreux projets à venir. C’est valorisant pour nous de participer à la création d’emplois dans la région», conclut Nicolas Poudrier.