Hommage à Rémi Deshaies

En 1961, je suis allé rencontrer Rémi Deshaies à Saint-Hyacinthe, où il enseignait comme professeur laïque au Séminaire de cette ville. Je voulais le convaincre de venir se joindre à notre équipe de professeurs de l’Externat classique de Victoriaville, pour qu’il assume, dès septembre 1962, le rôle de titulaire de la nouvelle classe de belles-lettres et enseigner la littérature. Réticent d’abord, et à la suite d’une rencontre avec le directeur l’abbé Jean-Marie Grandmont, il finit par accepter, sans doute grâce à son épouse France. Merci France.

Mais en juin 1963, la nouvelle Commission scolaire régionale des Bois-Francs me confia le poste de directeur général, et me chargea d’organiser, pour 1964, cette nouvelle structure scolaire, laquelle entraînait la fin de l’Externat classique.

Je me suis empressé de recruter Rémi Deshaies comme directeur du Service de l’enseignement de la Commission scolaire régionale des Bois-Francs et j‘en fis également mon directeur adjoint.

Son travail bien planifié, ses compétences vites reconnues par les directeurs et directrices des nouvelles écoles secondaires et du personnel enseignant ont fait de lui une personnalité aimée et écoutée.

Le Service de l’enseignement de la Commission scolaire régionale des Bois-Francs fut l’un des plus performants et innovants du Québec. Mme Paulette Rancourt alors commissaire, devenue présidente de la Commission scolaire régionale des Bois-Francs, serait la mieux placée pour confirmer le travail professionnel exceptionnel de Rémi Deshaies.

Je ne peux pas limiter les activités publiques de Rémi Deshaies et de moi-même, à nos activités à la Commission scolaire régionale des Bois-Francs seulement, car nous avons continué à œuvrer dans la société et dans le monde municipal, et ce, dû à une foule de circonstances inexplicables. Et je suis fier d’avoir fait chemin ensemble pendant des années.

Sept ans après son arrivée à Victoriaville, il élut domicile à Arthabaska. En plus de son travail à la Commission scolaire, il se joignit à la chorale de cette paroisse, ce qui fut le début d’un long bénévolat. On lui confia presque aussitôt la charge de diriger cette dernière, laquelle devait modifier son répertoire de chants grégoriens, en chants de langue vernaculaire, comme le demandait le Concile Vatican II. Muni de ses connaissances en piano et en orgue, il y consacra des heures et des heures, payant souvent de ses sous le matériel requis. Ce fut un succès.

En 1983, la Ville d’Arthabaska eut un urgent besoin de pourvoir ses personnes âgées de locaux adéquats pour leurs activités de loisirs. Le maire Pierre Roux forma dès lors un comité afin de créer une société à but non lucratif pour construire un centre communautaire. Il lui fallait trouver un directeur de projet qui agirait bénévolement. Il songea à quelqu’un de très particulier, Rémi Deshaies.

Rémi Deshaies venait tout juste de prendre sa retraite de l’enseignement. Fort brillant, gradué universitaire, rompu à la planification du travail, leader charismatique, il avait tout pour répondre à la demande du maire Pierre Roux, et prendre en charge la réalisation de ce projet d’environ 800 000 $. Il en fit un succès. J’étais alors conseiller municipal à Arthabaska et je peux témoigner de l’excellent travail bénévole bien planifié de Rémi Deshaies, et ce, pendant deux ans.

Aussitôt le «Centre communautaire d’Arthabaska» terminé en 1985, le conseil d’administration de cet établissement confia la présidence à Rémi Deshaies, toujours sans rémunération, poste qu’il occupa avec succès, dans les mêmes conditions, pendant 10 ans.

Lorsqu’il quitta ses fonctions de président, ses amis se sont pressés pour lui rendre un hommage tout particulier, un bien cuit. Cet évènement devait attirer environ 75 personnes. Il en vint plus de 200. Ce fut, grâce à ses filles et à ses amis, une marque de reconnaissance émouvante bien méritée.

Et que dire de l’extraordinaire réussite que fut la restauration de l’église Saint-Christophe d’Arthabaska. Grâce à une équipe de professeurs retraités de la polyvalente Le boisé et autres amis qu’il a su recruter, toute la décoration initiale de ce temple devenu patrimonial fut refaite dans les moindres détails avec l’aide de l’architecte Binette.

Parallèlement à toutes ces activités décrites ci-avant, Rémi Deshaies se consacrait au baseball. Il était organisateur de ligues, et parfois même, entraîneur. Plus encore, après 15 ans d’efforts, il réussit à faire ériger, par la Ville de Victoriaville, de 2013 à 2016, un stade de baseball muni de toutes les infrastructures requises. La Ville de Victoriaville lui a consacré ce stade qui porte maintenant le nom de : STADE RÉMI-DESHAIES.

Quelle réussite que la vie de Rémi Deshaies, tant sur le plan professionnel que sur le plan du bénévolat. C’est pourquoi il fut honoré par le prix Hommage Bénévolat-Québec 2015, pour sa vie si généreusement consacrée à sa population.

Jean-Paul Croteau C.M.