Le DR Horacio Arruda répond à de multiples questions

Le directeur national de Santé publique, le Dr Horacio Arruda, s’est arrêté en Chaudière-Appalaches, hier, pour dresser un bilan de la pandémie.

Pendant près d’une heure, il a répondu aux questions des journalistes présents dans la salle, dont celles de notre collègue d’Icimédias (l’auteur de ces lignes), et ses interventions, longues pour la plupart, ajoutent un regard intéressant sur sa pensée entourant les événements que l’on vit. Voici un résumé du point de presse, sous forme de questions et réponses.

Les vacances de la construction et le port du masque…

«C’est un moment clé de la bataille contre la COVID. C’est l’été et tout le monde est tanné d’en entendre parler, sauf qu’il y a des gens qui n’ont pas de symptômes actuellement, qui ont la COVID-19 et qui risquent de contaminer d’autres personnes. Il faut maintenir ce que nous vous avons appris jusqu’à maintenant, soit la distanciation sociale, le lavage des mains, l’hygiène et, ce que l’on vient d’ajouter, soit le couvre-visage.»

Sur l’obligation du masque et le fait qu’il le jugeait inutile au début de la crise…

«J’ai toujours dit que ce que je dis aujourd’hui va peut-être être différent demain. Il fallait apprendre à ramper, se tenir debout et marcher avant de courir. On veut que les gens s’habituent au masque, au cas où il y aurait une deuxième vague. Quand on arrive à cela, c’est que l’on considère que c’est important pour que les gens le comprennent et le porte. Ça va rappeler aux gens que le virus existe toujours et qu’il y a des mesures à respecter.»

«Une norme sociale, ça prend du temps. On se prépare pour la deuxième vague. Si on veut que les gens prennent le réflexe de prendre leur masque, c’est le temps de le faire alors que le virus ne circule pas. Si ça flambe, on aura acquis cet apprentissage. Rien ne nous dit que ce ne sera pas dans votre région que ça va flamber la prochaine fois, parce que justement, la région a été presque épargnée jusqu’à maintenant.»

Pourquoi à travers tout le Québec, alors que les cas sont à Montréal?

«Une mesure régionale nécessiterait un suivi très pointu et quasi à chaque jour. Un des facteurs dans la transmission est la densité de population. Il y a tout de même eu de la transmission en Chaudière-Appalaches. Il est vrai que quelqu’un dans un petit village a moins de chance de l’attraper que quelqu’un qui vit au centre-ville de Montréal. Qu’est-ce qui nous dit qu’il n’y a pas quelqu’un qui va l’entrer dans ce village? Quand ça arrive et qu’il y a plusieurs personnes âgées, qu’elles ont besoin de soins, il arrive que ce soit plus difficile de les amener à l’hôpital. Les gens sortent sûrement de leur village pour aller dans les zones urbaines, à Lévis ou ailleurs. On ne sait jamais où ce maudit virus va frapper. Pour une raison X ou Y, il y a quelqu’un du village qui va être allé quelque part, qui va l’amener, qui ne s’en rendra même pas compte et pourrait le transmettre. Est-ce que des gens travaillent en ville dans ce village? Ça devient une analyse tellement fine qu’on ne peut faire ça. Ce n’est pas pour écœurer les gens des villages par rapport aux méchants de Lévis ou Montréal.»

«On a dû le rendre obligatoire pour des questions de sécurité. On a l’impression qu’il a disparu, le virus, mais il est toujours là. La région avait un 0 hier, et quatre nouveaux cas apparaissent aujourd’hui. Il est là le virus. Il est vilain, malicieux et traître.»

Ce que l’on sait du virus…?

«Quand le virus est arrivé au Québec, il nous était presque inconnu et on a appris au fur et à mesure, comme le reste du monde. On connaît mieux les caractéristiques épidémiologiques du virus et comment il se propage. Ce bagage va nous aider pour la deuxième vague, s’il y en a une.»

Un autre confinement?

«Il faut que les citoyens collaborent si on ne veut pas reconfiner. Ce maudit virus est venu empoisonner nos vies à tous. Il ne faut pas baisser la garde même si vous avez l’impression que dans votre territoire ça va bien, vous n’êtes pas à Montréal, mais ça peut reflamber partout. Ce n’est pas par plaisir qu’on demande aux gens de porter des masques, ce n’est pas l’Halloween, c’est parce que nous sommes convaincus que ça peut contribuer à aider, c’est un ajout aux mesures.»

Refermer les bars…

«Si on veut reconfiner un secteur, il faut avoir en main des données qui nous montrent que l’on perd le contrôle. C’est vrai que les bars sont reconnus pour être une source de contamination. Beaucoup d’efforts ont été faits par les propriétaires. Si on ferme les bars, on peut transférer le problème dans des partys privés. Il faut convaincre plutôt que de contraindre.»

Les gens éviteront les endroits publics en raison du masque et magasineront davantage en ligne

«Encouragez vos commerces locaux. Portez un masque quelques instants, le temps de faire vos courses. C’est plus intéressant de sortir les voir que de demeurer enfermé et devant l’ordinateur.»

Y a-t-il une porte ouverte à de plus gros rassemblements?

«Sur les petits festivals, on est en train de réévaluer la situation. Il faut faire un tour de roue supplémentaire par rapport à ce qui s’appelle rassemblement. Il faut définir les choses à risque, notamment par rapport au nombre de personnes. C’est clair que la question du deux mètres demeure cruciale. Oui, je suis en train de repenser comment on peut gérer les rassemblements. Le diable est dans les détails très souvent, mais j’essaie d’être le plus juste et le plus cohérent possible.»

En résumé…

«Si tous les gens de la région respectent le deux mètres, le lavage des mains et le couvre-visage, je pense que vous seriez en affaires. L’immunité collective, on ne le sait pas. On pense que les gens qui l’ont attrapé ne l’attraperont pas pendant un certain temps. C’est un concept qui existe, mais qu’on devra oublier tant qu’il n’y aura pas de vaccin.»

«La vie n’est plus normale. On est en liberté conditionnelle. On est comme des prisonniers qui ont été libérés du confinement et que s’ils ne font pas ce qu’ils doivent faire, ils vont revenir en prison. L’effort demandé est exigeant. Plus on va contribuer par notre effort personnel à la cause, plus on sera gagnant.»