Lactantia : le syndicat et le comité de négos font une mise au point

À la suite de la publication du communiqué de Lactalis Canada, après le déclenchement du lock-out de l’usine Lactantia de Victoriaville, le syndicat CSD et le comité de négociations ont tenu à faire certaines mises au point.

Plusieurs employés ont été stupéfaits et en colère même de prendre connaissance du contenu de ce communiqué émis par Lactalis mercredi soir.

Le coordonnateur de la région Mauricie et Centre-du-Québec à la CSD, Cédric Vallerand, a indiqué, d’entrée de jeu, que le président du Syndicat des employés, Jean Hémond, n’avait rien à voir avec les moyens de pression accentués dans la nuit de mardi à mercredi qui sont la décision du syndicat, de même que de la décision de plusieurs employés (de leur propre chef) de s’absenter du travail. Des gestes qui auraient mené au lock-out. «Il est sur le comité de négociations et ne savait rien de ce qui se passait à l’usine», a insisté M. Vallerand en réponse à la phrase du communiqué qui dit «…déplore ces actions entreprises par le syndicat et son président M. Jean Hémond».

Il a rappelé que le comité de négos était formé de cinq personnes : Jean Hémond, Jocelyn Picard, Carl Marcoux, Clermont Henry et Alfred Fishling.  Chaque décision est prise par le comité et non par une seule personne.

Autre point qu’ils ont voulu préciser porte sur le salaire moyen indiqué dans le communiqué estimé à 64 467 $. «Pour un mécanicien de machinerie fixe, le plus haut salarié, et les techniciens d’instruments de contrôle (des gens de métier), calculé avant l’augmentation renégociée pour eux en 2018 on parle de 61 000 $», ont-ils indiqué. La renégociation avait été nécessaire à cause de l’exode de ces métiers, ce qui a amené un réajustement. «Là, ils approchent le 64 500 $, mais il s’agit des plus hauts salariés. La moyenne est très en deçà s’établissant à environ 53 000 $», dit encore le comité de négociations.

M. Vallerand insiste pour dire que la majorité des travailleurs de Lactantia sont des journaliers qui gagnent le salaire le plus bas de l’entreprise. «Pour un journalier, à l’embauche en 2018 chez Lactantia, le salaire était de 21.83 $/ l’heure. Le même poste chez Agropur est payé 26.21 $, soit une différence de 20%.» Et en grimpant les échelons salariaux, la différence demeure marquée avec le compétiteur comparable. C’est donc dire que la grande partie des salariés chez Lactantia, toujours selon les explications du comité de négociations, n’atteignent jamais le salaire annuel de 64 000 $, et ce, même après plus de 25 ans à l’emploi de l’entreprise et en comptant le temps supplémentaire. «Avec le salaire dont ils font référence, probablement qu’on signerait demain matin», a lancé M. Hémond.

Outre le salaire, les vacances et la stabilité d’emploi sont deux points majeurs que les syndiqués souhaitent négocier. «C’est le gros combat. Ils veulent qu’on travaille l’été et ensuite sur appel. Si les gens étaient si bien que ça, il n’y aurait pas un si grand exode chez Lactantia», disent encore les membres du comité de négociations. Ils soulignent un taux de roulement important et une insatisfaction de plusieurs.

Pour ce qui est des vacances, il semble que le ratio soit établi pour une équipe de 350 personnes alors que 450 y travaillent. Cela fait en sorte qu’il est difficile de prendre des vacances estivales en famille. «Le nerf de la guerre, c’est le respect des employés qu’on n’a plus chez Lactalis», dénoncent-ils.

Quant aux négociations qui ont eu lieu jusqu’à mercredi, le comité indique avoir eu l’impression que la partie patronale ne voulait pas négocier, s’éloignant souvent du vif du sujet. «On avait un deal qu’on faisait quelque chose de pas compliqué. Un peu d’argent, deux trois petites affaires, pour 18 à 30 mois, période suggérée par l’employeur.»

Ce qui aurait dû être une négociation rapide, pour un contrat de travail écourté, s’est finalement transformé en suspension des activités de l’usine (lock-out) mercredi après-midi. Le dernier conflit, un lock-out, remonte à 2004. «Quand tu mets plus d’emphase à poser des clôtures et à engager un avocat pour négocier qu’à t’asseoir et parler, ça veut dire que tu ne veux pas vraiment négocier, mais imposer tes conditions», a souligné M. Vallerand.

Les syndiqués sont donc en attente d’un retour de la partie patronale après le déclenchement du lock-out. Il y aura du piquetage dénonçant la situation 24 heures par jour et 7 jours par semaine.