Jérôme Gravel n’a aucun regret

Le 7 mars dernier, Jérôme Gravel ne se doutait pas que le match qu’il venait de disputer face aux Foreurs de Val-d’Or (une victoire de 4 à 2 dans laquelle il a obtenu un but et une passe) serait son tout dernier dans le junior majeur québécois.

Dans la semaine suivante, la pandémie de la COVID-19 frappait l’Amérique de plein fouet, obligeant quelques semaines plus tard l’annulation du reste de la saison de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Jérôme Gravel et les autres joueurs de 20 ans voyaient leur carrière junior s’arrêter net, loin de la fin souhaitée ou anticipée. «C’est triste de ne pas avoir eu une dernière chance dans les séries et de ne pas avoir su quand serait mon dernier match. Qu’on le veuille ou non, tu en profites différemment quand tu sais que c’est probablement le dernier. Ce ne sont toutefois pas des regrets, car ce ne sont pas des choses que je peux contrôler. J’ai fait tout en mon pouvoir pour connaître une belle saison. COVID-19 ou non, je ne peux pas regretter ça», a raconté le jeune homme de 20 ans.

Une longue carrière de quatre années

Réclamé en troisième ronde du repêchage 2015 par le Titan d’Acadie-Bathurst, Jérôme Gravel était retourné dans le midget AAA avec les Élites de Jonquière à l’âge de 16 ans, année lors de laquelle il avait eu droit à quelques rappels avec le club néo-brunswickois. À 17 ans, il s’est taillé un poste avec le Titan pour ensuite être échangé aux Voltigeurs de Drummondville lors de la période des transactions des Fêtes. Quelques mois plus tard, Gravel déménageait de nouveau, cette fois à Victoriaville où il a disputé ses trois dernières années avec les Tigres. Au total, le Jeannois a disputé 256 parties en saison régulière auxquelles s’ajoutent 29 rencontres éliminatoires. «Au départ, c’est un peu de l’inconnu quand tu te fais repêcher. Tu sais que tu vas probablement avoir ta chance, mais est-ce que ça va fonctionner? Il y a plein de questions qui planent au début. Ça a cependant été une expérience incroyable, à commencer par le repêchage qui est grandiose. Par la suite, le but est de mettre les bouchées doubles sans savoir quand sera le bon moment et combien de temps ça pourra durer. Ça passe tellement vite.»

Lorsqu’interrogé sur l’élément qui le rend le plus fier, l’étudiant en droit n’opte pas pour la réponse classique d’un moment marquant sur la patinoire, mais plutôt pour ce qu’il est devenu en tant que personne. «Ça va au-delà du hockey et de l’école. Je ne suis plus du tout la même personne comparativement à il y a quatre ans. Je suis devenu plus mature, j’ai grandi. Oui, ça vient avec l’âge, mais avec le junior majeur, ça se passe à vitesse grand V. Toutes les expériences auxquelles nous sommes confrontées. Partir à Bathurst, c’était un autre monde complètement. Je suis entré au cégep puis à l’université. C’est vraiment la personne que je suis devenu qui me rend le plus fier.»

Une éclosion à 20 ans

Longtemps reconnu comme un défenseur défensif et robuste, Gravel a connu une véritable éclosion offensive l’an dernier en récoltant 41 points, dont 19 buts. Avant cette saison, Gravel comptait 46 points, dont dix buts. Il a donc pratiquement doublé sa production offensive des trois premières années. «Ça, ça a été une surprise pour moi. Au début de la saison, je n’aurais pas pensé que ce serait comme ça. J’ai toujours eu confiance en mes moyens et que j’avais un peu de potentiel offensif que je n’exploitais pas nécessairement. C’était une question de confiance. Ça a bien été dès le début de l’année, donc j’ai pu poursuivre sur ma lancée. Ça a bien conclu mon stage junior.»

Grâce au succès qu’il a connu sur la patinoire, le patineur de 6’01’’ et 210 livres a attiré les regards à travers la ligue et potentiellement ceux de certains recruteurs. Gravel se permet donc d’espérer sans trop d’attentes d’obtenir une invitation pour un camp chez les professionnels. «Ce serait plaisant (de recevoir une invitation). Ce sont des choses qui se discutent en ce moment. Je crois que ce serait une belle reconnaissance. J’ai cependant un parcours universitaire bien tracé. Ce n’est pas négligeable. Ce serait cependant une belle source de fierté pour moi d’obtenir une invitation professionnelle.»

La suite chez les Gee-Gees

Étudiant modèle qui a notamment été en nomination pour le trophée Marcel-Robert, joueur-étudiant de la LHJMQ, Gravel poursuivra ses études en droit à l’Université d’Ottawa à l’automne. Il s’alignera également avec l’équipe de hockey des Gee-Gees lorsque ce sera possible de jouer des matchs. Là-bas, il retrouvera son ancien coéquipier Dominic Cormier en plus de poursuivre l’aventure avec le dernier capitaine des Tigres, Anthony Poulin. «Dès le départ, il y a une connexion qui s’est faite avec le personnel là-bas. Avec la saison qu’ils ont connue et la direction dans laquelle cette équipe va, j’ai confiance que ce sera vraiment bien pour moi sur le plan hockey. Académiquement, c’est l’une des seules universités qui offraient le droit tout en pouvant jouer au hockey.»

L’an dernier, les Gee-Gees ont perdu en troisième période de prolongation la série pour le titre de la conférence universitaire ontarienne.