Contradiction, complexité et imprévisibilité, une histoire d’adaptation

Depuis quelque temps, le mécontentement et l’incompréhension montent face aux décisions du gouvernement et de la Santé publique. Certains se plaignent de décisions contradictoires; d’autres, de l’improvisation du premier ministre, puis des données antinomiques des scientifiques. Après avoir installé tant d’outils dans nos sociétés pour assurer notre sécurité, prévenir les maladies et s’assurer d’une stabilité, cette imprévisibilité est difficile à concevoir.

Malgré la complexité de la vie, les hommes ont été très ingénieux pour assurer leur sécurité et la justice humaine et s’adapter ainsi aux dangers inhérents à la vie elle-même. Dans nos vies quotidiennes, ces moyens ont pu nous donner l’illusion que la sécurité, la justice et la certitude étaient acquises. Or, la pandémie actuelle, avec ses contradictions et ses incertitudes, nous ramène à la nature incertaine du vivant.

Les gouvernements de tous les pays sont face au casse-tête du déconfinement et de la sécurité des individus dans des sociétés qui doivent continuer de fonctionner. M. Legault l’a dit, il n’existe pas de guide des opérations. Nos leaders doivent en effet improviser des solutions alors que la science tente de toutes les manières de comprendre les effets du virus, presque en temps réel, et la meilleure façon de s’en protéger pour éviter la propagation. Il y aura des essais et des erreurs, mais aussi des réussites.

Je ne suis pas spécialiste de la politique et encore moins de la santé publique, mais l’imprévisibilité du phénomène que nous connaissons maintenant depuis quelques semaines est tout un défi pour la psyché humaine. Nos capacités d’adaptation sont mises à rude épreuve alors que toutes nos énergies sont utilisées pour nous ajuster à cet ennemi invisible qui nous contraint aux changements, aux contradictions et aux imprévus.

Des recherches ont démontré que de bonnes capacités d’adaptation sont prédicatrices d’une bonne santé mentale et physique. Plus une personne est confrontée au stress, plus elle risque des problèmes de santé mentale. Mais, dans une situation de crise collective, les gens qui ont le moins de risques de développer des problèmes de santé sont ceux qui s’adaptent le mieux aux changements. Notre capacité à développer notre adaptabilité sera garante de notre résilience pendant et après la crise.

Les mois à venir seront incertains et nous aurons besoin de continuer à maintenir un bon taux d’adaptabilité afin d’éviter les problèmes de santé. Certains facteurs peuvent influencer l’énergie nécessaire au maintien et même à une augmentation des capacités d’adaptation et de la résilience individuelle.

Nous devons nous appuyer sur une bonne connaissance de soi : de nos limites, de nos forces et de nos vulnérabilités. Ainsi, nous pouvons mieux nous montrer bienveillants envers nous-mêmes tout en assumant nos responsabilités. Se sentir responsable de soi-même est la meilleure attitude pour générer les actions nécessaires à notre survie et à celle des autres. Les crises nous poussent à sortir de notre confort pour aller vers notre bien-être individuel et collectif.

Avoir une bonne hygiène de vie suppose que nous trouvions un équilibre entre les activités et les responsabilités. Maintenez du temps pour faire du sport ou tout simplement marcher. Ce n’est pas le moment d’augmenter votre consommation d’alcool, de drogue ou de malbouffe. Avoir une bonne hygiène de vie augmente l’énergie nécessaire à l’adaptation.

D’autre part, nous pouvons aussi investir dans une meilleure hygiène cognitive. Donnez-vous des pauses pour éviter de penser à cette crise. Changez-vous les idées dans des sports, dans des passe-temps, de la lecture ou écoutez des séries. Y penser toujours n’y changera rien! Évitez de voir toute la situation en noir. Les pensées négatives peuvent contaminer votre expérience en clivant les événements dans des pôles tous bons ou tous mauvais. Regarder les événements dans leur ensemble vous permettra d’avoir une meilleure perception de la réalité.

En période de crise, les émotions peuvent être si intenses que les fonctions de régulation de notre cortex cérébral ne sont plus efficaces. Nous prenons alors des décisions qui n’ont pour but que d’apaiser nos émotions plutôt que d’agir en équilibre avec notre bien-être et celui des autres. Dans de telles circonstances, il est plus avisé, avant d’agir, de prendre un temps de réflexion afin de mesurer tous les tenants et aboutissants de nos émotions. Et si cela est trop difficile, n’hésitez pas à consulter afin de prendre du recul et de trouver à nouveau votre équilibre.

La vie est nuancée et les décisions de nos gouvernements aussi. Le premier ministre du Canada dit lui-même qu’il aurait réagi différemment à la crise s’il devait recommencer. Il y a eu des décisions contradictoires de nos leaders et il y en aura d’autres. Nous devons garder notre esprit critique, mais nous devons le faire en maintenant une vision réaliste de toutes les actions posées et de notre responsabilité individuelle. Cette crise est nouvelle et la plupart d’entre nous tentons de faire de notre mieux pour en sortir. Et nous en sortirons!