Sauvée par ses enfants le jour de la fête des Mères

«Mon plus beau cadeau à vie», exprime France Morin, une mère monoparentale de Kingsey Falls. Par leurs actions et leur sang-froid, ses enfants Jeffrey et Charlène Shanie Michaud, âgés respectivement de 15 et 14 ans, lui ont sauvé la vie à la suite d’un choc anaphylactique. Et c’était, curieux hasard, le dimanche de la fête des Mères…

France Morin, qui ne souffrait d’aucune allergie connue, a été victime d’une violente réaction. Ce jour-là, elle ne se sentait pas bien. «Je ressentais une fatigue extrême. Après avoir mangé le matin, je me suis recouchée», souligne-t-elle. Puis survient un intense mal de tête. «Je demande à mon fils de me donner une Tylenol. Mes enfants m’ont dit ensuite qu’ils faisaient des gaufres maison. J’en ai pris trois morceaux, puis je suis retournée au lit», relate la mère de famille.

Peu après, la situation a dégénéré : des chaleurs et des étourdissements l’envahissent, sans compter des démangeaisons à une main. «J’ai voulu me lever pour me rendre à la salle de bain, mais juste à me lever la tête, je manquais m’évanouir. Dès lors, ç’a été rapide. J’ai constaté la réaction allergique sur mon corps. Mon visage a enflé, je ne le sentais plus. Je ne pouvais me tenir debout», raconte-t-elle.

À ce moment, ses enfants ont pris la situation en main. «À mon insu, par mesure préventive, ils ont contacté d’abord le 8-1-1, puis le 9-1-1, malgré le fait que je leur demandais d’attendre de voir l’évolution de la situation. Heureusement qu’ils ont fait à leur tête», observe France Morin.

Parce qu’à l’arrivée des paramédics, la maman n’en menait pas large. «J’ai perdu connaissance en me rendant au salon, confie-t-elle. Puis, je me suis retrouvée en manque d’oxygène, ma tension avait diminué. J’étais vraiment dans un état très grave.»

Les techniciens ambulanciers, sitôt après avoir vérifié les signes vitaux, n’ont pas hésité à prendre les ciseaux, à découper les vêtements pour administrer rapidement de l’oxygène et procéder à des injections. France Morin applaudit la réaction de ses enfants. «J’étais si mal en point, comme entre deux mondes, à l’arrivée des ambulanciers, imaginez s’il avait fallu qu’ils arrivent 20 minutes plus tard», observe-t-elle.

Avant même son admission à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, la résidente de Kingsey Falls avait déjà reçu trois injections, mais elle ne sentait pas mieux. «Je perdais conscience  au moindre mouvement de tête.»

France Morin a séjourné 24 h aux soins intensifs de l’hôpital avant d’obtenir son congé. «Avec la COVID-19, ils nous retournent récupérer à la maison le plus rapidement possible», dit-elle.

Au moment de l’entrevue avec le www.lanouvelle.net, elle allait beaucoup mieux. «Je cherche encore un peu mon souffle. Il me reste encore un peu de fatigue, mais j’en ai beaucoup regagné», souligne-t-elle. Reste maintenant à savoir la cause de cette réaction allergique. France Morin ira se soumettre à des tests, avançant que l’origine devrait être facile à identifier. «Il y a deux choses que l’on soupçonne : le Tylenol ou les œufs. Mais je n’avais, à ce jour, aucune allergie. C’est pourquoi je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. C’est vraiment un revirement de situation», affirme celle qui traîne maintenant, en tout temps, son auto-injecteur d’épinéphrine (Épipen).

Coup de chapeau!

France Morin a accepté de se livrer pour saluer le geste, le sang-froid de «ses héros, ses sauveurs, ses anges», comme elle les appelle. «Ils ont géré la situation de main de maître», note-t-elle. «Malgré les pleurs et la panique de ma fille qui croyait perdre sa mère, elle a continué de me tenir la main, relate-t-elle. Elle m’a préparé un sac de vêtements, ma carte d’hôpital, mon carnet de médication qu’elle a remis aux ambulanciers.»

Le fils, avant l’arrivée des secouristes, a inscrit sur papier les symptômes, lui a pris sa température, s’informait à savoir si elle avait mal à la tête, au cœur. Il a aidé les paramédics à la transporter sur un brancard jusqu’à l’ambulance.

Les enfants ont vécu un autre choc, celui d’apprendre par les ambulanciers qu’ils ne pourront accompagner leur maman à l’hôpital en raison du coronavirus. «J’ai pu voir, dans leur visage, que cela les a beaucoup déstabilisés. Dans un moment de conscience, j’ai pu leur dire que ça allait bien aller, que je les appellerais.» Quelques heures plus tard, en effet, la maman a pu parler à sa fille.

Bonté et bienveillance

Après le départ pour l’hôpital, Jeffrey a contacté une bonne amie de la famille qui, sans hésitation, a amené les deux adolescents chez elle. «Ils ont bien réagi de ne pas rester seuls. Ça leur faisait une adulte pour les sécuriser», souligne France Morin qui allait découvrir aussi un bel élan de générosité et de solidarité dans la communauté.

Elle ne s’attendait pas à ce que des parents offrent leur aide, se proposant pour du transport, de l’argent ou de la nourriture. «Tellement de familles ont proposé leur aide. Ça fait chaud au cœur. Ça m’a tellement émue de voir toute cette solidarité dans le village», exprime-t-elle avec gratitude.

Mais l’engagement dans la communauté de France Morin et de sa famille semble bien démontrer le dicton voulant que l’on récolte ce qu’on sème.

Parler de son histoire, voilà sa façon privilégiée pour remercier ses enfants. «Pour tenter de leur faire oublier le traumatisme qu’ils ont vécu, mettre un baume là-dessus et passer à autre chose. Mais il y a tout de même du beau et du bon dans tout, même dans les minidrames. Elle est tellement belle mon histoire. Mes enfants m’ont sauvé la vie. On ne peut recevoir plus beau cadeau de ses enfants», conclut-elle.