Retour en classe : après une semaine d’adaptation, place à l’enseignement

Depuis le 11 mai, les élèves et enseignants au primaire sont de retour en classe. Après une semaine à s’adapter aux nouvelles conditions, l’enseignement a repris.

C’est du moins ce qu’a expliqué Sylvie Ouellette, enseignante de 23 ans d’expérience, responsable d’une classe de première année à l’école Saint-David de Victoriaville. Répondant aux questions de La Nouvelle Union sur les nouvelles conditions mises en place pour assurer la sécurité dans les écoles primaires, elle a fait part de son cheminement depuis le retour en classe.

Si la présence physique à l’école datait du 13 mars (alors qu’on a annoncé deux semaines de suspension des cours qui se sont finalement étirées à huit), Sylvie a tout de même conservé une communication active avec ses jeunes élèves. Un peu plus timidement au départ, puis avec davantage de régularité. «J’ai contacté toutes les mamans et j’ai formé un petit groupe Facebook privé où j’ai présenté des capsules, des vidéos, etc. Certains ont aussi été joints par téléphone ou Zoom. Ça m’a permis de me familiariser avec ces moyens de communication. J’ai aussi envoyé des feuilles de leçons», a-t-elle énoncé.

Retour différent

Lorsque le retour en classe a été annoncé, il a fallu organiser l’espace de la classe et préparer des procédures. Beaucoup de choses auxquelles s’adapter. Même que l’enseignante a fait une vidéo qui expliquait aux élèves comment l’école serait à leur retour (un peu différente). Elle a même pris soin de se filmer avec et sans masque pour montrer que c’était bien elle tout de même et habituer les petits à la voir comme ça.

Un mélange d’émotions a été vécu par l’enseignante avant le retour. «Ayant gardé le contact, je ne les sentais pas inquiets de revenir, voyant qu’ils étaient bien dans leur environnement. J’avais des craintes puisque je ne savais pas comment ça irait. Dans ces moments, il faut faire confiance au milieu et à l’équipe qui s’est mobilisée», fait-elle comprendre.

Mais les enfants semblaient prêts à reprendre la routine à l’école (même si elle n’a plus rien à voir avec ce qui se faisait avant). D’ailleurs, sur les 19 qui formaient son groupe avant, 16 sont de retour. Si bien que sa classe ne pouvant en accueillir que 10, les 6 autres se sont retrouvés avec un autre professeur, ailleurs dans l’école. «La commande pour le retour était de consolider les acquis ou de terminer l’apprentissage de certaines notions, sans évaluation», a-t-elle expliqué.

Mais avant d’y aller pour l’enseignement, il a fallu mettre en place une nouvelle routine. Quelques jours ont été nécessaires pour que tous s’habituent aux nouvelles procédures : plus de récréation en même temps, les classes sont divisées en zones, l’enseignante suit les élèves presque toute la journée, il y a des marques par terre pour délimiter les distances ainsi que des heures pour aller aux toilettes et se laver les mains.

La première journée, Sylvie avait apporté un masque artisanal qu’elle portait lorsqu’elle devait circuler à travers les élèves, ce qui leur a permis de s’habituer. Cette semaine, l’équipement pour les enseignants est devenu obligatoire. Il leur faut porter le masque et la visière ou encore le masque et les lunettes de protection lorsque le 2 mètres ne peut être respecté. «Quand je dois me promener, je mets mon kit», indique-t-elle avec humour. Même s’il fait chaud avec ces protections et qu’elles sont inconfortables, son esprit communautaire prend le dessus et elle les porte en pensant aux autres.

Depuis le début de la semaine (la deuxième depuis la reprise), maintenant que les nouvelles consignes sont à peu près assimilées, elle retrouve, avec bonheur d’ailleurs, son essence d’enseignante. «Et on contribue à la remise en marche de notre système», fait-elle valoir.

Sylvie Ouellette estime que les parents de ses élèves ont fait un bon travail pendant le confinement et que même si la distanciation physique est difficile pour les petits, surtout quand ils sont dehors (ce n’est pas naturel pour eux et l’enseignante se retrouve à jouer à la police de la distance), au final tout se passe bien. «C’est moins pire qu’on pouvait penser», a-t-elle découvert.

Il faut dire que les enfants sont résilients et s’adaptent rapidement, comme elle le voit souvent notamment lorsqu’il y a séparation des parents. «J’avoue qu’après la première journée, j’étais brûlée. Il y avait beaucoup à penser. Mais on s’habitue et le nouvel horaire est maintenant assimilé», a-t-elle confié.

Les craintes aussi sont moins présentes. «Les élèves sont de retour, contents d’apprendre et d’être ensemble», apprécie-t-elle. Une seule chose l’embête encore et c’est le satané virus. «J’espère que je ne serai pas un vecteur de propagation et les enfants non plus», souhaite-t-elle. C’est donc le niveau de la santé qui l’inquiète parce que pour ce qui est de l’apprentissage, du niveau affectif et social, tout se passe bien.

Beaucoup de précautions sont prises pour éviter une éclosion. Par exemple, tous les matins, avant de se rendre en classe, Sylvie doit remplir un questionnaire virtuel afin d’assurer qu’elle n’a pas de symptômes du virus. Si jamais elle répondait oui à une des questions s’enclencherait un protocole pour s’assurer qu’elle soit suivie par les instances médicales. Même chose si un enfant montrait des signes de la maladie.

L’enseignante a repris du service, mais pas la chanteuse

Si Sylvie Ouellette a repris ses fonctions d’enseignante, son autre personnalité, l’interprète, est encore confinée (si on peut dire). En effet, la chanteuse, qu’on entendait souvent dans la région et à l’extérieur, est toujours en pause, comme tout le domaine artistique.

On l’a bien vue dans ce récent clip de Christian Lemieux, la version country québécoise de «We are de the world», un beau cadeau pour elle. Un style dans lequel on la reconnaît moins, mais qui lui vient de son enfance, comme elle a confié.

Pour le reste, c’est le calme plat. «J’avais de beaux contrats qui s’en venaient, des choses réservées depuis longtemps», déplore-t-elle. Toutefois, plusieurs ont choisi de remettre à l’année 2021 les engagements plutôt que de les annuler, ce qui lui met un baume sur le cœur. «La chanteuse s’ennuie», dit-elle encore. Et puisqu’elle ne peut s’accompagner avec un instrument de musique (elle qui chante toujours avec des musiciens), les prestations en ligne, comme le font plusieurs, sont presque impossibles. «Mais je ne suis pas pire que les autres et j’ai la chance de ne pas vivre que de cela», ajoute-t-elle.

Et quand l’envie est trop forte et qu’elle devient impatiente, Sylvie s’en va tout simplement dans son sous-sol et chante… pour elle.