Des mots au bout du fil

L’acteur-comédien et metteur en scène Nicolas Gendron, originaire de Victoriaville, participe au projet «Au creux de l’oreille».

Il s’agit d’un rendez-vous téléphonique avec une comédienne ou un comédien (fait bénévolement) pendant lequel la personne fait une lecture. C’est une belle façon de briser l’isolement pour plusieurs et d’entendre des mots… au bout du fil.

En ces temps de confinement, le projet arrive à point. Inspiré de La Colline-Théâtre national à Paris (et dirigé par Wajdi Mouawad), «Au creux de l’oreille» se déroule partout au Québec, initié par le théâtre Périscope. Nicolas Gendron fait partie de l’équipe de cinq personnes qui s’assurent de la logistique de ce mouvement avec Marie-Josée Bastien, Linda Laplante, Marie-Hélène Gendreau et Catherine Hughes.

«C’est une suite de hasards qui m’a mené dans ce projet qui me parlait beaucoup», a-t-il expliqué au téléphone. En effet, il cherchait des façons de rester en contact avec le public et de se sentir utile dans cette crise.

Avec «Au creux de l’oreille», il a trouvé le moyen de créer de la lumière et de faire du bien.

Jusqu’à maintenant, 2000 demandes ont été faites par des gens qui souhaitaient recevoir l’appel d’un artiste. Nicolas se prête aussi au jeu de la lecture. «C’est nourrissant pour l’âme», apprécie-t-il. Justement, il a fait la lecture, récemment, à une dame de 92 ans, cofondatrice de la bibliothèque de sa ville, donc une amoureuse des mots. Une belle rencontre à distance. «Mais il n’y a pas que des aînés à qui on fait des appels, il y a des gens seuls, des petites familles, des infirmières, un peu de tout», raconte Nicolas. En effet, si on peut s’inscrire soi-même, il est aussi possible, en l’avisant il va sans dire, inscrire une autre personne pour lui faire plaisir.

Pour ce qui est de la lecture, c’est le lecteur ou la lectrice qui choisit. «On suggère d’y aller de coups de cœur que ce soit de la poésie, des paroles de chansons, d’extraits de romans ou de nouvelles et de textes lumineux», ajoute l’acteur.

On demande parfois l’âge de l’auditeur ou une suggestion de texte. «Pour la moitié de l’appel (d’une quinzaine de minutes), c’est un partage qu’on fait. On apprend à se connaître un peu et ces minutes peuvent permettre d’aiguiller sur le genre de lecture. Personnellement, j’ai une quinzaine de livres à portée de main et je choisis selon l’énergie», explique-t-il.

Peu importe le texte, c’est l’échange du duo qui est important. D’ailleurs, le projet reçoit d’excellents commentaires et tous sont invités à s’inscrire pour profiter de ce moment de lecture tout à fait particulier offert gracieusement par 316 artistes.

On peut le faire jusqu’au 20 mai en ligne sur le site Web théâtre Périscope. À ce moment, quelques questions et le choix d’une plage horaire pour recevoir l’appel permettent de compléter l’inscription. Les appels, de leur côté, se termineront le 23 mai. «Et le projet pourrait revenir sous une autre forme», annonce Nicolas.

Des projets

On sait que le milieu théâtral est en pause. Nicolas profite de ce moment, avec ses partenaires de la compagnie de théâtre ExLibris, pour bricoler un site Web (ce qu’elle n’avait pas encore). «Nous avons une semaine de représentations prévue à la fin de l’automne et sommes en développement d’un autre projet qui pourrait voir le jour dans une année et demie», annonce-t-il.

Aussi, Nicolas a confié qu’il avait commencé l’écriture d’une pièce, un projet plus personnel. «Il faut rester actif de cœur et de tête, et ce, même s’il y a beaucoup d’inconnu», a-t-il conclu.