Une mission : favoriser une véritable offre universitaire en région

Miser sur la technologie pour favoriser un meilleur accès aux études supérieures. Des démarches ont cours pour que la région puisse bénéficier d’une offre universitaire digne de ce nom. À la tête du mouvement, le psychoéducateur Yannick Fréchette et François Houle qui, jusqu’à tout récemment, assumait la présidence du conseil d’administration du Cégep de Victoriaville.

Le duo mise sur les technologies pour orchestrer des programmes de formation à distance, en ligne, principalement, mais avec quelques présences physiques pour les examens ou les stages, par exemple. Nul besoin d’une infrastructure, d’une construction, ni de millions de dollars à investir.

«La situation actuelle fait que l’enseignement est en train de changer. Ma fille, en éducation spécialisée, suit des cours à distance, à la maison, sans déplacement dans un milieu physique. Cela relance le questionnement à savoir comment amener les études supérieures dans la région. Le virtuel, la technologie, je pense, peut nous le permettre», fait valoir Yannick Fréchette.

Pour tracer le chemin, les Victoriavillois penchent pour les baccalauréats en psychoéducation et en enseignement en raison des besoins existants.

«Ce qu’on souhaite, c’est de développer un projet avec une université, participer au développement d’un programme favorisant le plus possible le virtuel. J’ai même vu ma fille avec ses collègues faire leur travail d’équipe en virtuel, chacun chez soi», souligne Yannick Fréchette.

L’actuelle pandémie a fait ressurgir un tel projet dont on parle depuis des années. «Je me souviens qu’on en parlait à l’époque avec Paul Thériault, alors directeur général du Cégep. On évoquait le fait que l’offre en éducation supérieure dans notre région est peu évoluée», note François Houle.

François Houle a présidé jusqu’à tout récemment le conseil d’administration du Cégep de Victoriaville (Capture d’écran)

Les statistiques, poursuit-il, révèlent que la région fait piètre figure en termes de diplomation en études supérieures. «Le constat est simple : ce n’est pas qu’on soit moins intelligent qu’ailleurs. Ça n’a rien à voir, plaide M. Houle. C’est tout le contraire. On est des gens dynamiques, qui travaillent fort. Le fait est que plus on est loin d’une maison d’enseignement supérieur, moins on a tendance à y aller.»

D’où cette volonté d’amener l’université avec ses offres dans la région par le biais des technologies. Et le contexte actuel s’y prête drôlement bien, croit François Houle. «Avec la présente situation, les maisons d’enseignement supérieur ont été obligées d’investir dans des plateformes. Il y a là une opportunité à saisir. Nous devons montrer aux universités l’occasion à saisir, leur démontrer qu’il y a des gens disponibles qui ne le seraient pas autrement que si vous ne venez pas à nous», fait-il valoir.

De l’intérêt

Sans tambour ni trompette, Yannick Fréchette et François Houle ont tâté le pouls auprès d’élèves et de certains de leurs collègues pour se rendre compte qu’il y avait un intérêt certain. «Mine de rien, indique François Houle, ça a fait un gros effet. En 24 h, on avait plus d’une quinzaine d’individus manifestant un intérêt sérieux. Et en réalité, la liste est encore plus longue.»

«Quand j’ai parlé à des étudiants en éducation spécialisée de ce projet de baccalauréat avec une formule hybride (virtuel et présentiel), des étoiles leur sont apparues dans les yeux, souligne M. Fréchette. Ils y voyaient un potentiel de poursuivre leurs études à un niveau supérieur. Ce n’est pas rien, c’est du concret en lien avec des besoins réels que nous avons actuellement en psychoéducation.»

Constatant l’intérêt, le duo a tendu la perche aux universités, contactant par courriel différents départements. Et les réponses n’ont pas tardé. «Nous agissons comme un client qui amène à l’université un bassin d’étudiants potentiels. On veut vérifier quelle université est prête à jouer le jeu et à embarquer avec nous. À ce jour (au moment de l’entrevue, du moins), quatre universités nous ont démontré de l’intérêt», précise Yannick Fréchette.

Tout commencerait en psychoéducation et en enseignement en raison des besoins ou des souhaits exprimés par des étudiantes.

De façon réaliste, les deux instigateurs envisagent un horizon d’un an pour la concrétisation du projet.

Entretemps, la sensibilisation se poursuivra. «Mon but est de rejoindre les municipalités, les gens des MRC d’Arthabaska et de L’Érable pour que les gens soient informés. On parle, pour le moment, de psychoéducation, mais éventuellement, on parle de baccalauréat universitaire tout court, point final. Si l’administration ou l’ingénierie en intéressent certains, par exemple, on pourra définir les besoins de la région, explique François Houle. On élabore un modèle pour l’amener aux universités et leur demander d’amener leurs programmes chez nous.»

Rétention

François Houle et Yannick Fréchette voient dans la formation universitaire à distance de nombreux avantages.

La rétention des jeunes en fait partie. «Un jeune qui quitte la région pour étudier ailleurs risque de ne pas revenir. Les ressources humaines constituent une force. L’humain est devenu une force, dont on doit prendre soin», avance M. Fréchette.

«On n’a pas les moyens de se priver des gens qui quittent, des gens qui maîtrisent leur domaine, qui ont de l’expertise. On n’a pas les moyens de s’en priver», renchérit François Houle.

«Arrêtons de penser qu’on doive se déplacer continuellement pour aller suivre une formation hors région quand ça peut être disponible à même notre salon», ajoute Yannick Fréchette.

La possibilité d’étudier chez soi permet aussi des économies de déplacement (essence), de loyer, entre autres.  «Une bonne façon aussi pour des gens en emplois qui aimeraient avoir accès à des études supérieures, mais qui ne peuvent le faire en raison de contraintes familiales, budgétaires ou autres», indique le psychoéducateur.

Les deux hommes ont foi dans leur projet. «Quand je parle aux acteurs de la région, je constate un bon vouloir. Si on apporte des projets concrets ici, des portes s’ouvriront j’en suis persuadé», assure François Houle que les intéressés peuvent joindre par courriel à fhoule@live.ca ou par le biais de sa page Facebook.