Pourquoi Olymel refuse-t-elle de coopérer avec les producteurs de porcs et les travailleurs d’abattoirs?

Alors que la pandémie de la COVID-19 et les mesures de santé publique visant à limiter la propagation de la maladie mettent les enjeux de sécurité des travailleurs et de sécurité alimentaire à l’avant-scène, plusieurs observateurs remarquent la précarité de l’équilibre de la chaîne d’approvisionnement alimentaire qui permet aux familles québécoises de se nourrir.

Plusieurs articles dans les médias ont fait état, ces derniers jours, des milliers de bêtes qui sont prêtes à être abattues et qui s’entassent dans les porcheries du Québec. Ce serait, dit-on, en raison, des mesures de protection des travailleuses et des travailleurs qui ont dû être mises en place et qui ralentissent la production.

Personne ne peut nier le fait que les chaînes de production des usines de transformation du Québec fonctionnent au ralenti en ce moment, tout comme personne ne peut nier que ces mesures sanitaires étaient absolument nécessaires pour protéger les employés, ne serait-ce que pour éviter des fermetures d’usines complètes, comme celle qui a eu lieu à l’usine d’Olymel à Yamachiche.

Dans ces circonstances, il semble évident que tous les acteurs de l’industrie doivent collaborer afin de trouver des solutions viables et éviter que des milliers de bêtes ne doivent être euthanasiées.

Il est donc difficile de justifier l’attitude d’Olymel, qui semble déterminée à leur mettre des bâtons dans les roues plutôt qu’à leur faciliter la tâche.

En effet, quand le président des Éleveurs de porcs du Québec affirme que les producteurs du Québec sont prêts à payer les heures supplémentaires des employés des abattoirs à taux double afin d’augmenter la capacité de production et d’éviter la catastrophe, Olymel refuse sur le champ.

On peut bien sûr comprendre que, pour des raisons de santé publique et de sécurité des travailleuses et des travailleurs, effectuer des heures supplémentaires ne soit pas possible dans toutes les installations d’Olymel. Toutefois, dans certaines usines, comme à Princeville, une telle chose serait tout à fait envisageable.

En fait, le Syndicat des employés d’Olymel Princeville-CSN a offert depuis plus d’un mois la possibilité de faire des heures supplémentaires le samedi, à condition que cela se fasse à taux double, pour compenser le fait qu’il s’agit d’une sixième journée d’exposition au risque. Étant donné le risque élevé de propagation de la maladie dans les abattoirs – comme l’illustrent de nombreux exemples au Canada et aux États-Unis – le syndicat jugeait normal qu’une exposition accrue aux risques se traduisent par une meilleure rémunération.

La rémunération des heures supplémentaires à taux double le samedi était justement l’une des demandes prioritaires du syndicat lors de la grève qui nous a opposé à Olymel pendant plus de huit semaines à la fin de l’année 2019. Olymel n’a jamais voulu céder sur ce point et il n’a finalement pas été retenu dans la recommandation finale du conciliateur. Aujourd’hui, ce refus obstiné de la part d’Olymel cache-t-il encore cette même intransigeance?

Olymel serait-elle animée par un esprit revanchard? Sinon, pourquoi ne pas accepter que ses employés soient rémunérés à taux double, puisque les producteurs sont prêts à financer eux même le coût de cette mesure? Est-ce que l’entreprise souhaite du même souffle remettre les producteurs de porcs à leur place, après que ceux-ci l’aient contrainte à payer leurs porcs plus chers lors du dernier arbitrage de la Convention de mise en marché des porcs, en 2019?

En temps de crise, tout le monde doit se serrer les coudes et travailler ensemble pour s’en sortir. Il serait temps qu’Olymel s’en rende compte et fasse sa part en permettant le paiement des heures supplémentaires à taux double, là où il est sécuritaire de le faire.

Steve Houle
Président
Syndicat des employés d’Olymel Princeville-CSN