Au Cégep, personne n’a été laissé derrière

L’arrêt de l’enseignement en présence physique au Cégep de Victoriaville, il y a plus d’un mois en raison de la crise du coronavirus, a bouleversé les habitudes des étudiants et enseignants, mais toute l’équipe a fait en sorte que personne ne soit laissé derrière, sans support.

Même si le stationnement du Cégep est pratiquement vide, ça grouille d’activités virtuelles. (Photo www.lanouvelle.net)

Lors du premier point de presse tenu virtuellement mercredi, les dirigeants du Cégep de Victoriaville ont fait le point sur toutes les mesures mises en place afin d’assurer une continuité virtuelle de l’enseignement régulier et de la formation continue, que ce soit à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie ou à l’Institut national d’agriculture biologique (INAB) ou au Cégep lui-même.

«Même si le stationnement du Cégep est vide, ça fourmille d’activités», a commencé le directeur général Denis Deschamps. En effet, il a indiqué que beaucoup avait été fait, et rapidement, afin de s’adapter à la formation à distance, dictée par le confinement mis en place à la mi-mars.

Il a fallu voir à la mise en place de services essentiels, notamment pour les activités de production maraîchères de l’INAB et pour les étudiants qui habitent la résidence du Cégep (plusieurs qui proviennent de l’international). De l’aide a de plus été mise en place pour appuyer financièrement certains élèves qui avaient perdu leur emploi ou subi une perte de revenus en raison du confinement. En plus, afin de poursuivre les activités d’enseignement, 35 ordinateurs ont été livrés (grâce à la création d’un fonds d’urgence) à des étudiants qui n’avaient pas l’équipement nécessaire pour continuer la session. Même chose pour les connexions Internet, indispensables pour l’enseignement à distance (qui a quand même été compensée dans certains cas par des clés USB). Le fonds d’urgence est également utilisé pour fournir de l’aide financière, selon certains critères, à des étudiants dans le besoin. Plus de 90 demandes ont été faites en ce sens, comme a indiqué Karl Castonguay des affaires étudiantes, et plus de 5000 $ distribués.

Le but était de permettre à la clientèle scolaire de pouvoir terminer cette session, bouleversée par la COVID-19, en tenant compte des réalités différentes de chacun. Par exemple, dans certains programmes, la clientèle a souvent une famille et de jeunes enfants et l’enseignement à distance pose alors certains défis logistiques.

Cela est sans parler des enseignants qui, du jour au lendemain, ont dû s’adapter pour offrir leurs cours à distance. «Les équipes pédagogiques et informatiques ont dû être particulièrement imaginatives pour trouver des solutions à de nombreux défis», a mentionné avec fierté le directeur des études Christian Héon. Ce dernier a confié que lorsque le confinement a commencé, il était découragé. «Mais nous sommes rapidement embarqués dans une opération afin de faire en sorte de ne laisser personne derrière», a-t-il imagé.

La créativité des différentes équipes a été mise à profit ce qui a permis, même dans certains programmes où on croyait que ce serait impossible, de poursuivre l’enseignement. «En électronique industrielle par exemple, on a trouvé des moyens, avec des simulateurs, pour faire de la programmation de robots», a-t-il exemplifié. Tous ont adapté leur méthode pédagogique et se sont réinventés afin de diminuer les impacts négatifs. «Nous avons eu des félicitations de parents contents du soutien et de l’accompagnement faits à leurs enfants étudiants. Au final, on a laissé personne sans gilet de sauvetage et il y avait de la place pour tous dans le canot de sauvetage», a-t-il ajouté.

Du côté des enseignants, Isabelle Charland a témoigné de cette adaptation qui a été nécessaire, notamment dans son programme (soins infirmiers). «On utilise de nouvelles plates-formes comme Teams, des livres et activités interactives. Il a fallu revoir les échéanciers et les évaluations», a-t-elle mentionné. Et faire preuve d’imagination. Isabelle raconte que les stages en milieu clinique ont été remplacés par des études de cas et que pour les évaluations, les étudiants ont démontré les acquis sur des membres de leur famille. «J’ai créé des vidéos et installé des cathéters sur des oranges», dit-elle. Marie-Pier Ouellet, enseignante en techniques d’éducation spécialisée, a ajouté qu’il y avait eu des moments intenses parfois, «mais ce qui nous pousse à aller de l’avant, c’est la réussite de nos élèves».

La télé présence avec les élèves permet également de garder un lien et, pour certains, de briser l’isolement et d’amener une motivation un peu plus difficile à conserver dans les circonstances.

Bien entendu tout n’est pas parfait et il faut s’attendre à un impact sur le taux de réussite, comme a mentionné le directeur général du Cégep. Et il y a déjà une centaine de demandes pour que des notes soient inscrites comme «incomplètes» au bulletin. «Nous sommes déjà en réflexion pour raccrocher les jeunes à l’automne, et ce, même si nous sommes encore dans l’incertitude de ce qui arrivera», ajoute Denis Deschamps.

Pour encourager les étudiants à poursuivre leurs études, le fonds d’urgence pourrait bien se transformer en fonds de persévérance. Parce que certains sont tout simplement disparus du radar scolaire avec le confinement, surtout ceux qui avaient beaucoup de difficulté. M. Deschamps est particulièrement peiné de voir que ceux qui abandonnent sont souvent en situation précaire et que les études constituaient souvent un moyen de s’en sortir.

Mais de nombreux étudiants sont restés fidèles à leur programme, participants aux rencontres, activités et évaluations. Plusieurs auront donc des notes chiffrées, lorsque c’est possible. «Mais on connaît nos étudiants et personne ne va graduer sans avoir atteint le minimum», insiste le directeur général.

La suite est encore incertaine et on ne sait pas ce qu’il adviendra de la session d’été et de ce que l’automne réserve. Le Cégep continuera d’appliquer les mesures de santé publique et mettra tout en œuvre pour poursuivre l’enseignement.