Agriculture urbaine : Victoriaville doit mener le bal

Aujourd’hui, plus que jamais, il faut acheter ici. Manger ici. Se divertir ici. Je dis qu’il faut aussi planter ici et non pas seulement à Saint-Samuel, Saint-Albert ou Saint-Norbert. Il faut planter ici à Victo.

Nous sommes le berceau du développement durable et la maison de la récupération moderne. Nous avons été dans les premiers au Québec à implanter le compost à domicile. Maintenant, nous sommes sans aucun doute des leaders en agriculture urbaine. Il est inutile de chercher très loin pour s’en rendre compte. Quand j’étais au Cégep de Victoriaville, je me rappelle marcher vers le stationnement du Colisée et m’arrêter au petit jardin du coin pour cueillir quelques haricots. Près de chez moi, au parc Lapierre, la ville a dernièrement installé un bac de jardinage sous le sigle des Incroyables comestibles. Si vous ne savez pas de quoi je parle, cet été nous irons marcher sur la piste cyclable pour nous arrêter au Jardin des Rendez-vous et nous partager une bonne tomate fraîche.

Encore plus qu’auparavant, nous avons besoin de ces initiatives d’agriculture urbaine! La COVID-19 aura des conséquences sans précédent – il est impossible de le nier. Oui, ça va bien aller, mais il va falloir se serrer les coudes. Il faut regarder la réalité en face afin d’affronter les défis qui nous attendent. Dans l’actualité, on parle de crise économique, de fermeture des PME, de faillite personnelle, d’une hausse du taux de chômage, de l’accentuation des troubles de santé psychologique, d’isolement prolongé et d’autres problématiques sociales qui sont amplifiées par la présente crise.

Il s’agit là d’un dur constat, mais il existe des solutions et l’agriculture urbaine en fait partie! Les initiatives d’agriculture urbaine en temps de crise ne datent pas d’hier. Un premier ministre qui nous parle d’autonomie alimentaire – comme le fait présentement François Legault – ce n’est pas nouveau. Récemment, les Jardins de la Victoire émergent des archives. Ces derniers étaient un outil essentiel pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale. Le concept était simple : les villes fournissaient des espaces urbains et encourageaient leur population à y faire pousser de la nourriture. Cette idée est réapparue pendant la Grande Dépression. Plus récemment, on peut se souvenir de la crise économique de 2008. Durant cette période difficile, une communauté locale s’était rassemblée pour créer un projet d’agriculture urbaine. Les espaces publics ont vu apparaître des bacs, des semis, puis des aliments frais que tout le monde pouvait récolter gratuitement. Victoriaville porte maintenant les couleurs de ce projet : les Incroyables comestibles.

Tout semble indiquer que Victo peut devenir meneuse dans le domaine de l’agriculture urbaine. Certaines villes ont déjà emboîté le pas pour prouver que ce rêve était possible dans la situation actuelle et la saison de culture ne fait que débuter! La ville de Victoria, en Colombie-Britannique, a décidé de transformer une partie de ses espaces publics – normalement dédiée aux productions florales – en productions de fruits et légumes. Plus près de chez nous, le Jardin Botanique de Montréal doublera sa production de légumes. À Rimouski, la population tente aussi de s’organiser pour encourager l’agriculture urbaine municipale.

Victoriaville, tu as tout pour mener un projet de grande ampleur. Tu as un plan d’agriculture urbaine. Tu as des employés dévoués à cette fonction. Tu as une communauté étudiante et de recherche dans ce domaine. Tu as un réseau d’organismes motivés. Tu as une population fière d’où elle vient. Victoriaville, tu peux devenir un exemple pour les municipalités du Québec. Avons-nous l’audace d’être innovants? Avons-nous les leaders pour porter ce beau projet? Avons-nous la motivation politique de développer notre agriculture urbaine? Personnellement, j’en suis convaincu.

Achetons ici. Mangeons ici. Divertissons-nous ici. Et plantons aussi ici. Donnons vie aux Jardins de l’espoir, et demain sera plus beau si aujourd’hui nous nous serrons les coudes.

Vincent Boisclair