Transformer le Québec, la mission de MARCHÉ B

Une vision anime Alexandre Guilmette, président-directeur général et fondateur de Marché B : transformer le Québec, activer et accélérer sa transition socioécologique et économique.

Il a commencé, en 2018, dit-il, à utiliser une monnaie locale pour la vente aux consommateurs. En janvier 2019, Marché B se trouve finaliste au Gala Nova de la Jeune Chambre de Victoriaville dans la catégorie développement durable.

Puis en novembre dernier, Marché B intègre la monnaie locale dans son système, dans la facturation, la vente en ligne. «Après 10 ans de recherche, on a réfléchi pour convenir que la façon la plus efficace de transformer le Québec consistait à devenir, en quelque sorte, un «Amazon» québécois, une plateforme collective», souligne le PDG.

Les produits et services qui se retrouvent sur Marché B dépassent la frontière locale. «L’achat local, oui, c’est un minimum. C’est nettement insuffisant. On doit aller plus loin et une façon de le faire, c’est l’intégration d’une monnaie locale pour les ventes en ligne», explique M. Guilmette.

Cette monnaie vaut 1 $ canadien, se veut taxable et imposable et pour le moment, elle est activée seulement pour le Québec. «La monnaie locale s’utilise dans une communauté par l’achat de biens et services généralement produits et consommés localement. Elle évite des fuites extérieures. Elle donne un sens à l’activité des marchands et les acheteurs réorientent leur consommation à un réseau d’acteurs connus, des producteurs, des commerçants, des associations, fait-il valoir. En d’autres mots, la monnaie locale permet de cibler l’économie vers un territoire précis et qui a du sens pour la communauté qui l’habite.»

L’entreprise victoriavilloise a emboîté le pas. (Photo gracieuseté)

Marché B a déjà entrepris d’intégrer ses partenaires, comme la Fromagerie Victoria, par exemple, pour rendre accessibles leurs produits et services.

L’entreprise compte sur des bénévoles, des ambassadeurs, des marchands, des représentants, des investisseurs et des livreurs. «Et même des conférenciers, ajoute-t-il, pour porter le message de Marché B et le promouvoir partout au Québec.»

Avant même le lancement officiel du site, Marché B reçoit un bon accueil. Près d’une trentaine de marchands ont répondu à l’inscription lancée lors des premières publications sur les réseaux. «Nous souhaitons d’abord créer une densité et une connexion locale pour proposer une offre intéressante. Un modèle créé à petite échelle, mais qui s’adressera à l’ensemble du Québec. Partout, il y aura davantage de demandes et d’opportunités locales», précise Alexandre Guilmette citant, en exemple, l’hébergement Web, des conférences, du mobilier urbain, de l’alimentation. «Il y a de tout qu’on peut payer avec la monnaie locale. Il n’y a pas de limite.»

Mais l’idée, poursuit-il, n’est pas de proposer n’importe quoi. «On vient sélectionner et choisir qui nous contactons. Les marchands qui s’inscriront, nous les accompagnerons pour qu’ils se transforment, au besoin. On leur démontrera une nouvelle réalité économique parce que, pour nous, c’est aussi un nouveau modèle économique qu’on met en place», énonce-t-il.

Alexandre Guilmette parle d’une nouvelle vision, d’un changement de paradigme. «On change de lunettes, image-t-il. Ce n’est pas un petit changement.»

L’entreprise fournira un portrait en temps réel et avec une approche territorialisée. «Les gens pourront constater la croissance dans telle municipalité ou telle MRC dès que des commerçants s’inscrivent», précise-t-il.

Alexandre Guilmette favorise aussi maillage et décloisonnement. «On veut faire du maillage. Que tous, citoyens, gouvernement, entreprises, soient une belle famille, qu’on travaille ensemble. On cherche un bon maillage entre les différents acteurs. On ne veut pas sentir une compétition. Si des gens sont meilleurs que nous, on veut juste qu’ils soient des alliés, des collaborateurs», exprime-t-il. Dans son modèle, la compétition n’existe pas.

«L’idéologie d’accumulation de richesse, de perception de succès par l’argent, nous, on n’est pas là du tout», fait-il remarquer.

Voilà pourquoi il se veut transparent et exposer publiquement les résultats financiers des 10 dernières années. «On veut aussi, dans nos projections financières, dévoiler sur Internet ce qui s’en vient, affirme Alexandre Guilmette. Comme si l’entreprise privée prend le leadership pour créer un nouveau modèle de référence, un nouveau paradigme.»

Marché B propose un accompagnement aux consommateurs. (Photo gracieuseté)

La pandémie amène le monde, croit-il, à un point de bascule. «Qu’arrivera-t-il après? Idéalement, on ne reviendra pas au même système que nous avions et qui ne fonctionnait pas. Ce n’était pas viable, soutient-il. La mondialisation, ça ne fonctionne pas, ni la création de la monnaie par les banques.»

Pour Marché B, la monnaie locale semble la meilleure solution. Et cette option, fait valoir le PDG, se veut «simple, rapide, efficace et accessible».

Le paiement en monnaie canadienne sera toujours possible. «On ne force pas un modèle. On montre plutôt la voie vers une passerelle qui nous permet collectivement de passer à un nouveau niveau de conscience, d’engagement, de cadre de référence.»

La monnaie locale se gère par un compte virtuel en ligne. Marché B s’offre d’accompagner le consommateur néophyte dans le processus, dans la création de son compte et dans les premières opérations.

Le PDG explique que le «B» dans le nom de l’entreprise signifie «bâtissons ici et maintenant». «Ce qu’on bâtit, c’est  une nouvelle réalité qui inclut le gouvernement, mais qui ne dépend pas de lui. On a des services pour les consommateurs,  pour les entreprises, mais pour le gouvernement aussi, comme nos conférences qui peuvent être données dans les CIUSSS, les municipalités», souligne-t-il.

Marché B remet en question l’idéologie de la croissance économique illimitée, faisant plutôt valoir l’équilibre économique. «Les personnes qui ne disposent que d’un minimum pour vivre, on veut les ramener dans une fondation sociale de base acceptable et digne de l’être humain», fait valoir Alexandre Guilmette.

Il prêche par l’exemple avec le fonds privé de son entreprise et qui redonne jusqu’au Congo, le pays le plus pauvre de l’Afrique. «Depuis deux ans, on verse 1% de nos profits aux Incroyables comestibles du Congo, car il y a un engagement social des citoyens, observe-t-il. On contribue à rééquilibrer un peu la solidarité nord-sud.»

C’est donc, selon Marché B, une toute nouvelle avenue qu’on propose d’emprunter. «Nous visons l’achat local, mais en allant plus loin, avec l’approche d’économie circulaire, écologique, en plus de tout l’aspect d’insertion sociale. On considère chaque individu du système comme un acteur qui peut contribuer», indique M. Guilmette qui voit s’ouvrir toutes grandes les portes du Québec.