Du soutien pour toutes les facettes de la sécurité alimentaire

Alors que le Québec entame sa 4e semaine sous l’état d’urgence sanitaire dû à la maladie du Covid-19, la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles tient à souligner l’apport quotidien des organismes communautaires rassemblés par ses membres, à travers le Québec. La conjoncture a donné davantage de visibilité à certains enjeux, par exemple en matière de sécurité alimentaire, mais même dans ce domaine, le soutien gouvernemental apporté n’a pas permis de couvrir tous les besoins.

«Le milieu communautaire contribue d’une multitude de façon à accroître la sécurité alimentaire de la population, de dire Odile Boisclair, présidente de la Table. Toutes les formes doivent être prises en compte dans la réponse gouvernementale, les banques alimentaires, tout autant que des formules auxquelles on ne pense pas à première vue.»

La Table veut ainsi mettre en valeur la nécessité et la complémentarité des différentes facettes de la sécurité alimentaire, telle qu’elle s’exprime chez les membres des plusieurs regroupements provinciaux qu’elle rassemble.

«Les centres communautaires pour aînés se sont adaptés pour soutenir le plus adéquatement possible les personnes aînées confinées à leur domicile, souligne André Guérard, de l’Association québécoise des centres communautaires pour aînés. En plus de continuer d’assurer la sécurité alimentaire des personnes aînées, nos membres effectuent des milliers de communications téléphoniques et par courriels, afin de les sécuriser, de garder le lien et de maintenir un filet social fort. L’approvisionnement en nourriture, la préparation et la distribution des repas sont d’une complexité sans précédent, surtout pour nos membres qui s’appuyaient principalement sur une implication bénévole. Ils ont non seulement besoin de fonds d’urgence, mais ceux-ci ne doivent pas occasionner de lourdeurs administratives, car toutes leurs énergies sont requises pour aider les plus vulnérables.»

«En plus de contribuer au soutien alimentaire des personnes isolées et vulnérables, les centres d’action bénévole (CAB) s’assurent de leur bien-être physique et psychologique, de dire Michel-Alexandre Cauchon, de la Fédération des centres d’action bénévole du Québec. Pour nous, la sécurité alimentaire va bien au-delà de l’alimentation puisque souvent, les gens soutenus par nos membres sont aux prises avec d’autres problématiques. La période actuelle leur fait vivre énormément de détresse et d’anxiété et les bénévoles jouent un rôle essentiel pour garder le contact et établir la confiance, permettant ainsi au CAB de diriger les personnes vers les ressources appropriées. En plus des coûts reliés aux aliments fournis, l’encadrement de bénévoles demande d’importantes ressources, notamment pour des salaires et de l’équipement. Les CAB ont donc besoin d’urgence d’un financement adapté à leur situation.»

«Les valeurs de solidarité et d’entraide ayant toujours caractérisé le travail quotidien des groupes de cuisine collective, rappelle Jocelyne Gamache du Regroupement des cuisines collectives du Québec, il se sont tout naturellement tournés vers le soutien des plus vulnérables. Cuisinés et livrés dans des conditions sécuritaires, les plats sont destinés à des personnes confinées ou qui ne peuvent accéder à des denrées. Mais nos membres vivent de grandes difficultés. La plupart n’ont plus accès aux locaux pour cuisiner, manquent d’aliments de base et de véhicules de livraison. Le confinement empêche aussi la participation à ces étapes de nombreuses personnes, salariées comme bénévoles. Les groupes de cuisines collectives ont rapidement besoin de soutien pour continuer d’apporter, oui de la nourriture, mais aussi faire en sorte que des personnes se sentent moins isolées.»

«En plus d’être un service alimentaire de qualité et à faible coût, le service de la popote roulante contribue au maintien à domicile, conclut Annie-Michèle Carrière, du Regroupement des popotes roulantes du Québec. Nos membres jouent un rôle essentiel dans la société en assurant également une vigie pour les personnes en perte d’autonomie, majoritairement aînées, qui ont le souhait de rester le plus longtemps possible chez elles. Leur visite constitue souvent la seule visite que ces personnes recevront dans leur journée et elle procure un sentiment de sécurité pour eux, ainsi qu’aux nombreux proches aidants. Devant une demande toujours grandissante, combinée au confinement des bénévoles, dont la moyenne d’âge est de 72 ans, il est évident que si les popotes roulantes ne reçoivent pas un appui financier d’urgence, plusieurs milliers d’aînés pourraient voir leur service de livraison de repas interrompu.»

Répartis dans toutes les régions, ces organismes sont non seulement nécessaires au bien-être de la population, mais également face à l’ensemble des organismes communautaires du Québec. La Table invite donc le gouvernement à les soutenir, et, plus largement, à préciser ce qu’il prévoit faire pour supporter financièrement l’ensemble des organismes communautaires du Québec. Ceux qui ont interrompu leurs activités collectives n’ont pas pour autant cessé de soutenir les personnes qui les fréquentaient, parfois quotidiennement. Des activités très créatives se sont organisées, dont des cafés-rencontres-virtuels par des centres de femmes ou des bingos-virtuels pour briser l’isolement des personnes handicapées. L’entraide passe maintenant plus par téléphone, que ce soit pour l’allaitement, la préservation d’une bonne santé mentale, etc.