S’arrêter, réfléchir pour repartir!

J’écoute actuellement les capsules proposées par Johanne Lemieux, psychoéducatrice, sur les réseaux sociaux, spécialement sur Facebook. Elle fait un lien entre ce qu’on vit actuellement, la COVID-19 et le «deuil de la vie d’avant».

Quand le coronavirus est apparu en Chine, cela ne nous dérangeait pas. C’était loin de chez nous. «Ça ne viendrait pas jusque chez nous.» Nous étions tous à penser que rien ne serait changé dans notre vie. Nous étions dans le DÉNI. La vie se continuerait et notre rythme de vie dans l’abondance se poursuivrait. Nos luttes contre la pollution, notre surconsommation, nos salaires assurés, nos  syndicats, etc…le luxe quoi!

Le matin où cette épidémie commence à se propager en dehors de la Chine et dans des pays qui se rapprochent du nôtre…et bien là nos plans commencent à changer. D’abord c’est la panique… on se lance dans la consommation de biens en quantité parce qu’on ne sait pas ce qui va arriver. Les réserves de papier de toilette, kleenex, bouffe etc… C’est la folie dans les épiceries et les magasins à grande surface.

Puis, il faut trouver des coupables!  C’est la faute des touristes, «qu’ils restent chez eux » et des «snowbirds» qui reviennent de la Floride, de ceux et celles qui poursuivent leur vie sans en tenir compte. On enferme les personnes âgées dans leur CHSLD, en tout cas les 70 ans et plus, on demande aux plus jeunes de faire des commissions pour leurs parents, on ferme les services «non essentiels» à la population, on s’attaque à une réorganisation des magasins qui restent ouverts, avec leurs lignes orange sur le plancher pour la circulation, on installe du désinfectant et une personne qui surveille à l’entrée et qui pose des questions et … à l’extérieur on attend en file d’attente avec distanciation sociale comme au temps de la guerre…. on prend tous les moyens!

La panique, l’agressivité, les jugements s’emparent des réseaux sociaux! Deuxième étape du «deuil de la vie d’avant». Tout le monde se surveille, la colère monte du côté des personnes âgées, une «nouvelle police» surveille les réseaux sociaux (ils n’ont rien d’autre à faire puisque coincés à la maison) puis des mesures plus drastiques sont mises en place par le gouvernement. Les familles doivent rester en famille et ne plus recevoir qui que ce soit à la maison, aucun regroupement n’est permis ni chez soi ni même dans les rues de notre ville et du pays en entier. Les écoles sont fermées et les enfants sont à la maison.

Maintenant des amendes salées peuvent être données et c’est chacun pour soi des deux côtés de la rue de préférence. Tu demeures dans ta ville puisque des surveillances sont effectuées dans plusieurs régions, personne ne peut entrer où il veut et est vite retourné chez lui.

Le chômage ne fournit pas avec des milliers, des millions de demandes; pratiquement aucun magasin de service n’est ouvert, tu ne changes pas tes pneus d’hiver pour ceux d’été, c’est interdit. La Bourse craque, des commerces et petites entreprises seront perdus!

Après un mois avec un pays «dans tous ses états», il me semble que nous serions en train de passer à une autre étape. Il y aurait comme une sorte d’acceptation de ce qui se vit et vient changer nos habitudes fondamentales. Au lieu de «faire de la surveillance» des autres, il y aurait comme une réflexion qui trace son chemin. «Pensez positifs», arc-en-ciel coloré avec un slogan «ça va bien aller», des gens qui ne se connaissent pas se salue sur la piste cyclable…à distance bien sûr.

Les réseaux sociaux sont envahis par des talents qui émergent de partout avec des chansonnettes, des textes de réflexion, des discours politiques et même par des prêtres qui ne veulent pas perdre «leur clientèle». Des messes en ligne, des cours en ligne par les universités qui veulent aller au bout de la session, les étudiants aussi! Les mots, les images de douceur, les chants d’oiseaux, les réflexions religieuses. L’achat en ligne devient le modèle de consommation ainsi que les livraisons à domicile par les restaurants….je n’oublie pas aussi les enfants qui s’habituent à rester collés à leur ordinateur ou cell pour jouer. Des sites d’apprentissage pour eux sont ouverts sur le Web… une génération qui ne croira plus qu’il faut se rendre à l’école pour apprendre!

Autre étape, celle de la réorganisation. Tranquillement, on se dirige vers une société centrée sur son propre questionnement. De l’intérieur, un être humain redevient humain, la vie retrouvera-t-elle sa simplicité? La mondialisation était-elle une bonne chose? La démondialisation sera-t-elle la solution dans l’avenir? Nos valeurs seront-elles les mêmes ou auront-elles changées? Maintenant la cause n’est plus la Chine, mais elle est communautaire, la Tour de Babel vient de s’écraser comme les tours jumelles lors du 11 septembre, le souvenir de la grippe espagnole refait surface comme si les tragédies humaines faisaient partie de la vie.

Et oui, malheureusement tout ça, c’est la vie.

Nous sommes en chemin vers une nouvelle «construction», une nouvelle humanité, une nouvelle identité. Comme par hasard, tout ceci arrive pendant la période du carême, la Semaine sainte. Les croyants s’accrochent donc à leur espérance et à leur foi. Pour les autres qui se disent peut-être «athées», ils ne savent plus vers qui se tourner. Où d’autres encore commencent à rêver à leur standard de vie futur…comme avant!

Quoi qu’il en soit, il restera des traces de cette crise, les services sociaux n’ont pas fini avec les stress post-traumatiques, les dépressions et les personnes marquées par la solitude. Le système économique prendra des années à s’en remettre, les valeurs de société et celles personnelles seront changées en espérant que ce soit pour le mieux.

Et oui, malheureusement d’autres oublieront vite cette situation et reprendrons leurs bonnes vieilles habitudes, mais…au moment où on y est …réfléchissons et prenons le temps de voir au comment nous reprendrons notre vie? Là où elle était ou là où les changements apportés apporteront plus de sens? Personnellement, je ne cours pas après les crises, mais je finis par les apprécier parce qu’elles me font grandir. Et celle-là en particulier nous met tous sur le même pied, riche ou pauvre, jeune ou âgé, cadres supérieurs ou serviteurs, tous nous avons à nous redéfinir.

Oui ça va déjà mieux .. si on est capable de prendre le temps de réfléchir et de vivre avec la pandémie dans l’ici et maintenant!

Chantal Gardner