La FSSS–CSN réclame une prime de 3 $/l’heure en santé

Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), l’arrêté ministériel signé aujourd’hui par la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, n’est pas du tout à la hauteur des attentes des travailleuses et des travailleurs du réseau public, qui luttent chaque jour contre la COVID-19.

Les conditions ainsi imposées par le gouvernement ratent la cible, que ce soit en ce qui a trait à la santé et à la sécurité du personnel ou à la reconnaissance du travail de tous les salariés.

«Nos membres répondent présents tous les jours, par engagement, par fierté, avec courage, pour soigner la population et contribuer à l’effort de guerre contre la pandémie, explique le président de la FSSS–CSN, Jeff Begley. Ils se présentent au front, même lorsqu’ils n’ont pas l’équipement nécessaire; ils doivent respecter des directives des établissements qui vont parfois à l’encontre des recommandations de la santé publique. Le gouvernement et les employeurs les mettent en danger, chaque jour. Nous sommes en droit de nous attendre à un engagement sans ambiguïté du gouvernement à l’effet que tout doit être mis en place pour assurer la santé et la sécurité de toutes les travailleuses et tous les travailleurs. Pour nous, à la FSSS–CSN, la publication de cet arrêté ministériel est un autre coup dur pour le personnel. Nous ne pensions pas devoir mener une lutte pour obtenir le droit à la santé et la sécurité du personnel et une véritable reconnaissance de l’ensemble du personnel dans les circonstances ».

Prime

En ce qui a trait à la prime de reconnaissance offerte par le gouvernement, la FSSS-CSN déplore sa hauteur de même que l’approche à deux vitesses retenue par le gouvernement. Certains salariés recevront une prime de 8%, d’autres de 4%, alors que pourtant, l’ensemble des salariés du réseau de la santé et des services sociaux sont sous pression de façon continuelle durant cette crise, et ce, dans tous les titres d’emploi.

De plus, pour la FSSS–CSN, les montants offerts sont très en deçà des attentes, en particulier pour les plus bas salariés. Ainsi, une préposée aux bénéficiaires en CHSLD, au dernier échelon, obtiendra une prime de 1,79 $ l’heure alors que si elle travaille dans un centre hospitalier où il n’y a pas de cas de COVID-19, elle n’aura que 0,89 $, tout comme une auxiliaire aux services de santé et sociaux.

Une agente administrative à l’accueil de l’hôpital recevra 0,76 $ l’heure alors qu’un préposé aux services alimentaires ou à la buanderie aura quelque 0,79 $, l’heure. Quant au préposé à l’entretien ménager d’un centre hospitalier, cette prime lui rapportera 0,77 $ l’heure, à moins qu’il n’œuvre uniquement dans une unité COVID-19, ce qui lui vaudra 1, 55 $ l’heure. Ce ne sont que quelques-uns des titres d’emploi qui sont en contact au quotidien avec des patients atteints de la COVID-19, qui manipulent des instruments et équipements infectés et qui sont au cœur de notre réponse collective à la crise.

«Nous sommes toujours d’avis que toutes les travailleuses et tous les travailleurs devraient être traités de façon équitable. C’est pourquoi nous maintenons qu’une telle prime devrait être d’un montant fixe d’au moins 3 dollars l’heure pour tous les salariés, car ils ont tous droit à la pleine reconnaissance des efforts extraordinaires qu’ils déploient en ce moment», poursuit Jeff Begley.

Rendez-vous manqué

Pourtant, la FSSS–CSN a répondu favorablement à l’appel lancé par le gouvernement à la fin mars pour convenir de mesures exceptionnelles. Elle s’est présentée devant le Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux avec quelques propositions ciblées.

Notamment :

Les uniformes fournis et entretenus

La limitation des déplacements entre les sites

Le maintien de l’ensemble de la rémunération à l’occasion de déplacement

Le maintien de la rémunération dans les situations d’isolement

La mise en place d’un système de transport sécuritaire afin de limiter la propagation

L’objectif de la FSSS–CSN était, et demeure, de protéger tous les travailleurs et travailleuses qui ont actuellement des craintes et des inquiétudes extrêmement légitimes. Les syndicats de la FSSS–CSN constatent plusieurs problèmes sur le terrain en matière de santé et de sécurité du travail.

Cas par cas

Les mesures annoncées aujourd’hui sont insuffisantes à plusieurs points de vue. «Par exemple, comme ces mesures ne vont pas assez loin, nous serons obligés de mettre de l’énergie, au cas par cas, pour ne pas exposer les femmes enceintes à des risques, poursuit Jeff Begley, et obtenir le retrait des personnes vulnérables de milieux à risque. N’est-ce pas là la moindre des choses de ne prendre aucune chance? Nous nous serions attendus à plus de considération à l’égard des travailleuses et des travailleurs qui courent chaque jour de sérieux risques pour leur santé.»

La FSSS–CSN proposait des mécanismes simples permettant de protéger les personnes les plus à risque. Les propositions de la FSSS–CSN visent non seulement à protéger le personnel, mais également à prévenir la contamination communautaire. «Demain, il y aura encore des travailleuses et des travailleurs qui ne disposeront pas de l’équipement de protection nécessaire. Ils continueront de prendre les transports en commun, de visiter leur clientèle à domicile, de servir au mieux de leur capacité une clientèle qui peut souvent être contagieuse sans même le savoir», de déplorer Jeff Begley.

De plus, la FSSS déplore certaines des conditions de travail prévues dans l’arrêté ministériel, par exemple lors d’un mouvement de personnel rendu nécessaire par la crise, qui auront pour effet net de diminuer le revenu de certains salarié-es en leur niant des primes dont ils bénéficient habituellement.

«Le gouvernement devrait plutôt miser sur la solidarité et la reconnaissance de l’ensemble de ses anges gardiens, plutôt que de jouer sur le terrain de la division», de conclure Jeff Begley.

À propos

Affiliée à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Fédération de la santé et des services sociaux regroupe notamment quelque 90 000 salariés du réseau public de la santé et des services sociaux, partout au Québec et dans toutes les catégories de personnel.