COVID-19 : le logement communautaire, un service essentiel sous tension

Le secteur du logement social et communautaire a été décrété par le gouvernement du Québec comme faisant partie des services essentiels.

«Les 1200 OSBL d’habitation du Québec sont évidemment sur le qui-vive, dit Chantal Desfossés, directrice générale du RQOH. Ils procurent quelque 55 000 logements abordables et sécuritaires à des personnes à faible revenu ou en situation de vulnérabilité, dont de nombreuses personnes aînées.» Le RQOH s’assure, depuis le début de la crise, que soient transmises les directives de santé publique afin de protéger au mieux les locataires des logements communautaires, les employés et les bénévoles.

Portrait de la situation

Chantal Desfossés explique : «Un sondage réalisé ces derniers jours auprès de nos membres a permis de recueillir des données détaillées sur ce qui se passe sur le terrain. Pour affronter la crise de la COVID-19 dans le secteur du logement communautaire, les besoins sont nombreux et touchent plusieurs aspects».

L’enquête révèle que jusqu’à présent, les OSBL d’habitation ont fait face à la situation avec beaucoup d’empressement, de dévouement et de résilience. Plusieurs soulignent les efforts supplémentaires déjà mis de l’avant pour renforcer les mesures d’hygiène et d’entretien, pour livrer des repas aux locataires, pour informer et rassurer les résidents et les employés. Toutefois plusieurs craignent de ne pas avoir les ressources nécessaires pour maintenir les services actuels si la situation se détériorait, notamment si les cas de maladie devaient se multiplier au sein des locataires et du personnel. «Peu d’organismes pourraient remplacer rapidement des postes liés à l’entretien ménager, à la cuisine, au service des repas aux résidents, à la surveillance des entrées et sorties, aux interventions sociales, et à l’accompagnement des résidents pour les rendez-vous médicaux.»

«Beaucoup de bénévoles ont dû cesser leur engagement, ajoute Chantal Desfossés, ce qui a des conséquences sur l’isolement de certains groupes de locataires et le fonctionnement des organismes.» C’est donc avec soulagement que le RQOH a accueilli le déploiement de la plateforme jebénévole.ca. L’organisme invite les OSBL d’habitation et les personnes intéressées à les soutenir à s’y inscrire pour faciliter les jumelages.

Vigilance dans les résidences pour aînés

L’application des consignes est particulièrement exigeante dans les résidences et les OSBL d’habitation pour personnes aînées. Les gestionnaires et leurs équipes travaillent très fort, en ce moment, pour voir au respect des consignes et en même temps rassurer les locataires. Le MSSS doit être attentif à leurs besoins et leur offrir tout le soutien nécessaire, incluant un soutien financier pour éviter que les coûts supplémentaires engendrés par la pandémie viennent mettre en péril l’abordabilité des loyers.

Les OSBL d’habitation mentionnent également qu’ils sont inquiets de la disponibilité des équipements de protection. «Nous demandons au MSSS de faciliter l’approvisionnement sans frais de matériel de protection du personnel et des bénévoles qui demeurent en première ligne en tant que services essentiels dans les cas où ce matériel est requis.»

Le RQOH salue l’annonce du gouvernement du Québec de l’octroi d’une aide d’urgence de 133 millions aux institutions qui hébergent ou accueillent des personnes aînées ou des clientèles avec des besoins spécifiques, afin de les aider à faire face à la pandémie de COVID-19.

«L’octroi d’une aide financière d’urgence aux résidences pour personnes aînées, incluant les quelque 200 résidences OSBL, afin de soutenir la mise en place de mesures de prévention requises par la santé publique est une bonne nouvelle. Une aide similaire doit également être offerte aux OSBL d’habitation qui accueillent des personnes aînées, mais ne répondent pas à la définition d’une résidence, et dont on s’attend qu’ils appliquent les mêmes mesures préventives. Le gouvernement doit également rehausser immédiatement de 10 millions $ l’enveloppe consacrée au soutien communautaire en logement social afin de répondre aux besoins des locataires dans un contexte particulièrement anxiogène et déstabilisant. »

Le logement aux plus vulnérables a besoin de soutien

Le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation et la Société d’habitation du Québec ont également été interpellés par le RQOH. «Les groupes doivent pouvoir reporter les paiements d’hypothèques, comme l’a fait la SCHL pour les projets de logement communautaire fédéraux», explique Chantal Desfossés. La SHQ a annoncé le lundi 30 mars qu’elle était favorable à ce que les organismes obtiennent un moratoire de la part de leurs institutions financières, cependant cet appel à plus de souplesse ne comporte aucune garantie.

Selon Chantal Desfossés, «les organismes ont besoin de cette marge de manœuvre pour pouvoir absorber les retards du paiement des loyers par les locataires en grande précarité et pour faciliter l’embauche de personnel essentiel». À cet égard, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale devrait offrir prioritairement des mesures spéciales d’aide au recrutement et au maintien à l’emploi aux employeurs qui offrent des services essentiels, dont les OSBL d’habitation.