Valorix : l’agriculture de performance

Les outils numériques font désormais partie de l’ADN agricole. La flambée de coûts des terres force les agriculteurs à revoir leur façon de les exploiter. Valorix, une entreprise warwickoise, accompagne ces entrepreneurs dans l’optimisation de chaque parcelle de terre.  

Frédéric Vincent est agronome. Marie-Ève Goyer détient son titre de comptable professionnelle agréée. Ensemble, ils dirigent depuis une décennie Valorix. L’entreprise s’intéresse aux technologies de l’environnement permettant la valorisation de certains rejets. Mais, encore plus en aval, elle propose du soutien afin de maximiser le rendement des terres en culture. «Lorsqu’on parle d’agriculture de précision, il s’agit d’aller dans le détail. Aujourd’hui, on utilise davantage l’appellation agriculture numérique. Par-là, on entend l’utilisation de logiciels spécifiquement développés pour l’amélioration des champs, que ce soit par des plans de nivellement, de drainage et, plus récemment, une cartographie des champs», commence M. Vincent.

GPS

D’emblée, l’agriculture de performance requiert un entrepreneur désireux de faire mieux. On évalue ses terres par une topographie numérique et on les maximise par nivellement afin d’éliminer les endroits susceptibles d’amasser les surplus d’eau. Les sols doivent se prêter à la performance. Cette reconfiguration n’est pas toujours nécessaire, signale Frédéric Vincent, car plusieurs ont déjà de beaux champs.

Une fois le terrain prêt, on effectue une cartographie par GPS. En fonction des cartes des sols disponibles, fournies par le MAPAQ, et des données de rendement du cultivateur, on procède à des échantillons par point, un par hectare. Ainsi, on ne gère plus les champs dans leur globalité, mais en considérant les particularités de ses multiples fractions. «L’ancienne méthode était une analyse par 10 hectares, ce qui donnait une moyenne du champ. On mettait de l’engrais en fonction de cette donnée. Maintenant, on le découpe en zone de un hectare, qui aura sa propre prescription», explique l’agronome.

Environnement

On pratique ensuite «des corrections à taux variable de différents éléments du sol» comme pour le potentiel hydrogène (pH). Ce taux, qui varie selon les diverses sections du champ, permet des économies importantes. L’idée d’utiliser la bonne dose à la bonne place accentue également le rendement des sols qui présentent des besoins supplémentaires. «C’est meilleur pour l’environnement aussi, estime Marie-Ève Goyer. On ne vient pas compacter notre sol de pH pour rien.» De fait, les surplus d’engrais et d’autres ajouts non absorbés finissent bien souvent dans les cours d’eau.

Pour l’engrais, Fredéric soulève qu’il faut considérer le sol comme un garde-manger. «Le sol a des réserves de potassium et de phosphore. À chaque point d’analyse, on peut constater le niveau de remplissage du garde-manger. On sait, d’après les valeurs de référence au Québec, quelle valeur optimale l’on recherche», explicite-t-il. Ainsi, l’on enrichit le sol selon ses besoins réels. Car en mettre trop n’augmente en rien le rendement des cultures et ne fait que gonfler la colonne des dépenses.

La plus grande précision porte ses fruits rapidement. Car il y a des coûts, des investissements auxquels consentir. Mais, au bout de quelques années, la différence apparaît marquante et rentabilise les efforts.

Leur service, qui se décline en plusieurs phases, en est surtout un de coaching. Oui, il y a la technique, les outils et le travail sur le terrain qui demeurent physiques. Toutefois, le couple mise beaucoup sur la compréhension des agriculteurs des étapes et bienfaits de l’agriculture de performance. Pour changer les habitudes, il faut également une préparation.

«Les gens sont plus sensibles à certaines réalités et ils savent qu’ils doivent faire quelque chose. Le coût des engrais monte, le prix des terres aussi. Leur petit lopin de terre, ils veulent le rentabiliser», constate Mme Goyer.

Terroir

Le duo de professionnels accompagne les agriculteurs, opère sa propre ferme laitière, en plus de s’occuper d’animaux d’élevage. Ils proposent différents produits, de la viande au sirop d’érable, dans la boutique de leur cabane à sucre, Aux petits plaisirs. Cette année, ils n’offriront pas de repas de cabane à la faveur du temps des sucres. Or, il demeure possible de s’y rendre, sur rendez-vous, afin de se procurer différents aliments de leur production. Ils livrent gratuitement à Warwick.

À l’automne, ils s’inscriront à nouveau dans un des parcours de la Balade gourmande.