Retour chaotique pour un Victoriavillois en vacances au Portugal

Globetrotter, Nicolas Larochelle s’est rendu à Lisbonne, le 17 février, la capitale nationale du Portugal. Il y avait loué un appartement et il devait y séjourner six semaines. La pandémie de la COVID-19 a cependant changé les plans et mis fin prématurément à son séjour dans le sud de l’Europe.

C’était la cohue à son arrivée à l’aéroport de Montréal. (Photo gracieuseté)

Il faut remettre en contexte qu’à son départ de la région, seule la Chine défrayait véritablement les manchettes en lien avec le coronavirus. Jamais il n’aurait pensé, comme à peu près tout le monde à ce moment, que ses vacances auraient été perturbées par le virus. Il a eu le temps d’accueillir ses parents durant deux semaines et quelques amis.

Après coup, à mi-chemin de son séjour à Lisbonne, les autorités municipales ont rapidement mis en place des mesures pour limiter la propagation de la COVID-19. Les bars ont été fermés, puis les restaurants. Des agents armés étaient postés devant les supermarchés.

Devant la situation, l’un de ses amis a décidé de changer son vol de retour. Ne faisant pas affaire avec la même compagnie aérienne, Nicolas Larochelle a eu plus de difficulté. Les coûts des vols aériens avaient explosé et le Victoriavillois de 42 ans hésitait à quitter son appartement qui lui coûtait 1000 $ par semaine. En principe, il devait demeurer encore une quinzaine de jours au Portugal.

En raison des coûts élevés, il considère d’effectuer son isolement à Lisbonne et même de vivre l’entièreté de la crise au Portugal. La fermeture des frontières l’amène toutefois à reconsidérer cette option. Il décide plutôt de rentrer au pays. Dans ses démarches, il constate rapidement que son retour se fera à fort prix. Les vols intérieurs, disponibles de 30 à 40 euros habituellement, se détaillent désormais à quelque 400 euros.

Il finit par dénicher un vol Lisbonne-Paris in extremis, au coût de 200 euros. «C’était le dernier vol. C’est ce qu’on nous a annoncé dans l’avion. Il était minuit moins une», a-t-il raconté.

Nicolas Larochelle n’était pas au bout de ses peines. À son arrivée à l’aéroport Charles-de-Gaulle, il est considéré comme un immigrant illégal. Il faut préciser, à ce moment, que les gens doivent remplir un document pour justifier leurs déplacements à Paris. Ce qui n’était évidemment pas son cas. À l’aéroport parisien, mercredi dernier à 20 h, il est confiné dans une zone de transit et il lui est impossible de récupérer sa valise, ce qu’il pourra finalement faire à la suite d’une discussion avec un militaire. Son vol de retour est prévu le jeudi à 12 h 15. L’attente est longue, comme plusieurs autres voyageurs réunis sur place. Bien que ce ne soit pas permis, il doit se résigner à dormir à l’aéroport, mais le réveil est brutal, sous les aboiements de chiens formés pour réveiller les récalcitrants.

Comme si ce n’était pas assez, l’avion ne décolle pas comme prévu. On prétexte l’attente d’une pièce d’équipement, ce dont doutent fortement M. Larochelle et les autres passagers. Ceux-ci, à 16 h jeudi, sont invités finalement à se rendre à un hôtel pour y passer la nuit. Ils sont plus de 350 personnes pour les quelque 200 chambres disponibles.

Nicolas Larochelle a dû se limiter à manger quelques arachides de distributrices dans les derniers jours. «Puisque nous sommes arrivés dans les 20 premiers à l’hôtel, on a pu mettre la main sur des pizzas pochettes», a-t-il dit.

Le lendemain matin, vendredi, il a enfin pu prendre l’un des trois vols d’urgence en direction du Canada. Non sans voir une jeune Québécoise être sauvagement arrêtée à l’aéroport en raison de ses problèmes de santé. Visiblement affaiblie, les policiers, armés de mitraillettes, l’ont interceptée brusquement. «C’était intimidant. C’était fait devant tout le monde. Je ne comprends toujours pas que les aéroports ne soient pas outillés, qu’ils n’aient pas des cliniques isolées pour accueillir les personnes dans le besoin.»

Il a finalement quitté la France et il était de retour chez lui, à Victoriaville, vendredi soir vers 18 h. À son arrivée à Montréal, l’aéroport était bondé. Il a pris les mesures d’hygiène requises et il est présentement en quarantaine dans sa résidence sur le bord de l’eau, et ce, pour 14 jours. Il est en parfaite santé, si ce n’est que d’une certaine déshydratation et d’un léger mal de tête.

Pas son premier rodéo

Voyageur d’expérience, Nicolas Larochelle est demeuré calme, malgré l’urgence de la situation. Il n’a jamais paniqué. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il est confronté à du danger en sol étranger.

À deux reprises, il a dû prendre des vols de rapatriement en raison de cyclones, alors qu’il se trouvait en Afrique. Des attentats et des crises politiques ont aussi marqué certains de ses séjours à l’extérieur du pays.

«J’étais serein. Tant que je suis en santé et que j’ai toute ma tête, je ne suis pas inquiet. Et comme Québécois, nous avons cette capacité de gestion. Mon expérience m’a également bien servi. Je n’aurais pas aimé vivre cette situation dans mes premiers voyages», a-t-il exprimé.

Juste cette année, il a eu le privilège de visiter sept pays. Il voyage depuis qu’il a l’âge de 19 ans. Il passe quelque quatre mois à l’étranger par année et il a visité au total plus de 35 pays.

Des impacts majeurs

Propriétaire de la Zone Grise, dans le Quartier Notre-Dame à Victoriaville, Nicolas Larochelle mesure l’ampleur de la crise actuelle. Il considère que plus rien ne sera comme avant. Il estime que les impacts de cette pandémie de la COVID-19 devraient se faire ressentir durant plusieurs années.

Il croit, entre autres, que plusieurs compagnies aériennes ne survivront pas, comme de nombreuses PME, dit-il. Il estime que ce sera notamment très difficile pour plusieurs restaurateurs. «Les grandes chaînes vont survire, mais plusieurs commerçants locaux pourraient avoir de la difficulté à poursuivre. C’est triste. Ça tue l’âme d’une ville.»

Bien qu’il se montre inquiet pour l’économie, il envisage ultérieurement de continuer à voyager. Ça fait partie, ni plus ni moins, de son ADN. Il ignore cependant quand il pourra repartir. Il devait se rendre à Sainte-Lucie, près de la Martinique, en avril. Ce voyage devra évidemment être reporté.

Propriétaire de plusieurs appartements, il se demande aussi si ses locataires seront tous en mesure de répondre à leurs obligations. «Si certains perdent leur emploi et qu’ils ne peuvent plus me payer, je devrai reconsidérer mes déplacements. Ça devient un cercle vicieux.»