COVID-19 : Marie-Soleil Blais au cœur du chaos en Europe

Avant d’envahir l’Amérique du Nord, la COVID-19 a tout d’abord durement touché les pays européens. En camp d’entraînement sur l’île espagnole Mallorca, la cycliste professionnelle Marie-Soleil Blais se retrouve au cœur d’un véritable parcours à obstacles pour rentrer à Saint-Rosaire, son village natal. 

«Le gouvernement espagnol a demandé des mesures de confinement similaire à ce que l’Italie a fait récemment. C’est une mesure ultra agressive où tout est fermé. Les déplacements sont désormais permis pour huit raisons seulement. Se promener à vélo ne fait pas partie des choses nécessaires et permises», a raconté la cycliste de 31 ans.

Pas plus tard que vendredi dernier, certaines courses cyclistes se déroulaient encore en Europe. Véritable passionnée, Blais a voulu jusqu’à la dernière minute prendre part aux différentes épreuves prévues à son calendrier avec son équipe Cogeas Mettler Pro Cycling Team. La dureté de la crise l’a cependant frappée de plein fouet pour la convaincre de sauter dans le premier avion pour rentrer à la maison. Avec les frontières qui ferment et les vols qui s’annulent les uns après les autres, revenir au Canada, lorsqu’on est sur une île de la Méditerranée, devient ardu.

Ainsi, lorsque joint par le www.lanouvelle.net, Blais prévoyait partir de Mallorca mardi matin pour arriver au Canada jeudi soir après des escales dans les aéroports de Madrid et de Paris. «Dans la journée de lundi, mes deux vols ont été annulés. Avant que ça soit remboursé, ça prend du temps. Je ne sais plus combien de vols j’ai achetés. Mes cartes de crédit étaient pleines, donc quand j’ai tenté de prendre un autre vol, mes deux cartes avaient été bloquées. J’ai réussi à parler à mon frère qui m’a aidée. Par la suite, avec ma carte de débit, j’ai voulu aller au guichet, car je me disais que je ne pouvais pas passer quatre jours dans les aéroports sans une carte de crédit qui fonctionne. Je me suis fait intercepter par la police en y allant.»

Une situation qui a changé du tout au tout

La semaine précédente seulement, Blais était en train de planifier son nouveau calendrier. La vitesse à laquelle la pandémie se propage a cependant fait tomber les plans. «Ce n’est vraiment pas drôle ce qui se passe ici. […] Nous devions aller en Hollande (Pays-Bas), mais nous avons su il y a une semaine que nous n’y allions plus. Nous étions donc en train de planifier notre séjour en Belgique pour les courses prévues à la mi-mars et à la fin de ce mois. Je planifiais mes choses. J’avais un vol jeudi dernier pour m’y rendre, mais à la dernière minute, nous nous demandions si ça valait la peine d’y aller, si ça allait être annulé. Je me suis dit que j’allais rester à Mallorca et que je partirais en Belgique dès lundi. Puis lundi est arrivé et je voulais rentrer au Canada.»

Si c’est aussi difficile pour Blais de revenir ici, c’est qu’à l’heure actuelle, personne ne se présente pour prendre son vol. Cela force donc les compagnies aériennes à annuler de nombreux départs. «Elles sont en train de perdre énormément d’argent évidemment. Elles ont fait plusieurs vols avec une poignée de passagers. Lundi, il y a eu une annonce que certaines compagnies aériennes allaient refaire leur horaire de vols. Je ne sais pas combien était le pourcentage de vols annulés, mais je les voyais tous être annulés les uns après les autres quand je regardais pour un vol. […] La façon la plus rapide de rentrer allait coûter 9500 $. Je me suis tournée vers une autre option.»

C’est donc pour cette raison que le premier vol à un prix raisonnable, en partance de Paris vers Montréal, n’a été trouvé que pour la journée de jeudi. D’ici là, Blais, qui vivra les prochaines journées dans les aéroports, de véritables mines de microbes, espère ne pas contracter la COVID-19 en cours de route, car le gouvernement canadien a déclaré qu’il allait fermer ses frontières aux Canadiens en provenance de pays étrangers qui présentent des symptômes. «J’essaie d’établir une stratégie avec mes parents à travers ça. C’est bien beau la quarantaine à mon retour, mais si mes parents sont dans la même maison… Ce sont les dernières personnes au monde à qui je voudrais transmettre ce virus. Je vais probablement devoir louer quelque chose. On parle d’un retour au pays qui ne me coutera pas en bas de 6000 $. Ça n’a pas de bon sens.»

Évidemment, si elle avait lu l’avenir, l’ancienne hockeyeuse de haut niveau serait rentrée en sol canadien bien plus rapidement, mais le caractère hautement évolutif de cette crise sanitaire a rendu le tout bien plus compliqué. «Pour les équipes cyclistes étrangères, la décision a été simple. Elles sont retournées à la maison. Étant donné que je suis avec une formation européenne, tout le monde est entré à la maison quand les courses italiennes ont été annulées, mais pour moi, ça coutait cher. Je ne voulais pas non plus être sortie de l’alignement si les courses avaient finalement lieu. J’avais la possibilité de demeurer à Mallorca gratuitement. Pourquoi aller au Canada où il fait froid quand je pouvais demeurer en Espagne? Jusqu’à la semaine passée, il n’y avait pas de problème en Espagne.»

À l’heure actuelle, l’ensemble des courses cyclistes est minimalement annulé jusqu’à la fin du mois d’avril.

Appel à la sensibilisation

Bien placée pour voir le caractère dramatique de cette pandémie puisqu’elle en est présentement au cœur, Blais exhorte les Canadiens à prendre cette menace au sérieux. «Puisque ça prend quelques jours avant que les symptômes arrivent quand on contracte ce virus, c’est important de prendre au sérieux ces mesures de confinement avant que les hôpitaux soient remplis, car ça va se remplir. Tant mieux si le Canada est en avance, car ce n’est vraiment pas drôle en France. Les gens meurent dans les couloirs. Ça déborde carrément. Oui, c’est un virus qui n’est si pire que ça pour les personnes en santé, mais il y a des hôpitaux qui ne sont pas en mesure de traiter des gens. Je vois le sérieux de la chose et je comprends que des mesures soient prises.»