Bénévolat : assurer les services sans 80% des effectifs

Pour le Carrefour d’entraide bénévole des Bois-Francs, la situation s’avère inédite. Alors qu’on sollicite de plus en plus leur soutien, vu la crise entourant la pandémie de la COVID-19, l’organisme a perdu presque 80% de ses bénévoles, principalement ceux âgés de plus de 70 ans et plus qui doivent demeurer chez eux.

«Au Carrefour, on donne des services essentiels, comme la popote à domicile et les transports d’accompagnement. Compte tenu de tout ce qui se passe, nous avons adopté des mesures de sécurité supplémentaires», commence Sonya Hubert, directrice générale du Carrefour d’entraide bénévole. Dès demain (mercredi), le bâtiment ne sera plus accessible au public, hormis sur rendez-vous, convenu par téléphone.

Puisque la majorité des bénévoles des services sont âgés de plus de 70 ans, on y va avec le nécessaire pour le moment. Hier, six des huit employés de l’organisation ont participé à la livraison de la popote à domicile. «Cette semaine, on ne prend aucun nouveau service. Je vous le dis, avec la gestion des repas à livrer et des transports qu’on assure, là on est dans les rendez-vous essentiels, par exemple l’hémodialyse et la radiothérapie, c’est vraiment ce qu’on supporte en ce moment», exprime Mme Hubert.

Plusieurs volontaires habituels passent leur tour, tandis qu’on demande à ceux qui ont plus de 70 ans de rester dans leur foyer. Au final, 80% des effectifs ne sont plus au rendez-vous. «On fournit tous les équipements de protection à notre monde. Toutefois, on fait face à une difficulté. L’approvisionnement en équipements de sécurité, c’est-à-dire Purell, masques et gants, est difficile. Les commerces nous disent que ce n’est pas plus de deux par personne, quand ils en ont», rapporte la directrice. Du côté de CIUSSS, de la santé publique et de la sécurité publique, l’on renvoie l’organisme de l’un à l’autre. «On est reconnu comme un service essentiel, mais personne ne nous fournit l’équipement», déplore-t-elle.

Sans équipement ni bénévole, il deviendra éventuellement impossible de poursuivre les opérations.

Pour l’instant, la volonté individuelle des effectifs fait la différence. «On met les bouchées doubles comme employé, car on a une clientèle qui en a vraiment besoin. Ce n’est pas tout le monde qui a la chance d’avoir une famille ou des proches qui peuvent aider», constate-t-elle. Habituellement, le Carrefour livre 85 repas chauds à domicile par jour, grâce à des équipes de bénévoles. «On regarde comment nous sommes en mesure de soutenir le service à long terme», confirme-t-elle. Ainsi, il faudra trouver du renfort parmi les citoyens en congé forcé, jeunes et en santé. Si des gens sont en forme et disponibles, le Carrefour aura besoin d’aide. Or, ne devient pas bénévole qui veut. Il y a toute une série d’étapes à respecter, comme la consultation du plumitif. «Là est la question. Comment gérer ça dans le contexte. On va écouter les recommandations.»

Le Carrefour est déjà sollicité par le réseau de la santé, confirme la directrice, par exemple pour livrer davantage de repas, de nourriture, etc. «On est vraiment en évolution et en discussion avec nos partenaires pour voir comment faire pour que ce soit plus facile à gérer pour tout le monde», dit-elle. Pour l’instant, elle se réjouit que tous les usagers aient reçu leurs repas pour la semaine. «On tente de supporter notre clientèle vulnérable. Pour en faire davantage, on est à court de ressources et d’équipements de protection.»

L’équipe ajuste ses actions au quotidien, en fonction des recommandations émises par le gouvernement du Québec.

Pour la popote, on s’assure que les gens en ont vraiment besoin. Pour l’instant, on a remplacé les repas chauds quotidiens par une livraison de repas froids pour la semaine. On limite ainsi les allées et venues. «La sécurité demeure la priorité pour tous : employés, bénéficiaires et bénévoles», affirme-t-elle.

Le Carrefour d’entraide bénévole fait appel à tous pour l’entraide. On souhaite que chaque famille soutienne ses parents, car tous les aînés n’ont pas d’enfant pour leur apporter de l’aide. «Pourquoi ne pas cuisiner avec les enfants des repas pour les grands-parents», suggère Mme Hubert. Dans ce contexte hors du commun, elle estime qu’il est de la responsabilité de tous de s’occuper de leurs proches.