«Le Burkina Faso ne mérite pas qu’on l’abandonne» -Richard Leroux

Malgré la période trouble que vit le Burkina Faso en proie à des attaques de djihadistes, Solidarité nord-sud des Bois-Francs (SNSBF) assure qu’il poursuivra son engagement. «Nous autres, on n’arrête pas. Si on abandonnait notre mission, si l’Occident laissait tomber ce pays, les djihadistes auraient gagné. Et ce n’est pas ce qu’on veut», lance Richard Leroux, responsable du comité Afrique pour l’organisme.

Depuis 2012, Solidarité nord-sud des Bois-Francs apporte son soutien à la communauté de Doulou, un village de brousse du Burkina Faso.

Malgré tout ce dont font état les médias au sujet de ce pays, ce n’est pas ce qu’a vécu la «nouvelle recrue» de SNSBF, Sabine Sieni, de retour d’un séjour d’une semaine à Doulou avec son conjoint. «Au départ, j’étais quelque peu stressée en raison de ce que j’entendais. Mais, malgré les craintes, une grande volonté d’aller aider ces gens m’animait», confie-t-elle, tout en faisant part de son étonnement lorsqu’elle a foulé le sol de ce pays africain : un atterrissage dans un endroit stable et pas l’ombre d’un militaire. «Ça a été une grande et belle surprise. Le voyage jusqu’à Doulou s’est effectué dans la quiétude, la tranquillité et la sérénité», relate-t-elle.

Sur place, la jeune femme, originaire de la Côte-d’Ivoire, a observé la tranquillité qui régnait dans la population. «Les gens vaquaient à leurs occupations, allant aux champs et au marché», raconte-t-elle.

Oui, dit-elle, la population éprouve certaines craintes à propos de la situation de leur pays et les attaques. Mais Sabine Sieni a remarqué une anxiété encore plus grande. «Ils craignent que cessent nos interventions, qu’on arrête de les aider. Mon rôle a été un peu de les rassurer, de leur faire savoir que nous avons toujours cette fougue de les soutenir», souligne-t-elle, ajoutant qu’elle a finalement pu accomplir tranquillement tout ce qu’elle voulait au sujet du microcrédit. «J’ai trouvé que la semaine a passé tellement vite», note-t-elle.

Harmonie

Les attaques, insiste Richard Leroux, sont menées par des extrémistes musulmans, des radicaux provenant de l’extérieur et qui visent à déstabiliser le pays.
Des attaques, observe-t-il, qui surviennent principalement au nord et dans la partie ouest du pays à la frontière du Mali. «Il ne s’agit pas d’une guerre civile. C’est un conflit avec des groupes extérieurs», précise-t-il.

Au sein de l’Association de solidarité de Doulou, avec laquelle travaille SNSBF, le bureau exécutif compte des musulmans et des chrétiens à parts égales. «On y constate une très grande cohabitation interreligieuse qui ferait l’envie de beaucoup de pays et de communautés. Les gens cohabitent de façon très harmonieuse», indique M. Leroux.

Sur le terrain, Sabine Sieni l’a réalisé. «Je n’ai vu aucune différence entre chrétiens et musulmans. Tous cohabitent, tout le monde s’entraide dans le but d’aider le village. Ils vivent vraiment en harmonie», assure-t-elle.

Quatre volets d’intervention

Solidarité nord-sud et l’Association de solidarité de Doulou travaillent de concert à un système de microcrédit à l’intention des femmes.

Ils supportent aussi, pour la jeunesse, un orphelinat et des ateliers de formation professionnelle en soudure, coiffure et couture.

L’appui à une clinique visuelle représente un autre champ d’intervention. Mais l’agriculture représente, affirme Richard Leroux, le volet le plus important. «C’est le plus gros fléau. Avec des terres arides et des moyens limités, les agriculteurs peinent à cultiver le tiers des besoins alimentaires, de sorte que les habitants ne mangent qu’un repas par jour», soutient-il.

Voilà pourquoi, alors que certaines fondations de solidarité internationale délaissent le pays, Solidarité nord-sud des Bois-Francs espère une réponse positive concernant son projet déposé au ministère des Relations internationales du Québec. «Notre projet vise à développer le centre agricole, à améliorer la rentabilité et la productivité des agricultures par l’utilisation de techniques de rétention d’eau. On veut que l’eau pénètre dans le sol plutôt que de juste passer», explique Richard Leroux.

D’autres façons d’aider

Il serait surprenant de voir des représentants de l’organisme sylvifranc retourner l’an prochain au Burkina Faso. «Nous allons attendre de voir de quelle façon évoluera la situation», signale-t-il.

Certes, cela complique un peu le travail. Mais d’autres moyens existent. «Les moyens de communication se sont beaucoup améliorés. Par Skype, on peut se voir et se parler. Il y a l’Internet satellitaire. On réussit à planifier nos projets et à en faire le suivi», signale-t-il.
Sans compter, avance-t-il aussi, que les partenaires peuvent innover. Par exemple, des rencontres pourraient se tenir en Côte-d’Ivoire, un pays limitrophe. «Ça fait partie des possibilités. Chose certaine, on veut continuer, on n’arrêtera pas», exprime Richard Leroux.

C’est aussi le souhait du président de l’Association de solidarité de Doulou, Tanga Kiendrébeogo qui, par l’intermédiaire de M. Leroux, avait un message à livrer. «Notre pays est effectivement en proie à des attaques terroristes. Des attaques qui freinent le développement socio-économique de notre cher pays. Nous avons donc besoin de chacune et de chacun de vous en ce moment précis. Nous attendons vos différents soutiens pour réussir notre noble mission : un petit geste de votre part peut faire sourire un orphelin, une veuve, une communauté.»

Activités de financement

Solidarité nord-sud des Bois-Francs lance un appel à la générosité et sollicite le soutien de la population.
Deux moyens sont proposés : un don à la campagne de souscription populaire par le biais de la page Facebook Solidarité Burkina Faso – Song-Taaba; et puis, un souper raclette, le 24 avril, au Pavillon Maurice-Baril à Saint-Albert au coût de 50 $.

Les intéressés peuvent réserver leur place sur la page Facebook. On pourra se procurer des billets, dès mercredi, à la cantine Chez Lucky de Saint-Albert et au bureau de Solidarité nord-sud à la Place communautaire Rita-St-Pierre.

«D’année en année, notre objectif est de récolter 20 000 $. Et 100% des profits des activités de financement servent pour la réalisation des projets de développement dans le village de Doulou», conclut Richard Leroux.