BLITSS : 30 ans à se protéger et à en parler

Dans les années 1980, recevoir un diagnostic positif au virus d’immunodéficience humaine (VIH) équivalait à une sentence de mort. Naissait alors le Bureau de lutte aux infections transmises sexuellement et par le sang (BLITSS) afin d’accompagner ces personnes et sensibiliser la population. Pour célébrer ses 30 ans, le BLITSS invite le public à assister au spectacle «Hommage aux Colocs» par le groupe Tassez-vous de d’là.

Le 24 avril, au Carré 150, se déroulera cette soirée-spectacle pour souligner les 30 ans «d’engagement, de sensibilisation et de lutte pour la cause du VIH/sida», a commencé Maryse Laroche, directrice du BLITSS. Aujourd’hui, l’organisme ratisse plus large, d’où son changement de nom en 2018. BLITS (avec un seul S) signifiait auparavant Bureau local d’intervention traitant du sida.

Le slogan de cet anniversaire, BLITSS : 30 ans d’évolution, met en lumière les transformations dans le domaine de la santé sexuelle, notamment grâce à l’existence de la trithérapie qui permet aux personnes qui y ont accès de ne pas développer le syndrome d’immunodéficience acquise (sida). «Notre travail est maintenant dans la prévention, l’information et la lutte à la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH. Après 30 ans, on parle d’avancées scientifiques importantes, dont i=i (indétectable = intransmissible)», a exemplifié Mme Laroche. Ainsi, la mission de l’organisme a aussi évolué, s’attelant à des enjeux liés à l’éducation sexuelle. «Ce qu’on souhaite pour l’avenir, c’est de contrer tout le côté tabou au sujet de la santé sexuelle et de la sexualité. Il ne faut pas avoir honte et être gêné de poser des questions et de s’informer», a-t-elle indiqué, car oui, la sexualité «fait partie de la vie».

Les Colocs

Le spectacle du 24 avril ne constitue pas une activité de financement, mais bien une fête. On espère en profiter pour se faire connaître un peu plus par la population. «On a choisi Les Colocs, un groupe qui a marqué les années 1990, comme le VIH/sida», a précisé la directrice. Elle a relevé que dans le répertoire de la formation, on retrouve plusieurs mentions du VIH/sida, comme dans la chanson «Séropositif Boogie», écrite par Patrick Esposito Di Napoli, décédé du sida. On souhaite que les succès des Colocs, en hommage, rassemblent à nouveau afin de célébrer la vie. Il en coûtera 20 $ pour obtenir un billet.

Un président d’honneur qui «rock»

Yanick Poisson, conseiller municipal et vice-président de Rock la Cauze, agira à titre de président d’honneur de l’événement. «On dirait que mon nom est associé au mot party», a-t-il lancé d’emblée. Heureux d’assumer ce rôle supplémentaire, M. Poisson a rappelé l’importance, en tant que conseiller municipal, de s’engager auprès d’un organisme qui gagne à être connu. Il espère que cette soirée constituera une occasion d’entendre parler du BLITSS. «Je suis père de trois enfants et on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Ils sont en bas âge, mais ils deviendront des adolescents et de jeunes adultes. Je considère crucial qu’un organisme comme le BLITSS existe et soit en santé afin de pouvoir offrir de l’éducation à la sexualité et de l’accompagnement. C’est capital pour le développement identitaire et social», a-t-il plaidé.

Retour en 1988

Jacques Gélinas siégeait au sein du comité provisoire ayant mené à la fondation de BLITS en 1989. «Sa création était motivée par la mort des personnes vivant avec le VIH. On ne parlait pas de vivre avec, à ce moment-là», se souvient-il. Il rapporte que beaucoup de malades quittaient les grandes villes pour retourner mourir en région, auprès de leur famille. «C’est d’ailleurs une personne arrivée de Montréal, qui s’est installée chez sa mère, qui a fait des démarches pour créer cet organisme.» Donc, le sida a conduit au constat d’une absence de soutien pour ces gens. «Lorsqu’ils apprenaient qu’ils avaient le sida, l’espérance de vie était de 24 à 36 mois», rappelle M. Gélinas.

BLITS travaillait à la prévention, en plus d’offrir du support. «L’organisme a évolué, comme le sida. Les services se sont adaptés. Aujourd’hui, il n’y a pas moins de personnes qui vivent avec le VIH, mais on ne meurt plus. La problématique demeure la méconnaissance. Les gens ne sont pas informés de ce qu’est le VIH en 2020. Ce qui fait que 50% de ceux qui vivent avec ont honte», signifie M. Gélinas, qui vit aussi avec le VIH depuis 1992. Le poids social s’avère pénible et la société démontre peu de sympathie. Beaucoup de travail reste à faire, pense-t-il.

Pour obtenir un billet pour le spectacle et en savoir plus sur le BLITSS, il suffit de se rendre au guichet du Carré 150, sur le site web de l’Espace culture ou encore directement en communiquant avec l’organisme à evenement@blitss.ca.