Un projet qui ne passe pas dans le Vieil-Arthabaska

Lundi, 17 h. Une salle du conseil bondée à l’hôtel de ville de Victoriaville. De nombreux citoyens du secteur de la rue Poisson ont assisté à la consultation publique qui leur a permis de manifester leur désaccord vis-à-vis un changement de zonage projeté.

Si ce changement s’opérait, il pourrait permettre, comme on l’a évoqué à la séance de février du conseil municipal, à l’Académie Zig Zag de s’agrandir, d’aménager un débarcadère et un stationnement. De plus, ce projet impliquerait la démolition de logements sur la rue Poisson.

Dans l’ordre, le coordonnateur au service de l’urbanisme, Jean Demers, l’assistante-greffière Rosane Roy, le conseiller municipal Yannick Fréchette et le directeur du service de la gestion du territoire, Jean-François Morissette (Photo www.lanouvelle.net)

Pendant près 90 minutes, des citoyens ont dénoncé le projet et questionné les représentants de la Ville présents à la table : le coordonnateur au service de l’urbanisme, Jean Demers, l’assistante-greffière Rosane Roy et le directeur du service de la gestion du territoire, Jean-François Morissette. Le conseiller municipal Yannick Fréchette, pour sa part, présidait la séance.

Les citoyens, dans l’ensemble, s’opposent à un agrandissement de l’école privée, qui augmenterait l’achalandage déjà exagéré, selon eux, sur la rue Poisson.

Des résidents, comme Pierre Pichette, s’inquiètent de la difficulté de circuler en raison des nombreux véhicules stationnés. Aucune durée, par ailleurs, ne limite le stationnement sur la rue occupée, a-t-on précisé aussi, par bon nombre d’employés de l’hôpital et du centre de prélèvement.

Un autre citoyen, Christian Bernard, a questionné à savoir si une étude d’impact avait été réalisée sur la sécurité, disant s’inquiéter face aux difficultés d’intervenants que pourraient éprouver les services d’urgence, comme les pompiers et les ambulanciers. «Aucune étude n’a été faite», a répondu Jean Demers, ajoutant que les préoccupations exprimées allaient être consignées et transmises au conseil municipal.

À savoir si des critères relatifs au patrimoine s’appliquaient au projet, les autorités ont assuré qu’il se trouvait dans une zone PIIA (plan d’implantation et d’intégration architecturale), que le projet devait être soumis au comité consultatif d’urbanisme et respecter différents éléments.

Des explications de Jean Demers en début de rencontre (Photo www.lanouvelle.net)

Pas le bon endroit

Des citoyens ont confié qu’ils n’avaient rien contre l’Académie Zig Zag, ni une éventuelle expansion. «Mais ce n’est pas la place pour ça», a fait valoir une dame.

D’autres ont souligné avoir été victimes d’incivilités, par des jeunes, mais aussi de la part de parents. «J’ai dû sortir pour interdire à des parents de se garer chez moi. Et je ne peux vous dire les paroles qu’on m’a lancées», a exprimé une résidente du secteur.

L’étroitesse de la rue Poisson et des rues alentour ne conviennent pas au projet envisagé, ont indiqué des citoyens.

«Si le projet se réalise, la vocation résidentielle de la rue Poisson vient d’en prendre un coup. Cela affecterait la valeur des résidences», a déploré Pierre Bastien, estimant qu’une telle décision viendrait à l’encontre des efforts de la Ville pour préserver le patrimoine, le Vieil-Arthabaska et les quartiers résidentiels.

Une femme a aussi manifesté haut et fort sa désapprobation au projet, faisant savoir qu’elle avait acquis sa maison dans un quartier historique à vocation résidentielle. «C’est une école privée qui ne dessert pratiquement pas le quartier. Je me questionne beaucoup. Je me sens coincée tout en ayant l’impression de perdre de ma qualité de vie», a-t-elle plaidé.

«Il s’agit d’un quartier résidentiel et familial, a renchéri une autre citoyenne. Il faut conserver ce qu’il reste d’intégrité au quartier.»

Certains ont, par ailleurs, évoqué le bruit, notamment celui des enfants dans la cour d’école. «Ils sont comme dans ma cour, a lancé un citoyen. Je reçois des cochonneries. Ma haie de cèdres a été abimée. Je suis au bord des larmes et de la dépression. Je suis écoeuré.»

La tolérance arrive à zéro pour tous, a ajouté une des participantes à la consultation.

Réplique

Gloria Danella, la propriétaire de l’Académie Zig Zag (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Présente dans la salle, la propriétaire de l’établissement, Gloria Danella a entendu les doléances des citoyens.

Le projet, selon elle, ne vise pas à doubler ou tripler le nombre d’élèves, déjà que le nombre est élevé.

À cette affirmation, Pierre Bastien s’est dit sceptique. «On n’a pas de garantie. Ça ne me rassure pas du tout», a-t-il noté.

Le projet se prépare pour 2021 ou peut-être même 2020, selon Mme Danella. «S’il y a agrandissement, nous allons respecter le patrimoine, a-t-elle assuré. Et le débarcadère pourrait aider au problème de stationnement.»

Mais cette problématique, a-t-elle soutenu, a toujours existé. «L’école ne peut pas tout régler. Nous le vivons aussi le problème. On est en mode solution pour aider à la circulation.»

L’implantation, par ailleurs, d’un sens unique sur la rue Poisson faciliterait la circulation, croit-elle.

Une citoyenne a précisé, pour sa part, que les problèmes de circulation ont commencé avec l’école. «J’y étais avant l’école et il n’y avait pas de problème», a-t-elle affirmé.

Lors des échanges, certains ont évoqué la possibilité d’une relocalisation de l’établissement. Christian Bernard a voulu savoir, par exemple, si la Ville pouvait apporter son aide en vue d’un déplacement de l’école. «La réflexion vaut la peine, a-t-il souligné, car il y des souffrances. Sans nuire à l’entreprise, une telle possibilité serait bénéfique pour le quartier.»

La Ville a ce pouvoir, a répondu Jean-François Morissette. À cela, Mme Danella a indiqué qu’elle ignorait cette possibilité.

D’autres étapes

Rien n’est encore joué dans ce dossier. D’autres étapes viendront, a expliqué Jean-François Morissette. «Ce soir, on a le point de vue de la population. Toutes vos considérations ont été notées et le conseil municipal les considérera dans son évaluation. Toutes ces informations aident à la prise de décision. L’idée est d’obtenir un maximum d’informations pour prendre une décision la plus éclairée possible», a-t-il signalé.

Les élus, maintenant, pourraient adopter ou non le projet, à la prochaine séance mensuelle le 16 mars.

S’ils l’adoptent, une autre procédure s’enclencherait pouvant alors mener à l’ouverture d’un registre et, advenant un nombre suffisant de signatures, à la tenue d’un référendum sur la question.

Malgré ce dossier pour le moins émotif, le conseiller Yannick Fréchette a salué le comportement des citoyens.

À une occasion, Jean-François Morissette est intervenu auprès d’un homme qui venait d’élever le ton. Le citoyen s’en est rapidement excusé.