Réservoir Beaudet : des citoyens s’informent

Une cinquantaine de personnes ont répondu à l’invitation en participant, mardi soir au Pavillon Arthabaska, à la séance d’information du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) concernant l’important projet de 40 M $ pour la restauration du réservoir Beaudet à Victoriaville.

Une rencontre qui a duré une heure, présentation et questions incluses.

L’animatrice de la soirée, Alexandra Barbeau, conseillère en communication au BAPE, a d’abord présenté l’organisme, son rôle, sa mission et la procédure entourant la participation publique.

Toute personne, groupe ou municipalité peut demander, par écrit, au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques une audience publique ou une médiation.

L’animatrice de la soirée, Alexandra Barbeau du BAPE (Photo www.lanouvelle.net)

Ultimement, la décision revient au ministre de l’accorder, tout comme il lui incombera d’autoriser ou non le projet de restauration du réservoir Beaudet.

Le projet

Autour de la table, pour répondre aux questions, prenaient place le directeur du service de l’environnement de la Ville de Victoriaville, Serge Cyr, de même que Jocelyn Michaud, directeur infrastructure à la firme Services EXP chargée de la surveillance des travaux.

Mais on a confié au directeur adjoint du service de l’environnement de la Ville, Joël Lambert, de présenter le projet, tandis qu’il incombait à Julie Bastien, chargée de projet chez SNC-Lavalin, de traiter des différents enjeux et impacts.

L’aménagement du réservoir Beaudet remonte à 1977. «Son but, faire en sorte que la population ait toujours accès à l’eau potable», a rappelé Joël Lambert.

Or, un phénomène bien naturel, la sédimentation, a fait son œuvre. «Chaque année, la quantité de sédiments qui se déposent au fonds du réservoir correspond à 2000 camions de 10 roues», a-t-il imagé.

Ainsi, les sédiments prennent la place de l’eau qui voit son volume diminuer. «Ça peut nous exposer à des risques pour des sécheresses à venir, a précisé M. Lambert. Moins de profondeur favorise aussi la prolifération de plantes aquatiques et le réchauffement de l’eau, ce qui peut représenter un problème sur sa qualité.»

Depuis 25 ans, a-t-il noté, la Ville étudie le problème et tente d’identifier des solutions afin que «le réservoir ne devienne pas un marécage».

Joël Lambert, directeur adjoint du service de l’environnement, a informé l’auditoire du projet de restauration. (Photo www.lanouvelle.net)

Dans son projet de restauration comprenant quatre grandes zones, la Ville prévoit aménager une réserve d’eau, comme «un autre lac dans le lac». «On aura deux réserves d’eau indépendantes l’une de l’autre», a fait remarquer le directeur adjoint.

Cette réserve d’eau, une zone étanche ceinturée de digues, doit se retrouver en face de l’usine d’eau potable Hamel, à l’intersection du boulevard Pierre-Roux et de la route de la Grande-Ligne. «On y installera des balles flottantes pour faire en sorte que  les oiseaux préfèrent le réservoir plutôt que la réserve d’eau», a indiqué M. Lambert.

Quant aux sédiments, la Ville s’y attaque avec le dragage, une technique qu’on souhaite effectuer tous les ans. «L’idée, c’est de prendre nos responsabilités et d’entretenir notre réservoir pour disposer d’un volume d’eau qui perdure dans le temps», a fait valoir Joël Lambert.

«ll reviendra moins cher à la Ville, a-t-il dit, d’acheter un bateau-dragage (une valeur d’environ un million de dollars) et de l’opérer nous-mêmes.»

L’équipement agira comme un aspirateur pour retirer les sédiments du fond.

À partir de la surface de l’eau, le dragage se ferait jusqu’à une profondeur de 2,1 mètres (7 pieds). Pour des raisons environnementales, l’opération s’échelonnerait entre la deuxième semaine de juillet et la troisième semaine de septembre.

Les sédiments aspirés avec de l’eau seront acheminés, notamment par une conduite flottante sur le réservoir, vers des installations de déshydratation aménagées dans un bâtiment du parc industriel. «On séparera l’eau des sédiments. On traitera l’eau pour la retourner dans le réseau pluvial et au réservoir. Les sédiments séchés seront transportés par camions dans un lieu qui deviendra une nouvelle zone récréative tout près du parc actuel. Il nous faudra de cinq à sept ans pour remplir le grand trou et y aménager ensuite la zone», a expliqué le représentant de la Ville.

Les autorités municipales n’ont pas déterminé ce qui sera réalisé. Tout est à définir avec la population qu’on consultera afin que les aménagements plaisent aux citoyens.

L’échéancier

La Ville de Victoriaville, si elle obtient le feu vert à la fin de la présente année ou au début 2021, prévoit entreprendre les aménagements techniques à l’été 2021. «Il s’agit de l’aménagement des digues, des conduites à installer, des équipements.

Quant au dragage, il pourrait commencer, pour une première phase, en 2022.

Les enjeux

Un tel projet d’envergure ne se réalise pas sans certains impacts, comme l’a révélé Julie Bastien.

Si la construction des digues et les opérations de dragage perturbent temporairement la qualité de l’eau en entraînant des matières en suspension dans le réservoir, les intervenants ont prévu de ceinturer, par des rideaux de turbidité, les aires de travaux. «De plus, on effectuera un suivi quotidien de la qualité de l’eau. On utilisera des équipements pour prévenir les fuites, de même que des huiles biodégradables, sans compter que l’on construira les digues avec des matériaux propres», a-t-elle énuméré.

Chargée de projet chez SNC-Lavalin, Julie Bastien, a traité des enjeux et des mesures liés à la qualité de l’eau, aux oiseaux, aux poissons, à l’utilisation du territoire et à la santé et à la sécurité (Photo www.lanouvelle.net)

Oui, la construction des digues entraînera la perte de six hectares d’habitat pour les trois principales espèces de poissons, tandis que le dragage perturbera le fond sur 20 hectares. Mais les mesures d’atténuation prévoient une capture et une relocalisation des poissons, un suivi sur la profondeur de l’eau et l’élaboration d’un plan de compensation pour créer des habitats.

Puisque le réservoir constitue un endroit important, une zone de repos pour les oiseaux migrateurs, la période choisie pour le dragage (de juillet à septembre) permet d’éviter «le pic d’achalandage des oiseaux», a fait remarquer Mme Bastien.

On délimitera les aires de travaux pour protéger la végétation. De plus, à la suite des travaux, les digues seront végétalisées et toutes les aires de travaux seront restaurées.

Site ornithologique d’importance au Québec avec plus de 200 espèces d’oiseaux recensées, il sera possible d’accéder au réservoir durant les travaux, mais un tronçon de la piste cyclable pourrait être fermé et peut-être même déplacé. La Ville informera ses citoyens au moment opportun.

Julie Bastien relève un impact positif, celui de l’aménagement d’une zone récréative avec de nouveaux usages.

En matière de santé et de sécurité, certes la présence de machinerie et d’équipements créera une hausse du bruit, de la vibration et de la poussière. «Comme mesures prévues, les zones de travaux seront sécurisées par des clôtures, l’accès y sera limité tout comme la vitesse. De plus, les travaux ne s’effectueront que de jour et durant la semaine. Et on dotera les camions de bâche pour limiter la poussière», a fait savoir Mme Bastien.

(Photo www.lanouvelle.net – Archives)

En  conclusion, Joël Lambert a invité l’auditoire à retenir les bénéfices à retirer d’un tel projet. «On en a besoin pour assurer la pérennité de notre approvisionnement en eau potable. Notre projet vient améliorer la configuration du réservoir. On le bonifie avec l’entretien prévu pour s’assurer qu’il perdure dans le temps. Nous disposerons d’un approvisionnement durable en eau potable de qualité, ce qui nous protégera des sécheresses et de possibles déversements accidentels. On conserve le caractère faunique et, en plus, nous créons une nouvelle zone récréative se mariant bien avec l’actuel parc très apprécié de la population», a-t-il terminé.

Une dizaine de citoyens, pour terminer la rencontre, se sont amenés au microphone pour adresser leurs questions aux intervenants.

À suivre dans un prochain texte.