Warwick tissée serrée

L’on entre certes dans une friperie, mais le Centre d’entraide Contact de Warwick recèle nombre d’autres propositions. Le bâtiment de la rue St-Louis constitue un plateau de réinsertion sociale, une cuisine commerciale, un point de distribution alimentaire, un lieu de rassemblement pour des groupes de soutien, un restaurant populaire, etc.

Diane Lefort, directrice générale du Centre, accueille le www.lanouvelle.net dans une petite salle de conférence. Juste à côté se trouve une classe, où des dizaines d’enfants y reçoivent de l’aide aux devoirs. Depuis que le Centre a investi ses nouveaux locaux, en 2019, les neuf employés et les quelque 160 bénévoles actifs peuvent enfin mener à bien tous les projets qui leur sont confiés.

L’organisme créé en 1983 par Mariette Boulanger servait d’abord de centre d’action bénévole. Cette mission redirigée plus tard vers Victoriaville, l’adresse deviendra le Centre d’entraide Contact et continuera d’offrir des services de transport, d’accompagnement et de popote roulante, notamment. «On en faisait beaucoup, sans vraiment être reconnu et sans toucher les enveloppes reliées», expose Mme Lefort, en poste depuis sept ans. Il faillait revoir comment répondre aux besoins exprimés par les usagers et par la communauté le plus efficacement possible.

D’ailleurs, même si le transport de personnes ne s’inscrit plus dans son mandat, l’équipe en a réalisé plus d’une centaine l’an dernier. «On a parlé au CIUSSS pour dire que ça ne marchait pas. On a besoin de transport dans la collectivité et on a dû en faire même si nous n’étions plus autorisés à le faire. Alors ils vont nous redonner le permis. Ce service va donc repartir l’an prochain», explique-t-elle.

Entre autres actions déployées entre ses murs, la distribution alimentaire hebdomadaire, par le concours de Moisson Mauricie-Centre-du-Québec, qui profite à 144 familles de Kingsey Falls, Sainte-Élizabeth-de-Warwick, Saint-Rémi-de-Tingwick, Tingwick et Warwick.

Écosystème

Car l’entraide reste un vaste champ d’opération. «Moi, je voulais travailler sur les conséquences, mais aussi sur les sources des problèmes», confie Diane Lefort. Les dons de vêtements et de bons d’épicerie demeurent des gestes incontournables pour alléger le quotidien des plus démunis. Or, le Centre a décidé de miser également sur l’accompagnement des personnes. En mettant en place différents services, l’on privilégie dès lors une approche écosystémique pour détecter les raisons qui mènent les gens à recourir à de l’aide. L’intervention peut se faire en amont. «Pourquoi quelqu’un a besoin d’un panier de Noël? Est-ce l’éducation, la santé mentale, un problème de jeux?», exemplifie-t-elle. Ainsi, on a ajouté un plateau de réinsertion sociale sous la forme d’une cuisine commerciale. Les participants suivent une formation en hygiène et salubrité du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et les produits s’écoulent dans 11 marchés de la région. L’an passé, plus de 30 000 produits ont trouvé preneur.

Le tout existe par la collaboration d’une longue liste de partenaires, privés et publics. Grâce à la participation de toute la communauté, plusieurs programmes peuvent y avoir cours. On a instauré des groupes de soutien et des employés ont été formés afin de répondre adéquatement à la détresse parfois exprimée, sans systématiquement recommander les gens vers l’extérieur ou leur conseiller des démarches qui pourraient les décourager. «On a mis en place certains services pour mener à une accalmie, une stabilité, pour ensuite référer vers d’autres organismes», signale la directrice. Le but s’avère de n’échapper personne entre les mailles du filet social.

Enfants

Lorsqu’on épaule une personne, l’on considère aussi ceux qui gravitent autour d’elle, car qui dit famille dit enfant. Afin d’obtenir de meilleurs résultats, on offre également un accompagnement pour les enfants, par le fonds Jeunesse d’ici, qui va de dons vestimentaires à de l’aide aux devoirs. «Il faut analyser l’ensemble du problème. Pourquoi travailler sur un plan d’intervention et donner du Ritalin à un enfant quand c’est sa maman qui ne va pas bien. Tant qu’elle est dépressive et qu’elle dort, l’enfant va continuer à vivre de l’anxiété et à avoir mal au ventre à l’école», pense-t-elle. En 2019, 79 enfants ont été aidés d’une manière ou d’une autre.

Le Centre existe justement pour proposer aux familles un lieu d’écoute où il s’avère possible de trouver des outils pour se sortir de périodes plus difficiles. «Bien sûr, il faut que les gens le veuillent.» Mme Lefort souligne que le Centre entretient de bons rapports avec les écoles. Il en va de même des bénévoles et des jeunes, qui créent des liens intergénérationnels qui rapportent à tous. Car à Warwick et sa région, on est tissé serré.

Restaurant

L’Économe Magasin général, où tous peuvent se procurer des vêtements usagés et des produits alimentaires, aura bientôt son pendant avec Le Terrier, l’Économe restau, qui s’installera dans la bâtisse. On imagine un lieu de rassemblement où le maire, le commerçant et la mère de famille partageront la même table.

Puisqu’on y fait déjà de la transformation alimentaire dans une cuisine professionnelle, un restaurant d’économie circulaire apparaissait comme le dernier maillon de la chaîne de services à fournir. «Il manquait un endroit où aller manger à prix abordable et avoir de l’écoute. Le restaurant ouvrira au printemps et sera destiné à toute la population. Depuis 2016, on sert une trentaine de dîners communautaires. Disposant d’une place pour recevoir les gens, pourquoi continuer à isoler les individus par leur statut social? «On veut que les gens conservent leur dignité. Que tu travailles chez WestRock ou que tu attendes ton chèque d’aide sociale, tu pourras venir manger ici», de dire Diane Lefort.

Avec le déménagement et les investissements massifs de 2019, on se tourne vers la consolidation pour 2020. Et l’équipe invite tout un chacun à passer faire son tour, et peut-être même faire une différence.