Le célibat, «ce n’est pas une maladie»

Marianne Brière ne croit pas que le célibat constitue un frein au bonheur. D’ailleurs, elle pense que l’on accorde trop d’importance à ce statut social, qui ne définit en rien la personne que l’on est.

Étudiante de 26 ans au baccalauréat en agronomie à l’Université Laval, Marianne Brière consacre une bonne part de son temps au sport et à l’entreprise qu’elle opère avec son père, l’Érablière O’Bouleau/Shiitakes des Bois-Francs. Depuis quatre ans, elle fraie son chemin en solo. «Ça adonne comme ça. Je ne cherche pas activement et je suis bien dans ma situation», commence-t-elle.

Non, elle ne ferme pas la porte à l’amour, mais elle n’y tient pas à tout prix.

«J’ai beaucoup d’amis qui sont en couple depuis longtemps et certains se marient. Je suis contente pour eux. Au début, ça m’affectait et je me sentais parmi eux comme la cinquième roue du carrosse. Mais depuis cette année, j’ai réalisé que j’étais bien, au fond», confie-t-elle. Car les projets ne manquent pas pour la femme qui vit à Kingsey Falls, avec ses parents.

Fille occupée

En plus de ses études universitaires, Marianne complète une attestation d’études collégiales (AEC) en apiculture. «Je développe mon entreprise agroforestière à Sainte-Hélène-de-Chester, dans les montagnes», explique-t-elle. À la culture de shiitakes (champignons) s’ajoutent le sirop d’érable et les ruches en forêt, entre autres.

Récemment, elle a acquis, toujours avec son partenaire d’affaires, le domaine du Pignon rouge. Elle en assume la gestion, car il s’y trouve un chalet offert à la location.

«Je n’ai pas besoin d’être avec des gens, pour moi c’est un plus. Il m’est déjà arrivé d’aller manger au Pacini, un 14 février, sans penser à la Saint-Valentin. Il y avait plein de gens avec leur bouteille de vin, mais je voulais simplement manger. Si je veux aller au cinéma, j’y vais. Je vis bien avec moi-même. Je pense que c’est important dans la vie en général. Car pour apporter quelque chose de positif aux autres, il faut être bien avec soi-même», soutient-elle.

Trouver le bon

Pour la Kingsey-Falloise, croiser un couple de personnes âgées qui se tiennent par la main lui rappelle un idéal. «Oui, j’aimerais ça que ça m’arrive un jour, mais j’ai 26 ans, et je suis persuadée que ça viendra.»

Puisqu’elle a beaucoup de projets, elle croit en l’importance d’alimenter ses propres passions, et surtout de ne pas cesser de faire ce que l’on aime pour plaire à quelqu’un.

Quel genre de partenaire recherche-t-elle? «Je suis quelqu’un qui aime beaucoup rire et parler. Il faut être capable de faire une conversation avec peu de choses et s’intéresser à plusieurs sujets, que ce soit la politique ou le sens de la vie. Ça prend une personne curieuse. J’étudie l’agriculture, mais je m’intéresse à toutes sortes de sujets, comme l’histoire, les voyages, etc.» Le complice idéal doit, pour elle, démontrer une aptitude à sortir de sa zone de confort et à relever les défis. «Quand je rencontre un gars pour la première fois, d’habitude je le sais dans les 30 premières minutes s’il y aura un deuxième rendez-vous. S’il y a eu douze moments de silence où il ne savait plus quoi me dire, bien là, c’est parce que la vie, ça va être long», note-t-elle.

Avantages?

Le célibat permet d’établir une routine qui lui sied. «Je mange ce que je veux, quand je veux. Pas besoin de négocier pour ce qu’il y aura pour souper. C’est anodin, mais la conciliation avec une autre famille, qu’il faut intégrer à l’horaire, ce n’est pas toujours évident. Moi, des fêtes de Noël, j’en ai deux, et pas neuf, comme certains de mes amis», souligne-t-elle. Reste qu’elle ne croit pas qu’il y ait des avantages à être célibataire ou non. Dans les deux cas, il s’agit d’un mode de vie différent.

L’important demeure d’aimer ce que l’on fait et d’apprécier chaque instant du quotidien. Puisque sa mère se déplace en fauteuil roulant, elle se réjouit de pouvoir «prendre une marche», confie-t-elle. Le bonheur se cache dans les détails et dans la capacité de lâcher prise face à ce que l’on ne peut contrôler.

Elle déplore que la première question qu’on lui pose, lorsqu’elle rencontre des connaissances et amis, c’est à savoir si elle a trouvé l’amour. «Une personne représente beaucoup plus que le fait d’être en couple. Moi, il s’en passe tellement des affaires dans ma vie. Des aventures, en entrepreneuriat, il y en a toujours. Et il m’arrive plein de choses. Les gens accordent beaucoup trop d’importance au fait d’être célibataire ou en couple», expose-t-elle. Enfin, on ne devrait pas oublier que le couple constitue la réunion de deux individus, qui ont leur propre essence. Quelques commentaires entendus lui font ressentir la pitié des autres et pourtant «ce n’est pas une maladie», conclut-elle.