Réforme de l’éducation : peu d’impacts immédiats dans les écoles

La loi 40 sur la réforme de la gouvernance scolaire, adoptée sous bâillon le 8 février, comporte 300 articles. Le principal changement concerne la gouvernance, mais la structure administrative demeure intacte. «Personne ne perd son emploi et il n’y a pas de coupe budgétaire ni de réduction de services», rapporte le directeur général de la Commission scolaire des Bois-Francs (CSBF), Alain Desruisseaux.   

On peut supposer que la CSBF portera bientôt le nom de Centre de services scolaires des Bois-Francs, pense M. Desruisseaux. Toutefois,  nulle discussion à cet effet n’a eu lieu. Les mandats des commissaires prennent fin plus tôt qu’annoncé et l’on s’attelle déjà à la création du conseil d’administration, qui sera composé de 15 administrateurs : cinq parents, cinq citoyens et cinq membres du personnel. Les étapes pour procéder à leur élection s’avèrent établies et l’on prévoit leur entrée en fonction pour le 15 juin, explicite M. Desruisseaux.

D’ici là, le processus décisionnel transitera par la direction générale. Ainsi, tout le travail abattu et à venir, comme la préparation de la rentrée scolaire et l’administration, demeure au programme. «L’équipe de services ne bouge pas. Les ressources financières et matérielles, le transport scolaire, les services éducatifs; tous restent en place. Les décisions, au lieu d’être entérinées par un conseil des commissaires, le seront par la direction générale, en attendant le 15 juin», résume Alain Desruisseaux.

Toutes les organisations appréhendaient le départ de leurs commissaires élus, annoncé pour le 29 février, mais ces derniers ont plutôt été remerciés dès la sanction de la loi. Le directeur général de la CSBF s’explique ce choix en pensant qu’on a «tenté de laisser le moins de vide possible». La Fédération des commissions scolaires subsiste afin de siéger à la table des négociations actuelles avec les enseignants et le personnel de soutien professionnel. «Le ministre n’a pas voulu créer d’ambiguïté entre le 8 et le 29 février, pour des décisions qui pourraient avoir des impacts plus tard», croit-il. Reste que cet amendement de dernière minute a pris tout le monde par surprise.

«Chez nous, ça ne change pas grand-chose, assure-t-il. Il aurait pu y avoir une réunion ou deux de plus avec les commissaires, avant de récupérer les pouvoirs. Ça n’a pas vraiment de conséquences, entre le 8 et le 29, à part pour le conseil, qui a vu son mandat prendre fin abruptement.» Les élus scolaires demeureront disponibles en tant que membres d’un comité-conseil en soutien à la direction générale. «Si j’ai besoin d’avoir un avis, puisqu’il n’y a pas de conseil d’administration, je peux avoir recours à l’ancien conseil pour me guider dans certaines décisions», précise-t-il.

Attente

Les questions adressées à la CSBF, pour le moment, proviennent davantage du corps enseignant, qui s’interroge au sujet de certains amendements. «Les directions d’école ont hâte de voir la loi dans sa version intégrale. On n’a pas encore le texte final, mais on se demande, avec tous les amendements, ce que ça va changer dans les mois à venir et l’année prochaine, en termes de décision et de partage de responsabilités.» On attend d’en savoir plus avant d’agir ou de proposer des modifications.

D’ici là, on prépare la formation de la future gouvernance, avec un brin d’amertume. «On a des gens qui étaient ici depuis longtemps : 20 ans, 30 ans et même 40 ans. Ils ont donné du temps par passion et connaissent le milieu de l’éducation. Ils se sont fait dire, du jour au lendemain, on n’a plus besoin de vous. On le vit, chez nous, où ça allait bien», constate le directeur général. Non, les transformations n’atteignent pas, pour l’instant, les écoles et les classes. On verra quelles directions les nouveaux décideurs voudront donner aux écoles de demain. «Or, ce que l’on sait, c’est qu’on perd des gens qui avaient fait leurs preuves, qui avaient une expertise, et que notre commission scolaire avait de très bons résultats; elle était la première au Québec et le taux de réussite est en constante amélioration. On avait un système qui fonctionnait bien», observe-t-il. Alain Desruisseaux espère que le nouveau centre apportera d’aussi bons résultats, mais qualifie de «perte» le départ de ceux qui ont porté la CSBF au fil des ans et regrette le peu d’égards pour ces gens dans leur congédiement. «Il aurait pu y avoir des moyens plus respectueux d’effectuer ces changements», note-t-il.

Les parents recevront différentes informations, par des lettres, entre autres, afin de demeurer au courant des transformations à venir, dont la formation du conseil d’administration.

Commissaires

La présidente de la CSBF, Paulette Simard Rancourt, était élue scolaire depuis plus de 40 ans. Au moment de l’adoption du projet de loi 40 modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique relativement à l’organisation et à la gouvernance scolaires, siégeaient à ses côtés les commissaires Sylvie Bilodeau, Jacques Daigle, Jean-François Laflèche, Manon Aubry, Manon Lambert, Colette Vézina, Marilou Noreau, Réjeanne Lepage, Daniel Pintal, Nadia Cloutier, Pascale Ramsay, Dany Boudreault, Guillaume Boisvert, Nancy Beaulieu, Jean-Philippe Hamel et Julie Carrier.