Une soirée pour «célébrer la vie» et amasser des fonds

«Nous sommes là pour célébrer la vie, car elle est importante et fragile quelques fois», a souligné, jeudi soir, la directrice générale du Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable, Catherine Coutel.

Elle s’adressait aux 325 convives qui participaient à cette 22e activité-bénéfice de l’organisme tenue au Centre des congrès de l’Hôtel Le Victorin. Une soirée qui a généré, pour l’organisme, quelque 25 000 $ sans compter les profits de l’encan pour lequel 350 billets ont été vendus.

Le travail du Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable et des différents partenaires n’est pas vain, comme le démontrent les récentes statistiques. «Ensemble, nous avons réussi, a lancé Catherine Coutel. Nous avons longtemps été la troisième région qui affichait le plus haut taux de suicide. Selon les dernières données, avec vous et le travail qui se fait, nous nous retrouvons au 7e rang.»

La soirée, animée par Maxime Lamontagne, affichait complet. (Photo www.lanouvelle.net)

La DG a profité de la soirée pour lever le voile sur quelques statistiques de la dernière année, précisant que le nombre total d’appels de proches et de détresse s’élève à 3900. «Ça n’a pas vraiment changé, et il est important qu’il en soit ainsi. Plus les gens appellent, plus on peut préserver et protéger leur vie, a-t-elle fait valoir. En deux ans, le nombre d’appels a grimpé de 190%. On souhaite que cela continue. Plus ça appelle, plus nous allons garder des gens avec nous.»

«Elle travaille fort, la petite équipe» du Centre de prévention Arthabaska-Érable, a confié Catherine Coutel. À ce jour, l’organisme dénombre 71 sauvetages. «Par exemple, quand des proches nous appellent, on peut rapidement intervenir. J’encourage les proches à être attentifs. En appelant, vous nous aidez énormément», a-t-elle précisé.

Au cours de la dernière année, l’organisme a accompagné, dans des suivis, de nombreuses personnes, dont 16 enfants, en plus des 112 rencontres de personnes endeuillées et des 60 rencontres avec des personnes proches de gens suicidaires.

La soirée

Cette 22e activité-bénéfice avait un thème bien précis : «Portons ensemble la jeunesse au cœur de notre vie!» Et il ne relève pas du hasard.

Les statistiques récentes révèlent que les jeunes âgés de 15 à 19 ans commettent de nombreuses tentatives. «On ne s’est donc pas trompé en misant, avec vous, la communauté, sur le support de cette jeunesse, a noté Mme Coutel. Depuis trois ans, on soutient cette jeunesse qui nous montre des signes de vouloir être supportée, accompagnée.»

François-Xavier Grégoire a accepté la présidence d’honneur. (Photo www.lanouvelle.net)

Il allait de soi pour Catherine Coutel de faire appel à un jeune pour assumer la présidence d’honneur de l’activité. François-Xavier Grégoire, du Complexe funéraire Grégoire et Desrochers, a accepté le rôle.

Son travail l’amène à côtoyer des familles endeuillées par le suicide d’un proche. «Ça vient nous chercher, ça nous touche, a-t-il confié. Je trouvais important de poser des actions concrètes. Voilà pourquoi j’ai accepté de m’impliquer, de donner l’exemple pour faire la promotion de la vie et encourager les gens à s’engager. Merci à tout un chacun. Votre présence apporte un soutien aux personnes qui en ont besoin. Votre contribution va grandement aider.»

Témoignage d’un «guerrier»

Natif de Victoriaville, Jonathan Goulet a défendu sa peau, plus d’une fois, dans l’octogone en combattant au sein de la UFC (Ultimate fighting championship). Il a accroché ses gants il y a près de 10 ans.

Le suicide, il l’a lui-même envisagé. En 2013, il a bien failli commettre l’irréparable, mais, en pensant à sa fille, il n’a heureusement pas mis son plan à exécution.

Pour sensibiliser le plus de gens possible, il entreprendra, à la fin du mois, une longue, une très longue marche de 4000 km, de Montréal à Saint-Jean de Terre-Neuve, un périple qu’il compte réaliser en 258 jours. «Je veux sensibiliser le plus de gens possible, a-t-il soutenu. L’activité physique et le sport m’ont sauvé la vie.»

Il se souvient de cette période sombre de sa vie où la tristesse l’habitait en permanence. «Mais, quand je m’entraînais dans un gym, j’étais heureux, j’oubliais tout», a-t-il raconté.

Natif de Victoriaville, Jonathan Goulet ne livre plus de combat, mais il a livré un témoignage humain sur son vécu, et sur la longue marche de sensibilisation qu’il entreprendra sous peu. (Photo www.lanouvelle.net)

Au cours de son périple qu’il entreprendra le 29 février, Jonathan Goulet parcourra villes et villages, s’arrêtant dans les écoles secondaires et les centres d’arts martiaux pour promouvoir l’activité physique et pour parler de dépression. «Avec l’activité physique, on peut la prévenir», a-t-il avancé.

Si on lui demande la raison de cette marche sur le grand sentier canadien, l’homme répond que le sentier représente beaucoup la vie. «Il fera chaud, il fera froid, il pleuvra, mais le soleil brillera aussi. Comme la vie, ça ira à gauche, à droite, en haut, en bas. Ce n’est jamais toujours beau et toujours droit», a-t-il exprimé avec philosophie.

«Ce qui est intéressant aussi, dans un sentier, c’est que tu ne penses ni à hier, ni à demain. Tu penses à maintenant et tu regardes où tu mets les pieds, car un accident est vite arrivé», a-t-il ajouté.

Inspirée par sa mère qui, malgré les difficultés, n’a jamais abandonné, Jonathan Goulet compte bien parvenir «en un seul morceau», au bout de sa route. «Je suis un guerrier. Et réveillez les guerriers en vous», a-t-il lancé à l’auditoire.

Le Victoriavillois d’origine s’attend à terminer son expédition le 13 novembre 2020, exactement 10 ans après sa retraite de l’octogone.

Jonathan Goulet a également insisté sur l’importance de savoir s’arrêter.

Il regrette encore aujourd’hui ne pas avoir, faute de temps, répondu à un ami qui, deux jours plus tard, s’enlevait la vie. «J’ai réalisé que tout va trop vite, qu’on court après le temps. Il faut profiter du temps, prendre du temps de qualité avec ceux qu’on aime», a-t-il confié.

Une vidéo percutante

Les participants à la soirée ont pu voir, ou revoir, la capsule RESTE, produite par le Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable. «Avec la communauté qui nous appuie, on a pu réaliser ce document pour nos jeunes. On a pu ainsi sensibiliser 2,7 millions de jeunes partout au Québec. Et on va continuer avec cette vidéo qui montre les signes qu’on peut détecter chez un jeune, l’encouragement qu’on peut faire pour qu’il reste avec nous et l’amener vers des services pour qu’on puisse l’accompagner», a exposé la directrice générale qui n’a pas manqué de remercier les gens, la communauté, qui permettent à l’organisme de maintenir la gratuité des services offerts, dont l’intervention téléphonique, l’accompagnement des proches, le soutien aux personnes endeuillées et le service spécialisé pour les jeunes enfants.

Après le souper, les intéressés ont pu se laisser aller à la danse avec la musique du groupe Show U.