Urgences : 1000 patients repartent chaque jour sans être soignés

L’an dernier, près de 380 000 Québécois – soit plus de 1000 patients par jour – sont ressortis de l’urgence d’un hôpital sans prise en charge médicale, montre une publication lancée aujourd’hui par l’IEDM.

«Plus d’un patient sur dix qui se présente à l’urgence renonce à être soigné», souligne Patrick Déry, analyste associé senior à l’IEDM et auteur de la publication. «Pourtant, un cinquième de ces patients avait été classé au triage comme étant un cas «très urgent» (priorité 2) ou «urgent» (priorité 3), ce qui signifie que leur condition pouvait mettre leur vie en danger», ajoute-t-il.

Le dévoilement de ces données, qui proviennent du ministère de la Santé, survient après une période des fêtes encore une fois difficile dans les hôpitaux du Québec. Le taux d’occupation de plusieurs salles d’urgence dépassait les 150% peu après le Nouvel An, certaines ont atteint les 200% et un hôpital de Montréal a même affiché un taux de 250%.

«Un coup de barre doit être donné. Un Québécois sur cinq n’a toujours pas de médecin de famille et près d’un sur trois à Montréal. Les urgences sont la porte d’entrée du système de santé pour de nombreux patients», souligne Patrick Déry, qui rappelle que plus de la moitié (55%) des visites à l’urgence ont lieu pour des conditions qui pourraient être traitées en clinique.

Malgré les sommes considérables – et croissantes – que l’État injecte dans le système de santé chaque année, le temps d’attente stagne ou se détériore : la durée médiane de séjour pour les patients sur civière est la même qu’il y a quinze ans, tandis qu’elle a augmenté de 50% pour les patients ambulatoires.

«Si le gouvernement souhaite voir une amélioration, il n’a d’autre choix que de tout mettre en œuvre pour abaisser les barrières qui empêchent les patients d’accéder aux soins, quitte à déplaire à certains groupes d’intérêts», dit Patrick Déry.

L’élargissement du champ de pratique des professionnels de la santé, notamment celui des infirmières praticiennes et des pharmaciens, pourra faire une différence à court terme. Malgré les récentes avancées, leur autonomie est encore inutilement restreinte.

D’autres mesures, qui auront un impact à plus long terme, peuvent néanmoins être entreprises dès maintenant. De pair avec la réforme du paiement à l’acte des médecins, le gouvernement doit notamment mettre fin aux quotas d’admission en médecine. Il doit aussi profiter de l’implantation prochaine du financement à l’activité des hôpitaux pour confier la gestion de quelques-uns d’entre eux à des entrepreneurs, tout en maintenant le caractère universel de notre système de santé. «La combinaison de l’innovation entrepreneuriale à la couverture universelle des soins de santé a produit de bons résultats dans les systèmes européens. Il n’y a aucune raison de s’en priver ici», conclut Patrick Déry.

Le Point intitulé «Urgences : quand les patients repartent sans être soignés» est signé par Patrick Déry, analyste associé senior à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.

L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques qui compte des bureaux à Montréal, Calgary et Paris. Par ses publications, ses apparitions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes des politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et sur l’entrepreneuriat.