Un employé qui fait partie de la famille depuis 50 ans

Gaétan Proulx n’a que 12 ans lorsqu’il commence à travailler pour Gilles Bergeron, un antiquaire. Quand son patron se lance dans Acier Victoria, il a 14 ans. En octobre 2019, cela faisait 50 ans qu’il travaillait pour l’entreprise victoriavilloise. Et il n’a pas l’intention de partir.

Gaétan Proulx affirme avoir toujours été trop bien traité par ses patrons pour songer à partir. En 1969, quand son nom apparaît sur le premier registre du personnel d’Acier Victoria, un de ses patrons actuels, Marco Bergeron, n’a que 6 mois. «Je l’ai vu quand il se promenait avec sa couche», image le travailleur en souriant. Quand on se connait depuis toujours, les liens s’avèrent profonds. «C’est comme son père. Il est plus qu’un boss, c’est un ami.»

M. Proulx s’affaire d’abord dans l’entrepôt. Il représente l’un des quatre employés de M. Bergeron. «Gilles a acheté un pick-up avec lequel je faisais des livraisons dans les alentours de Victoriaville. J’avais à peu près 16 ans», dit-il. Puis le premier camion laisse la place à un plus gros, tractant une remorque. Son territoire grandit et les véhicules grossissent. Il fait du transport sa carrière. La flotte de la compagnie comprend actuellement 12 camions.

Gilles Bergeron prend sa retraite en 2005. Aujourd’hui, Marco Bergeron et Richard Leclerc tiennent les rênes de l’entreprise, qui compte quelque 60 employés, en plus des 25 de Manu Vic, une branche créée en 1991.

Pour célébrer le jubilaire, on lui a remis un volant en bois, qu’il a installé dans son «truck», mais avec lequel il pourra repartir, le temps venu.

Petits gestes

Gaétan Proulx parle de ses employeurs comme étant des gens qui mettent la main à la pâte. Malgré la croissance d’Acier Victoria, les relations demeurent cordiales.

Si son salaire tournait autour de 1 $ de l’heure, voire moins (il ne s’en rappelle pas exactement), il confirme que sa paie a bien évolué, elle aussi, en 50 ans. Gilles Bergeron se souvient de ce jeune employé taciturne, qui écoutait et travaillait. «Des semaines de 60 heures, il en a fait en masse», observe Marco Bergeron.

Le principal intéressé évoque des repas partagés avec ses supérieurs, sur la route, alors qu’ils se rendaient assister à des encans. «Quand tu finis ta journée, que tu arrêtes souper et que tu te fais payer un bon steak, vous pouvez vous imaginer de quel genre de patron il s’agit», rapporte Gaétan Proulx. Il ajoute à la blague que ces moments peuvent devenir propices à la négociation.

Les petits gestes marquants n’ont pas manqué au fil des années, comme quand on lui a demandé de se choisir un camion à la faveur de ses 40 ans dans l’entreprise. «J’aime aussi les camions, confie Marco Bergeron. On les achète et on les met à notre goût. On le lui a donné le jour de ses 40 ans et je lui avais dit qu’on passerait cette journée ensemble». Lorsqu’ils se rejoignent ce matin-là, le camion brille d’une centaine de lumières et toute l’équipe assiste à l’arrivée de la nouvelle acquisition. Plus tard dans la journée, ils partent en moto.

Cette année, on a pris le soin de procéder au lettrage du véhicule, afin de remercier Gaétan pour ses 50 ans de service.

Mariage

Sa fidélité pour son employeur trouve écho dans une série d’événements, dont son propre mariage. Gilles Bergeron l’y avait reconduit avec son Econoline noire, en 1979.

Entouré de ses deux vieux amis pour participer à cette entrevue, Gaétan Proulx se rappelle d’anciens collègues de travail et de ses meilleures années, alors qu’ils participaient à des encans. «Chaque fois, c’était une école, parce qu’on apprenait de nouvelles choses», note-t-il.

Depuis le 1er janvier, M. Proulx se rend au travail seulement trois jours par semaine. La retraite ne s’inscrit toujours pas au menu. «Comme j’ai dit à ma femme, si un matin elle me voit revenir à la maison, c’est parce que j’aurai décidé de m’en aller.»

Pourquoi quitter un métier pour en exercer un autre ailleurs? «Quand on est bien, pourquoi s’en aller?», conclut-il.