Se reconstruire, après le deuil

Laurie Dubois a 25 ans lorsque décède son conjoint des 10 dernières années. Plus d’un an a passé et elle a accepté de parler de son expérience et de sa décision de se tourner vers le bonheur.

«J’ai commencé à sortir avec lui quand j’avais 15 ans. On a toujours été ensemble», partage Laurie Dubois. À la fin de l’année 2017, elle vit à Princeville avec son amoureux, Mathieu Nault. Ce dernier travaille comme chef cuisinier à Warwick, tandis qu’elle s’occupe de leurs deux enfants à la maison.

Un jour, M. Nault constate avoir de la difficulté à avaler, à boire et à manger. Il pense à une amygdalite. Le premier médecin lui dit qu’il s’agit de champignons et lui prescrit des antibiotiques. Mais sa situation se détériore. Cette fois, il subit une gastroscopie. Il apprend, en février 2018, qu’il a affaire à un cancer de l’œsophage de stade 4. D’autres examens révèlent des métastases au foie.

Il quitte son emploi et le couple vend la maison pour arriver à joindre les deux bouts et diminuer son fardeau financier. Les parents de Mathieu Nault accueillent la petite famille chez eux.

Les traitements de chimiothérapie n’auront que peu de bienfaits sur l’homme de 25 ans, qui succombe à la maladie en novembre 2018.  «Il était positif. Il voulait vivre. La chimio a aidé le premier mois, mais ensuite, ça ne faisait plus rien. Il y avait beaucoup d’effets secondaires», raconte-t-elle.

Grand vide

«Au départ, j’avais des craintes. Je me disais que ce ne serait pas facile de me retrouver seule, à 25 ans, avec deux jeunes enfants. À ce moment-là, Édouard avait 3 ans et Kamélia, 6 ans. J’avais peur. Je me demandais si je pourrais subvenir à mes besoins, si je craquerais», se rappelle-t-elle. Puis, elle décide d’utiliser son expérience comme tremplin pour se projeter dans l’avenir. «J’ai commencé à voir la vie autrement, puis je me suis dit que je ne devais pas m’apitoyer, qu’on en ressortirait plus fort.»

Puisqu’elle vit chez les parents de Mathieu, Laurie considère rapidement l’achat d’une maison. Elle et ses enfants aménagent à Warwick en mai 2019. Elle souligne que le soutien de sa famille et de celle de Mathieu a joué un rôle rassurant. «Avec les enfants, pas facile de tomber toute seule. Il y a aussi la maison à s’occuper. J’ai eu la chance d’avoir une famille pour m’aider», indique-t-elle.

Les petits ont dû apprendre trop tôt ce que constitue la perte d’un parent. Son aînée pose davantage de questions. «Elle se demandait d’où venait la maladie et si ça m’arriverait à moi aussi. Et si j’attrapais la grippe, est-ce que j’étais pour mourir?» La jeune maman rassure ses enfants sur sa santé et leur explique qu’elle ne partira pas. En outre, elle fait appel aux services du Centre local de services communautaires (CLSC) afin qu’ils rencontrent des professionnels qui les accompagnent dans l’épreuve et les amènent à trouver des réponses à leurs questions. Car papa ne reviendra pas.

«Mais moi, je ne voulais rien savoir de ça. J’étais bornée. Je me disais que je m’en sortirais seule et je ne voulais pas en parler à personne. Je continuais, j’avançais et j’ai fait mon deuil moi-même», confie-t-elle.

L’entourage fait du bien. Laurie voit sa mère presque tous les jours et vit avec sa sœur. «Papa n’est pas là, mais ils s’attachent à leurs grands-parents.»

Le premier Noël et les premiers anniversaires paraissent bien différents, note Laurie. Puis la douleur s’estompe. «J’ai appris beaucoup de choses à travers les épreuves et je me sens plus forte aujourd’hui. Ça a été dur à accepter, mais il faut aimer la vie, en profiter et la voir d’une autre manière», signifie-t-elle.

Le deuil lui a enseigné à s’imprégner du présent et à ne pas regretter le passé. «Je dois avancer. Je suis jeune et ça ne donne rien de tout le temps repenser à ça. Je dois continuer à grandir.»

Rebâtir

Depuis peu, Laurie Dubois a retrouvé l’amour. «On en est au début, mais ça va bien. C’est le fun de retrouver cette part de bonheur. Il faut se rebâtir une vie, sans culpabiliser.»

Le temps guérit tous les maux. Car, encore récemment, elle avait peur du jugement des autres. «Mais nous avons tous le droit à avoir une belle vie», plaide-t-elle.

Celle qui occupait le poste de maman à la maison a gagné le marché du travail dernièrement, à temps partiel. «Ça fait du bien de sortir de la maison», convient-elle. Laurie songe aussi aux études. À 26 ans, elle sait que toutes les voies s’offrent à elle. L’été dernier, elle a acquis un motorisé pour savourer la belle saison en famille. «On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, alors on en profite au max», conclut-elle.