Entropie : une expo techno et pleine de sens

Dès le 8 janvier, les gens sont invités à venir découvrir l’exposition intitulée «Entropie» de l’artiste Paolo Almario, présentée au centre d’art Jacques-et-Michel-Auger du Carré 150 de Victoriaville.

Lors du montage, une rencontre avec l’artiste a permis d’en apprendre davantage sur cette intrigante exposition, dont le vernissage est prévu pour le 17 janvier. Il s’agit d’une œuvre interactive qui demande la présence du visiteur et son interaction pour mettre le dispositif en action. «L’œuvre se complète lorsqu’on agit avec elle. Elle a besoin du visiteur pour qu’elle se déclenche et que l’expérience esthétique arrive jusqu’au bout», a-t-il expliqué.

Dès son entrée dans la galerie d’art, le visiteur se retrouve devant quatre panneaux, de taille humaine, formés de 4800 petits éléments individuels. La salle est séparée en deux, le côté habitable et l’autre où se retrouve tout le matériel informatique (parce qu’il s’agit d’une installation très technique et sophistiquée). «Tout l’espace est navigable puisque je préfère ne rien cacher. Toute la mécanique est dévoilée. Il n’y a pas de magie. Seulement du numérique mis au service de l’art», note-t-il.

Les panneaux deviennent le canevas et reproduisent le visage du visiteur, détecté par une webcam. Quand on entre, au loin, on ne verra rien. Il faut vraiment se mettre devant pour que le visage soit capté et projeté sur l’écran, devenant ainsi un genre de miroir en temps réel.

Derrière chaque panneau, un cadre est accroché, dirigeant une machine qui aléatoirement se déclenche lors des interactions. Alors, le moteur va se déplacer et faire tomber un petit carré. «Tant qu’on interagit, la machine va se déclencher et on verra le visage se déconstruire», explique l’artiste. Ainsi, il s’agit d’une exposition évolutive, si bien qu’à la fin, il n’y aura plus de photos. Tout sera défait.

Mais il faut des visiteurs, sinon rien ne bouge. Même chose pour la déconstruction qui nécessite impérativement l’interaction avec la machine. L’artiste travaille en installation, ce qui lui permet d’exprimer certaines inquiétudes qui lui viennent de sa formation en design et architecture. C’est d’ailleurs lors de cette formation, dans son pays d’origine (la Colombie), qu’il a découvert les différentes technologies, avant de venir au Québec pour une maîtrise en arts. «Ce qui me permet de faire ce que je n’aurais pas pu faire en architecture» apprécie-t-il.

En ce qui a trait à ses préoccupations, elles concernent l’identité et l’espace qu’on habite et qui vient consolider cet espace identitaire. Un intérêt qui lui vient aussi d’un système sociopolitique instable (comme dans son pays d’origine) qui fait que, lors de tout acte de menace ou de rébellion, ce sont les infrastructures (les maisons et tout ce qu’on construit pour habiter) qui sont touchées. «Cela vient jouer dans notre identité qui est affectée par ces actes. C’est de là que je déconstruis mon travail», souligne-t-il.

Cela amène les visiteurs à se poser des questions sur leur processus de consolidation identitaire. «Il faut se demander comment la technologie, l’entropie universelle, notre identité est toujours compromise, changeante et en transformation», ajoute l’artiste.

Quant à l’entropie, Paolo a rappelé que la matière qui compose nos corps est toujours à mourir, mais est constamment régénérée. Cela fait en sorte, et les études le démontrent, qu’en sept à dix ans, toutes nos cellules seront disparues et auront été remplacées. «Est-ce que cela fait qu’à un moment on est plus la même personne?»

Une exposition qui offre de larges pistes d’interprétations et qui est propice à des discussions intéressantes et qu’on peut visiter jusqu’au 1er février.