Il délaisse la présidence, mais pas l’AQANU

Il en assumait la présidence depuis cinq ans. Mais, au début du mois de décembre, il a cédé son siège. Le Victoriavillois Reginald Sorel ne quitte cependant pas l’AQANU, l’Association québécoise pour l’avancement des Nations Unies, qu’il a jointe il y a une douzaine d’années. Cette organisation se consacre à la promotion de la solidarité et du développement durable en Haïti.

Reginald Sorel en compagnie de Grégoire Ruel, natif de Sainte-Sophie-d’Halifax, qui a présidé l’assemblée générale annuelle de l’AQANU au début de décembre. (Photo gracieuseté)

L’an dernier, Reginald Sorel avait prévenu les membres de son organisation de son intention de ne pas solliciter un nouveau mandat à la présidence. «Comme dans toute organisation, je pense qu’il est sain que ça se renouvelle, que ce ne soit pas toujours les mêmes personnes aux mêmes postes», souligne-t-il, tout en avouant une baisse de motivation, surtout pour le volet de la représentation. «Je suis davantage un gars de terrain. Je suis soulagé de délaisser cet aspect», note-t-il.

Reste que, comme président, croit-il, il a su mener le navire, tel un bon capitaine, mettant à profit ses capacités d’organisation et de faire travailler les gens ensemble. Son successeur a été désigné. Le Dr Emilio Bazile, un médecin psychiatre, qui occupait la vice-présidence, prend donc la relève de Reginald Sorel pour un mandat de deux ans.

Actuellement, six membres composent le conseil d’administration. Un septième siège devrait être comblé. «Et pour la première fois en 47 ans d’existence, en grande majorité, le CA se compose, cinq membres sur six, de personnes d’origine haïtienne», fait remarquer le Victoriavillois.

Un membre de la région Bois-Francs, Richardson Eugène, effectue un retour au CA, lui qui avait déjà rempli un mandat avant de quitter pour des raisons professionnelles. Une autre figure de la région, Jean-Pierre Lockhead, qui agissait comme secrétaire, vient de laisser sa place.

L’AQANU, signale Reginald Sorel, est portée par des bénévoles engagés. «Nous sommes une organisation où les gens militent depuis longtemps. Dans les fonctions administratives, les personnes y sont depuis un bon moment. C’est ce qui fait, je crois, que l’organisation perdure depuis 47 ans», avance-t-il. L’organisme gère un budget d’environ 90 000 $.

«Ça exige de l’engagement, mentionne Reginald Sorel. L’association se compose de jeunes retraités qui ont du temps, 14, 20, 25 heures à consacrer, mais aussi de personnes qui travaillent. C’est de trouver un équilibre entre les gens au travail et les jeunes retraités qui mettent beaucoup de temps.»

La motivation constitue aussi une qualité essentielle pour œuvrer au sein du groupe. «Ça prend des gens motivés pour travailler avec nos partenaires haïtiens. C’est une autre culture, cela engendre parfois de l’incompréhension. Il faut aussi une ouverture, de part et d’autre, indique le président sortant. Puis un engagement est nécessaire pour accomplir une tâche.»

Toujours actif

Au sein de l’AQANU, un président sortant demeure conseiller auprès du conseil d’administration pendant un an. Ce que fera Reginald Sorel. «Sans droit de vote, je participerai aux réunions du CA et je m’impliquerai assurément dans différents dossiers tout au cours de l’année. Donc, pour moi, c’est un retrait de la présidence, mais non pas un départ de l’AQANU», assure-t-il. L’homme de 73 ans maintiendra son action au plan national, mais compte aussi mettra l’accent sur le travail local. «Depuis le départ de Ricardo (Dorcal) il y a quelques années, l’organisation dans la région demeure fonctionnelle, mais elle est moins visible. On sent moins d’engagements de la population.»

Au plan national, deux projets tiennent à cœur à celui qui visite régulièrement Haïti depuis 2005. «Je veux continuer de travailler à la pérennité de l’école Gallagher (inaugurée en novembre 2014) et à trouver des moyens de financement», indique M. Sorel. La survie de l’AQANU préoccupe aussi le septuagénaire soulignant la mise en place, il y a deux ans, d’un comité de pérennité. «C’est un défi de recruter, d’intégrer de nouvelles personnes. Les quatre régions de l’AQANU au Québec (Bois-Francs, Granby, Montréal et Gatineau) font face à ce même défi», observe l’ex-président.

En plus de l’AQANU, Reginald Sorel collabore aussi avec la CSQ (Centrale des syndicats du Québec) pour des projets en Haïti. «J’ai hâte de pouvoir y retourner. Mais pour l’instant, c’est impossible. C’est trop dangereux en raison de l’instabilité sociale et politique. Mais comme on travaille des projets à moyen et long terme, il n’y a pas toujours urgence d’être sur place», fait-il savoir.

Un conseil d’administration composé presque exclusivement de Québécois et Québécoises originaires d’Haïti : dans l’ordre, Louis Jocelyn, Marie Lissa Guérin, le nouveau président Emilio Bazile, Danielle Massicotte, Jean Emmanuel Léon et Richardson Eugène. (Photo gracieuseté)

Des faits marquants

Pour celui qui a officiellement intégré l’AQANU après sa retraite du Cégep de Victoriaville à l’âge de 61 ans, le séisme majeur d’il y a 10 ans, le 12 janvier 2010, constitue  le fait marquant. Pour lui, mais aussi pour l’AQANU et pour tous les partenaires. «On en ressent encore les séquelles, confie-t-il. Les projets qu’on a élaborés depuis 10 ans ont été déterminés par la façon dont ils ont vécu le tremblement de terre.»

Ce qui marque aussi le plus Reginald Sorel, c’est la survie de l’AQANU depuis près d’un demi-siècle. «L’engagement, je dirais même la dévotion des gens, m’impressionne. C’est remarquable le travail des gens dans la région, au Québec, mais aussi l’engagement de nos partenaires en Haïti qui travaillent pour le bien-être du peuple. Il est intéressant d’oeuvrer avec des gens comme eux, des personnes qui ne sont pas corrompues.»