Les démunis doivent faire des choix déchirants

La traditionnelle campagne de cartes de Noël du Collectif pour un Québec sans pauvreté frappe fort à l’approche de la période des fêtes et met en lumière le casse-tête insoupçonné que représente la pauvreté et les choix déchirants des personnes en situation de pauvreté.

À travers des activités d’animation et de sensibilisation, notamment auprès des députés de la région, ainsi que sur les réseaux sociaux, les quatre cartes de l’illustratrice Élise Gravel circulent partout au Centre-du-Québec.

L’équipe de l’AGÉPA, plusieurs de ses groupes membres, ainsi que les organismes alliés dans la lutte contre la pauvreté multiplient les occasions de réflexion autour du thème «Être pauvre, c’est toujours un casse-tête». Ne pas avoir les moyens de se loger, de se nourrir et de se déplacer implique notamment de vivre dans des conditions de vie préjudiciables à la santé.

Bien que le mois de décembre soit l’occasion pour plusieurs de pratiquer la charité et de faire montre d’une grande générosité envers les personnes les plus démunies, il n’en reste pas moins que «ce n’est qu’un diachylon sur une plaie béante. La pauvreté, ce n’est pas un choix. Une personne sur cinq aura recours à une aide alimentaire au moins une fois dans sa vie», déplore le coordonnateur de l’AGÉPA Centre-du-Québec, François Melançon.

La pauvreté sévit à longueur d’année. La bienveillance individuelle de décembre ne saurait suffire. Elle soulage momentanément. «Après la solidarité du temps des fêtes, les personnes en situation de pauvreté se retrouvent isolées. La pauvreté demeure et les préjugés à l’égard des plus démunis sont bien ancrés dans le discours ambiant. Ils provoquent de la souffrance et de l’anxiété chez les personnes victimes d’exclusion sociale. Ils nuisent au développement de relations sociales égalitaires et stimulantes, un élément essentiel pour vivre en société», rappelle-t-il.

Les cartes du Collectif pour un Québec sans pauvreté en appellent, une fois de plus, à la volonté politique d’éliminer la pauvreté. Il est primordial de rappeler aux députés leurs responsabilités face à la pauvreté et l’exclusion sociale. «Pour éliminer la pauvreté, il faut des politiques gouvernementales structurantes», précise Anne Lamothe, nouvelle adjointe aux luttes sociales et à la vie associative de l’AGÉPA Centre-du-Québec. «Ces politiques doivent s’attaquer aux causes mêmes de la pauvreté. Il faut travailler en amont, faire de la prévention. Et nos gouvernements en ont les moyens. Il leur manque seulement la volonté», souligne-t-elle.

Les questions que soulèvent les cartes de Noël, cette année, ne font pas l’unanimité : partir trois jours en vacances ou rembourser sa carte de crédit? aller chez le dentiste ou inscrire le petit au camp de jour? payer la sortie scolaire des enfants ou remplacer leurs bottes d’hiver? faire réparer ses lunettes ou mettre de l’argent de côté? «Être pauvre» pousse les plus démunis à faire face à des dilemmes ou les choix ne sont pas réels, mais quasi imposés. Dans un contexte où la classe moyenne s’appauvrit toujours davantage et l’endettement atteint des sommets, ces questions touchent un plus grand nombre de personnes année après année.