Restauration : offensive pour contrer la pénurie de main-d’oeuvre

Des intervenants s’unissent dans une offensive pour contrer l’épineux problème de la pénurie de main-d’œuvre dans le monde de la restauration. Une action qui consiste en une formation menant à une attestation d’études professionnelles (AEP) en cuisine de chaînes de restaurants, en alternance travail-études.

Réunis autour d’une même table, Annie Verreault, coordonnatrice aux commerces et services à la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR), Denis Beaudoin, commissaire au développement économique à la Ville de Plessisville, et Vincent Blais, gestionnaire de projets au Service aux entreprises (SAE) Centre-du-Québec, dressent un même constat : l’urgence d’agir.

«Quand on en arrive, pour certains établissements, à une rupture de service, c’est qu’on a atteint un point critique. Que fait un client quand tu n’es plus en mesure d’offrir le service? Il va ailleurs. On est en train de tuer des commerces», expose Annie Verreault.

«Cette situation se vit partout au Québec. Il faut faire quelque chose», renchérit Denis Beaudoin.

D’autant plus que de nouveaux restaurants ouvrent leurs portes ces temps-ci dans les MRC d’Arthabaska et de L’Érable. L’arrivée de nouveaux joueurs cause des problèmes à certains établissements qui voient partir des employés au profit de compétiteurs.

Pour s’attaquer à la problématique, il ne faut pas compter, pour le moment, sur la formation DEP (diplôme d’études professionnelles) en cuisine dispensée au Centre de formation professionnelle André-Morissette de Plessisville puisqu’elle est suspendue, faute de candidats.

«Leur nombre a chuté de 15 candidats en 2018 à 4 inscriptions en 2019», note Vincent Blais.

C’est de ce vide laissé par le DEP qu’a germé l’idée de l’AEP. «On a convenu d’utiliser les installations libres pour faire quelque chose et en arriver avec une formation plus courte totalisant 465 heures échelonnées sur cinq mois», précise M. Blais.

Les intervenants misent sur cette plus courte durée, sur des critères d’admission moins rigoureux que pour le DEP et sur un stage hebdomadaire en établissement pour intéresser les candidats. «On espère recevoir beaucoup d’inscriptions, indique Vincent Blais. Cette formation permettra de pourvoir rapidement aux besoins de la région.»

L’AEP formera, non pas des chefs, mais des aides-cuisiniers. «Il y a davantage de demandes de ce côté. Chaque restaurant a bien souvent un chef, mais trois ou quatre aides-cuisiniers, sinon davantage», mentionne Denis Beaudoin.

Ce qui est intéressant, ajoute-t-il, c’est qu’une semaine type propose trois jours de cours théoriques et deux jours de stage en entreprise. «Sur les 465 heures de formation, les candidats passeront 170 heures dans un établissement», souligne Vincent Blais, ajoutant que le cours est bien encadré par l’enseignant qui se déplacera en milieu de stage. «Il y a des objectifs à atteindre, différentes compétences à développer», spécifie-t-il.

Parce que, dans une cuisine, signale Annie Verreault, un aide-cuisinier a un important rôle à jouer. Il doit être en mesure d’épauler le chef.

Par ailleurs, les entreprises, qui accueilleront des stagiaires, doivent manifester un bon intérêt. «Les entrepreneurs doivent s’en occuper. On ne veut pas que le stagiaire se retrouve dans une cuisine à couper des oignons toute la journée», soulève Denis Beaudoin.

Les intervenants insistent aussi sur le fait que l’AEP s’avère accessible. «C’est ouvert à tous, à n’importe qui ayant de l’intérêt, ayant le goût de ce domaine, mais qui ne souhaite pas se lancer dans une formation qui va perdurer. L’AEP constitue une porte d’entrée qui permet d’arriver rapidement sur le terrain et de vivre sa passion», plaide Annie Verreault.

Le principe d’alternance travail-étude fournit l’occasion aux intéressés d’essayer.

Établissements sollicités

Les intervenants ont déjà approché de nombreux acteurs concernés. Une première rencontre a déjà été tenue. Une autre figure à l’agenda, lundi matin. On s’attend à ce que le nombre d’établissements désireux de recevoir un stagiaire soit plus important que le nombre de candidats.

La formation, qui débutera en février pour se terminer en juin, peut recevoir un maximum de 24 candidats. S’il n’y avait que huit personnes, par exemple, on démarre le groupe.

Cette attestation d’études professionnelles, qui se donne dans d’autres régions, constitue une première chez nous. Pour Suzie Hamel, propriétaire du restaurant L’Olive Rouge du centre-ville de Victoriaville, cela représente une avenue intéressante. Elle lève la main pour accueillir un stagiaire, elle qui a vécu une crise en juin, l’obligeant à une fermeture de quelques jours et à une réduction des heures d’ouverture. «Je mise sur cette formation pour nous aider. Il nous manque toujours un cuisinier. Nous sommes prêts à faire vivre l’expérience à un stagiaire, à lui faire vivre le stress du travail en cuisine, la pression que tous ne sont pas en mesure de supporter. Notre chef se dit prêt également à transmettre son savoir, à prendre le temps de former les gens», exprime Suzie Hamel.

La formation proposée ne mène pas qu’à un travail dans un restaurant, parce que bien d’autres types d’établissement ont besoin d’aides-cuisiniers, les résidences pour aînés, les centres de la petite enfance, les services de traiteur et autres. «Partout où il existe une offre alimentaire, il y a une pénurie de main-d’œuvre», observe Annie Verreault.

C’est au retour des Fêtes que s’entamera le processus d’inscription. Les intéressés doivent s’adresser au Service aux entreprises qui possède des bureaux à Victoriaville, Nicolet et Drummondville.

On peut s’informer sur le site Internet de l’organisme à l’adresse LeSAE.CA. Il est aussi possible de joindre Vincent Blais au 1 855 221-3315, poste 6193 ou par courriel à vblais@lesae.ca.